HUGO BARRETTE

Le miraculé madelinot aux JO

À la fin d’octobre, Hugo Barrette était dans un lit d’hôpital en Colombie, heureux d’être encore en vie. Nez et vertèbres fracturés, cou luxé, cerveau commotionné, le cycliste sur piste avait évité le pire après avoir défoncé une barrière d’acier lors d’une chute à l’entraînement. S’estimant chanceux dans les circonstances, il avait promis de revenir plus fort.

Moins de trois mois plus tard, après une guérison presque miraculeuse, Barrette a décroché son premier podium en Coupe du monde, terminant deuxième de l’épreuve de keirin, samedi, à Hong Kong.

Avec les points amassés, il a assuré sa place pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro avant même la tenue de la dernière épreuve de qualification, les Championnats du monde de Londres, du 2 au 6 mars.

À moins d’un incident, il deviendra donc, l’été prochain, le premier athlète des Îles-de-la-Madeleine à prendre part aux JO.

« Depuis que je suis sorti de l’hôpital, après 10 jours dans un lit sans bouger, je n’ai qu’une chose en tête : gagner, gagner, gagner. Mais maintenant que la performance est faite et que j’y repense, c’est étrange, je ne te le cacherai pas », a raconté Barrette à son retour de Hong Kong au début de la semaine.

Le pistard de 24 ans est persuadé que son accident, aussi dramatique fût-il, lui a finalement été profitable. Dès son retour à l’entraînement, environ trois semaines plus tard, l’échéance de la qualification olympique l’a astreint à une concentration de tous les instants.

« Tu ne sais jamais si tu vas revenir au sommet. […] Je me mets tellement de pression sur les épaules. Je me réveillais le matin et c’était une question de vie ou de mort. Chaque entraînement, chaque départ compte. En deux mois et demi, j’ai accompli ce que j’aurais normalement fait en cinq, six mois. »

REDOUBLER D’ARDEUR

Treizième pour son retour à la Coupe du monde de Cambridge, en Nouvelle-Zélande, au début de décembre, il a senti le besoin de redoubler d’ardeur alors que le plan de préparation prévoyait une semaine de récupération. Il s’est rendu en Floride pour un stage personnel sur un vélodrome extérieur. La surface bétonnée de la piste exige un surcroît de dépense énergétique par rapport aux planches.

« Sur du bois, tu peux aller très vite avec 90 % d’effort, tandis que sur le béton, ça ne ment pas. Si tu ne fais pas l’effort au complet, tu ne vas juste pas vite. Il y a plus de résistance. »

— Hugo Barrette

La Fédération québécoise des sports cyclistes a financé le projet, déléguant son entraîneur-chef route et piste, Pascal Choquette. « J’en avais besoin, ils le savaient et ils ont été là pour moi, a souligné Barrette. Je me compte vraiment chanceux parce qu’il n’y a pas d’autres provinces qui auraient fait ça pour un coureur. »

Ce podium en Coupe du monde, qu’il sentait venir depuis ses trois médailles aux Jeux panaméricains de Toronto l’été dernier, a eu un effet « libérateur ». Se disant remis à « 98,99 % » de son accident, Barrette se félicite d’avoir eu les jambes pour courir « devant », un peu à la manière du Britannique Chris Hoy, cycliste le plus décoré de l’histoire olympique. En finale, seul le Néerlandais Matthijs Buchli l’a devancé de 12 millièmes de seconde.

« C’est vraiment motivant de réussir ça l’année olympique, note le natif de Cap-aux-Meules. Tout le monde est là et veut gagner. Ça me dit que je peux bien faire aux Jeux olympiques. »

Indélogeable au keirin, où il pointe au septième rang du classement olympique, Barrette n’a plus grand espoir de se qualifier au sprint individuel. Stoppé dès les seizièmes de finale à Hong Kong, il occupe actuellement la 31e position.

Pelletier-Roy

Si Hugo Barrette peut déjà penser à Rio de Janeiro, son compatriote Rémi Pelletier-Roy se retrouve dans une position beaucoup plus précaire. Victime d’une fracture de la clavicule une semaine avant la Coupe du monde de Cali, en octobre, le spécialiste de l’omnium a terminé 16e en Nouvelle-Zélande et à Hong Kong. Si le processus se terminait aujourd’hui, l’étudiant en médecine serait aux Jeux. Mais l’émergence inattendue d’Artyom Zakharov menace sa place. Troisième à Hong Kong, le Kazakh lui souffle maintenant dans le cou. « Ça sort un peu de nulle part, je ne l’ai pas vu venir, a commenté Pelletier-Roy. C’est assez impressionnant comme performance. » Tandis que Zakharov pourra améliorer son sort aux championnats asiatiques, à la fin du mois, le Québécois se concentre sur les Mondiaux de Londres, où tout se décidera. « C’est plate à dire, mais il faut qu’il arrive quelque chose à quelqu’un [pour que je me qualifie]. C’est un sport compliqué, beaucoup de choses peuvent arriver. Je garde donc le moral et je veux bien faire aux Mondiaux, qui seront mes premiers. »

Trois places sur route

Sur route, les nouvelles sont bonnes pour Hugo Houle, Antoine Duchesne et Guillaume Boivin : le Canada bénéficiera de trois places pour la course masculine à Rio (contre deux pour les États-Unis). Aux JO de Londres, en 2012, Ryder Hesjedal, fraîchement auréolé de son titre au Giro, avait été l’unique représentant unifolié. Au contre-la-montre, un seul Canadien prendra le départ. Il devra s’aligner aussi à la course sur route, dont le parcours sera très sélectif. Cela pourrait avantager Houle par rapport à l’inusable Svein Tuft.

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