Arts visuels

Ouvrir les yeux

La Maison de la culture Maisonneuve présente jusqu’au 16 février l’exposition Dessiller de l’artiste Sylvie Cotton, qui nous ouvre les yeux sur la fin de vie des aînés.

Sylvie Cotton a effectué une résidence de huit semaines au Centre d’hébergement de la Maison-Saint-Joseph à la fin de 2013. Elle en est revenue avec une matière étonnante dont l’exposition Dessiller est la trace.

Quelques artefacts seulement. Un journal de bord, des photos et dessins, ainsi que des objets-métaphores posés sur des socles religieux. Un climat de recueillement, de réflexion face à la mort.

Au CHSLD, Sylvie Cotton a transformé une ancienne salle de couture en atelier. Les résidents étaient libres d’aller la voir. L’artiste y était entourée de rubans et de fils qu’elle a réutilisés pour Dessiller.

Sylvie Cotton a été touchée par ce qu’elle a vu, ce qu’elle a ressenti au contact des personnes âgées.

« J’ai voulu tendre une main, une oreille, être un cœur et des poumons. J’y ai compris que chaque moment est précieux », explique-t-elle.

L’art action tel qu’elle le pratique amène Sylvie Cotton à la rencontre de l’autre. Mais pas nécessairement dans le but de transformer les gens desquels elle prend la main.

« Il s’agit d’être là, être en relation, créer un lien, composer avec ce qui est là au lieu de l’arranger et de le manipuler », dit-elle encore. 

L’artiste explore de nouvelles « façons d’approcher et de contempler la mort », mais cette résidence aura été féconde de vie. On peut le lire dans son journal de bord et le voir dans ses créations.

« Ce sont eux qui m’ont donné l’envie d’explorer de nouvelles façons de dessiner, par exemple. En rencontrant quelqu’un, on se reconnaît soi-même », croit-elle.

Il ne faut pas chercher de message politique ou polémique dans le travail de Sylvie Cotton. Son œuvre éphémère ne représente en rien une critique envers le personnel débordé des CHSLD, tout au plus une réflexion sur les processus de fin de vie.

L’art a toujours été une question relationnelle pour celle qui préfère être reconnaissante que reconnue. 

« Quand j’ai commencé, j’ai voulu rapprocher l’art et la vie. On n’est jamais seul, même en atelier. L’art est toujours le fruit d’une rencontre entre une œuvre et un public. »

Cette rencontre fera l’objet d’une table ronde qui s’annonce des plus intéressantes le 13 février. L’artiste y sera en présence d’Adriana de Oliveira, de l’organisme Turbine, spécialisé en résidences d’artistes dans les écoles, et de Serge Marchetta, de C2S arts et événements, organisme de médiation culturelle dans Hochelaga-Maisonneuve.

À la Maison de la culture Maisonneuve jusqu’au 16 février ; table ronde le 13 février.

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