Pénurie de main-d’œuvre  Vente au détail

6000 postes à pourvoir

Les détaillants n’échappent pas à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit au Québec. Pour combler tous les besoins, pas moins de 6000 postes de commis-vendeurs devraient être pourvus. C’est sans compter les quelque 250 emplois assortis d’un salaire de plus de 50 000 $ qui cherchent preneur depuis plus de trois mois.

Ce n’est pas pour rien que l’enjeu de la main-d’œuvre sera au cœur de la prochaine grand-messe annuelle des détaillants qui se tiendra la semaine prochaine.

« Ça limite la croissance de certains détaillants. Ça va sûrement réduire les heures d’ouverture. Ça met de la pression sur la masse salariale », énumère Léopold Turgeon, PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), en citant des chiffres provenant d’Emploi Québec et de Jobillico.

Jusqu’ici, aucune fermeture de commerce ou réduction significative des heures d’ouverture n’a été relevée, comme ce fut le cas en restauration.

Il faut dire que dans les centres commerciaux, il est impératif de suivre les heures d’ouverture imposées.

Mais la pression est tout de même très forte, jure M. Turgeon. C’est le cas notamment pour les pharmacies, puisque leurs heures d’ouverture sont très longues.

Pendant encore 10 ans

On se rappellera que l’automne dernier, le propriétaire des boutiques Chocolats Favoris, Dominique Brown, a dû « faire de la caisse » un soir de semaine à sa succursale de l’avenue Cartier, à Québec, faute de personnel. « Combien de CV vous pensez qu’une compagnie aussi connue que Chocolats Favoris reçoit à Québec ? Sept. Oui, oui, sept. Même pas 10. Imaginez les plus petits commerçants… » avait-il alors écrit sur sa page Facebook.

Pour le moment, il n’y a que des « cas isolés », convient M. Turgeon, mais « ça va aller en augmentant et on va être là-dedans pendant un bon 10 ans ».

L’enjeu est assez important pour que Chantal Glenisson, ex-PDG de l’Aubainerie et ex-haute dirigeante de Walmart Canada, travaille deux jours par semaine avec le CQCD pour aider les détaillants dans le recrutement et la rétention de personnel.

En outre, un Accélérateur de carrière au détail (ACAD) a été lancé par le CQCD en partenariat avec la direction régionale de Services Québec de l’Île-de-Montréal et le site de recrutement en ligne Jobillico. Son premier projet est l’organisation d’une journée de recrutement qui aura lieu le 19 mars (au Palais des congrès) et à laquelle 20 détaillants participeront.

D’autres causes aux problèmes

Le faible taux de chômage n’est pas la seule cause du problème de pénurie dans le secteur de la vente au détail.

Pour certains types d’emplois –  principalement en informatique, gestion des données, programmation, gestion de contenu –, la vente au détail « se bat contre les géants du web qui ont les moyens de payer 25 ou 35 % de plus », dit Léopold Turgeon.

La concurrence est féroce, poursuit-il, puisqu’il y a « 300 entreprises de technologie à Montréal » et que certaines bénéficient d’un crédit d’impôt sur leur masse salariale qui vient accentuer le problème.

« On recrute. Mais retenir, c’est une autre affaire ! » lance Léopold Turgeon.

« Les flèches arrivent des deux bords »

Les détaillants doivent aussi composer avec des défis environnementaux qui n’auraient pas été abordés il y a quelques années dans un congrès.

« Les flèches arrivent des deux bords. Des consommateurs et des médias », dit Léopold Turgeon, qui a invité Jean Lemire à prendre la parole au Sommet.

Le suremballage des produits est assurément au sommet de la liste des préoccupations. Mais les détaillants doivent aussi composer avec d’autres enjeux au cœur de l’actualité : production polluante des vêtements, obsolescence programmée, destin des vêtements invendus, distribution du Publisac, pollution engendrée par le transport des marchandises, etc.

« On n’est pas fous ! On est conscients des enjeux, fait valoir le grand patron du CQCD. On est prêts à cheminer et on participe déjà à plein de choses. » Il donne l’exemple de détaillants comme Lowe’s et TJX (Winners) qui, à leur siège social, ont pris toutes sortes de mesures pour réduire leur empreinte écologique.

L’automne dernier, le géant Aldo a annoncé être devenu la première entreprise au monde de l’industrie de la chaussure certifiée carboneutre. Son PDG David Bensadoun avait alors expliqué que c’était autant important pour les employés que pour les clients.

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