Les expatriés de la retraite

L’oasis mexicaine des retraités étrangers

La plupart du temps, c’est la famille ou les problèmes de santé qui ramènent au Québec les retraités vivant à l’étranger depuis plusieurs années.

Pierre Huot, lui, est revenu du Mexique après neuf ans parce que sa conjointe était de plus en plus indisposée par les allergies. Les plantes et les fleurs à longueur d’année, c’est bien beau, mais que voulez-vous, ça dégage du pollen.

Autrement, le couple filait le parfait bonheur au bord du lac Chapala, une oasis où sont établis près de 15 000 expatriés des quatre coins de l’Amérique du Nord qui cohabitent harmonieusement avec la population locale.

« Il y a des gens de partout : Terre-Neuve, Boston, Alabama, Toronto. Le problème, c’était de pratiquer notre espagnol parce qu’on parlait toujours en anglais ! », rigole M. Huot.

Le retraité de l’usine d’IBM à Bromont avait découvert l’endroit par pur hasard, en 2007, lors d’une virée en véhicule motorisé, lui qui avait arpenté l’Amérique du Nord pendant six ans avec sa conjointe.

L’année suivante, le couple nomade a décidé de fixer ses pénates au bord du lac Chapala, situé à environ une heure de Guadalajara, la deuxième ville du pays en grandeur. L’étendue d’eau de 80 km est bordée de villages typiquement mexicains, très tranquilles et sécuritaires, contrairement à d’autres régions du Mexique.

Mais c’est surtout le climat exceptionnel qui charme les retraités.

« La température annuelle moyenne est de 24 degrés. L’hiver, ça baisse à 21, l’été ça monte à 30. Mais comme l’altitude est de 1500 m, c’est très sec. On n’est jamais inconfortable », assure le retraité de 71 ans.

Aussi, l’ambiance est complètement différente des stations balnéaires architouristiques de la côte. Au lac Chapala, la communauté d’expatriés établie depuis au moins six décennies est tissée serré.

« Quand tu vis ailleurs, tes amis deviennent ta famille, explique M. Huot. Les liens d’amitié sont beaucoup plus serrés. Si tu as un problème, tu peux compter sur eux et vice versa. »

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En 2008, Pierre Huot a acheté un petit bungalow de deux chambres à coucher dans un ensemble résidentiel d’une cinquantaine de maisons. L’an dernier, il a revendu 230 000 $ la maison qu’il avait payée 160 000 $ neuf ans plus tôt.

Les prix de l’immobilier ne sont pas si différents du Québec. Mais tout le reste est vraiment moins cher au bord du lac Chapala. M. Huot calcule que son couple y dépensait 1000 $ de moins par mois qu’au Québec.

Après avoir payé 40 $ par mois en frais d’entretien, le couple n’avait plus qu’à verser une taxe d’eau de 10 $ par mois et une taxe foncière de 175 $… par année.

« Ça comprenait les vidanges et l’enlèvement de la neige ! », blague M. Huot qui doit maintenant allonger près de 3000 $ de taxes pour le jumelé qu’il a racheté à Cowansville.

Les services de télécommunications étaient aussi très abordables au Mexique : 28 $ par mois pour le téléphone et l’internet illimité.

Et la facture de vêtements était minimale. Pas besoin de bottes ou de manteaux ! « On était tout le temps en bermudas et en t-shirt », dit M. Huot.

Il se souvient aussi que le renouvellement de l’immatriculation de son véhicule ne coûtait que 40 $ par année et celui de son permis de conduire, 35 $… pour quatre ans ! « Ce sont toutes des économies auxquelles tu ne penses pas, dit-il. Mais quand tu reviens, c’est là que ça te frappe ! »

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Même les soins de santé lui coûtaient moins que rien au Mexique. Si la plupart des expatriés optent pour une assurance médicale privée qui coûte environ 2500 $ par personne par année, M. Huot s’est contenté du programme d’assurance du gouvernement à environ 400 $ par année pour deux.

Mais en pratique, il a surtout consulté du côté privé où il est possible de voir un médecin de famille pour 15 $ et un spécialiste pour 50 $. « En payant, on n’attendait jamais plus que 15 minutes », jure-t-il.

S’il avait eu une maladie grave, il ne serait pas allé du côté public non plus. « C’est archaïque en tabarouette ! Je serais allé dans un hôpital privé. Mais c’est cher. Et il faut négocier. Une crise cardiaque avec des pontages, ça peut coûter 20 000 $ comme ça peut coûter 50 000 $. Il faut régler ça à l’avance », explique le retraité qui préférait payer cette facture de sa poche, plutôt que de s’assurer. Un risque calculé.

De retour au Québec, il s’ennuie des services de santé mexicains. Il a même profité d’un récent séjour d’une semaine là-bas pour retourner chez le dentiste. À 40 $ pour un examen complet et un nettoyage, ça vaut le détour !

Même si la température et les amis du Mexique leur manquent, Pierre Huot et sa conjointe sont heureux de voir leurs enfants et petits-enfants davantage depuis le retour au bercail.

Mais la vague de froid du temps des Fêtes a eu raison de leur amour du Québec. Le 8 janvier dernier, le couple a mis le cap sur la Floride pour l’hiver. « On aime ça ! lance M. Huot. On n’est pas casaniers. »

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