GRANDE ENTREVUE SYLVAIN TOUTANT, PDG DE DAVID’S TEA

Infuser l’habitude du thé

Le premier appel public à l’épargne de la chaîne de boutiques spécialisées David’s Tea a été pour le moins spectaculaire. Le jour de leur inscription à la cote du NASDAQ, le 9 juin, les actions du groupe montréalais ont réalisé un bond de 40 % pour s’échanger à un ratio semblable à celui d’une start-up technologique. Sylvain Toutant, PDG de David’s Tea, convient que l’enthousiasme des investisseurs était quelque peu exagéré et affirme que cette ferveur ne l’a jamais fait déroger de son but qui est de simplement livrer le plan d’affaires annoncé.

Émises à 19 $US, les actions de David’s Tea ont pratiquement atteint la marque des 30 $, quelques jours après leur inscription en Bourse. Les actions s’échangeaient ainsi à un multiple de plus de 100 fois les bénéfices prévus de 2015 et de 5,5 fois les ventes de la dernière année. C’était tout aussi surréaliste qu’irréaliste.

« Il faut savoir que la demande pour le titre était extrêmement forte. On réalisait une émission de 100 millions et la demande était de près de 3,2 milliards. La surévaluation des premiers jours de transactions ne m’a jamais mis une pression additionnelle sur les épaules.

« On a émis des prévisions de résultats financiers et on les atteint. On a dit qu’on allait travailler sur l’implantation et le développement de la marque et c’est ce que l’on fait. »

— Sylvain Toutant

Le dévoilement des résultats du premier trimestre à la mi-juin a été le premier élément modérateur du titre, qui s’est replié de 14 %. Les investisseurs ont pris conscience que David’s Tea n’imprimait pas de l’argent, même si les résultats étaient conformes aux prévisions du groupe.

Aujourd’hui, l’action de David’s Tea s’échange sous son prix d’émission de 19 $US et n’a pas été épargnée par les violentes secousses dont les marchés boursiers ont été victimes depuis 1 mois.

UN PLAN D’EXPANSION RÉALISTE

Sylvain Toutant s’est joint à David’s Tea le 2 juin 2014 et un an plus tard, presque jour pour jour, le groupe réalisait son entrée en Bourse. Le gestionnaire a donc beaucoup travaillé sur cet important projet de financement public tout en s’attaquant au plan d’expansion que s’est donné le groupe.

David’s Tea exploite 165 boutiques, 138 au Canada et 27 aux États-Unis. Le groupe prévoit ouvrir 40 nouveaux magasins cette année, soit de 20 à 30 au Canada et de 10 à 15 aux États-Unis, selon les disponibilités du marché immobilier.

Le but est d’arriver à former un réseau de 550 établissements, 300 aux États-Unis et une centaine de magasins additionnels au Canada.

« Le thé est un marché immense de 40 milliards US par année et qui enregistre une croissance de 8 à 9 % par année. On prévoit exploiter 70 % de nos boutiques dans des centres commerciaux et 30 % de boutiques de rue », souligne Sylvain Toutant, spécialiste du commerce au détail qui a été notamment PDG de Réno-Dépôt, de la SAQ et de Van Houtte.

Il en coûte en moyenne 300 000 $ pour ouvrir une boutique de 800 à 850 pieds carrés en centre commercial et de 1000 pieds carrés en milieu urbain. Les ventes annuelles de chaque magasin oscillent entre 600 000 $ et 800 000 $, ce qui permet de rembourser l’investissement de démarrage en deux ans, en moyenne.

« Contrairement à Starbucks, on est beaucoup plus détaillant que restaurateur. On vend en magasin pour boire à la maison. Nos boutiques sont la porte d’entrée vers la marque.

« On retire 67 % de nos revenus de la vente de thé, 22 % des accessoires – tasses, infuseurs, théières – et 10 % de la consommation de thé sur place. »

— Sylvain Toutant

La force du concept de David’s Tea est d’offrir une grande variété d’infusions. On en dénombre 150 par boutique et chaque année sont introduites une trentaine de nouvelles propositions. Ainsi, pour la période de l’Halloween, les spécialistes des mélanges ont concocté quatre sortes de thé à base de citrouille.

« On est vraiment une marque pour la génération Y. C’est une clientèle qui recherche constamment la nouveauté, qui s’intéresse à toutes les formes d’infusions, qu’elles soient énergisantes, sans caféine, froides ou chaudes », décline le PDG de David’s Tea.

C’est la raison pour laquelle le choix d’un nouveau site sera fonction de la présence d’une communauté étudiante importante dans l’entourage.

« On n’est pas un concept strictement urbain. Bien au contraire. On a des boutiques à Granby, à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Chicoutimi. On veut rendre le thé accessible partout », insiste-t-il.

Les employés au siège social de l’entreprise à Mont-Royal sont très majoritairement nés dans les années 80 et 90 et ils sont tous de grands consommateurs des 150 déclinaisons d’infusions que propose David’s Tea.

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