Télécommunications
Bell, Rogers et Telus dénoncent une nouvelle mesure du CRTC
La Presse
Bell, Telus et Rogers demandent à la Cour d’appel fédérale de supprimer une mesure « rétroactive » du nouveau Code sur les services sans fil adopté par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Cette mesure pourrait transformer en aubaines les contrats qui auront été signés entre juin 2012 et le 2 décembre prochain.
Annoncé il y a un mois, le nouveau code du CRTC doit entrer en vigueur le 2 décembre. Sa principale mesure est de limiter à deux ans la période après laquelle les consommateurs peuvent rompre un contrat de service sans fil sans pénalité.
Actuellement, la très grande majorité des contrats offerts par les fournisseurs de services canadiens sont d’une durée de trois ans.
Tout en disant ne pas s’opposer à ce principe, les trois géants canadiens du domaine en ont contre une disposition précise du règlement. Selon eux, cette disposition confère au nouveau code des pouvoirs rétroactifs sur des contrats déjà signés.
La décision du CRTC indique en effet que « le Code doit s’appliquer à tous les contrats, peu importe leur date de signature, au plus tard le 3 juin 2015 ».
C’est donc dire qu’un contrat de trois ans signé en mai 2013, avant même l’annonce du nouveau code, pourrait être annulé sans pénalité par le consommateur en juin 2015, près d’un an avant sa fin prévue en mai 2016.
« Nous sommes inquiets du précédent problématique que cela crée si le gouvernement intervient et modifie rétroactivement les contrats », a indiqué hier Scott Hall, porte-parole de Telus, la seule des trois entreprises qui a accepté de répondre aux questions sur le sujet.
Une telle mesure rétroactive pourrait toucher « des millions » de contrats, selon la requête des trois fournisseurs, et engendrer des pertes importantes.
Le modèle d’affaires typique de cette industrie consiste à offrir un rabais important – plus de 500 $ dans certains cas – au consommateur à l’achat d’un nouvel appareil en échange d’un contrat de 3 ans. Ce rabais est remboursé par les frais mensuels perçus durant le contrat. Devancer la fin de ces contrats signifierait donc l’impossibilité pour les opérateurs de combler pleinement la « subvention » offerte au départ.
Le CRTC s’est refusé à commenter le dossier hier. Mais une réponse écrite envoyée plus tôt aux représentants des trois fournisseurs, jointe à la requête de ceux-ci, laisse entendre que la « rétroactivité » entraînée par le nouveau code n’est pas accidentelle, mais bel et bien souhaitée.
« [Le CRTC] a déterminé qu’une pleine implémentation du code en juin 2015 constituerait un juste équilibre entre le besoin pour les fournisseurs de gérer cette transition et l’assurance qu’il n’y a pas de discrimination envers les consommateurs déjà liés par contrat », écrivait alors Barbara Motzney, dirigeante principale de la consommation de l’organisme.