PLACE DU MARCHÉ

L'occasion d’une génération

La Bourse américaine s’est appréciée de plus de 150 % depuis la crise financière de 2008-2009. Votre portefeuille en a-t-il fait autant ? Si ce n’est pas le cas, c’est que vous avez malheureusement raté une occasion rêvée de vous enrichir, si ce n’est la meilleure d’une génération.

Notez que peu de gens avoueront avoir peu profité de cette embellie boursière exceptionnelle, mais ils sont probablement très nombreux.

Les 10 premiers mois de l’année 2013 ont été aussi une période favorable aux investisseurs. Les plus astucieux ont réalisé sans peine des rendements avoisinant les 25 %. Malheureusement, là aussi, tous n’en ont pas profité. Rappelez-vous que bien peu d’analystes et de conjoncturistes prévoyaient une telle performance étant donné que l’économie mondiale demeurait très incertaine.

Pourquoi rate-t-on ainsi les meilleures occasions ? Surtout parce qu’il est très difficile d’avoir une vision qui soit contraire à celle du consensus, explique Philippe Hynes, président de Tonus Capital.

Il compare la décision d’investir en Bourse à celle d’acheter une maison. « Il est beaucoup plus facile d’acheter une maison dans un quartier qui est en plein développement et dont les prix des maisons ne cessent de monter que dans un quartier que les gens ont plutôt tendance à quitter et où les maisons se vendent à prix d’aubaine », dit-il.

Mais il n’est pas certain que cela va s’avérer la meilleure transaction. Elle sera peut-être bonne à court terme, mais à plus long terme, l’histoire pourrait être très différente. Cela dépendra de l’avenir du quartier actuellement défavorisé. Les perspectives sont peut-être nettement meilleures que ce que l’on peut croire à première vue, mais seuls les gens qui poussent plus loin la recherche et l’analyse peuvent le percevoir.

Les investisseurs qui ont acheté des actions sur les marchés boursiers en 2009, alors que la crise financière faisait rage et que l’économie s’embourbait dans sa pire récession depuis les années 30, ont eu cette vision qu’il fallait aller à contre-courant.

Le consensus public

Il faut dire que le consensus des analystes qui sert de base aux décisions de bien des investisseurs n’est souvent pas d’une très grande utilité. D’abord, les analystes sont rarement négatifs sur les perspectives des entreprises. La plupart du temps, ils fixeront un cours cible de 15 à 20 % plus élevé que le cours actuel. « Peu d’entre eux osent trop s’éloigner de l’opinion générale », dit Philippe Hynes.

De plus, le consensus public porte sur des perspectives à court terme. Le point de mire est généralement centré sur les résultats du prochain trimestre. Ce n’est pas la bonne façon de faire, croit le président de Tonus Capital. « Il faut se fixer un horizon plus long, et rechercher des titres qui ont le potentiel de doubler sur quelques années, dit-il. Les meilleures occasions se présentent souvent lorsque l’environnement semble négatif à court terme, car c’est lorsqu’il y a de l’adversité qu’il est possible d’acheter à bon prix. »

Déterminer le bas du marché

S’il faut accepter d’acheter lorsqu’il y a de l’adversité, c’est aussi parce qu’il est impossible de déterminer si le marché a atteint son creux. Tenter de le faire pourrait vous faire rater l’occasion. En mars 2009, par exemple, qui pouvait prétendre avec assurance que les indices boursiers touchaient le creux ?

Lorsque l’analyse a été bien menée et que la décision est bien arrêtée, il ne faut pas trop s’en faire si le marché ou un titre en particulier que l’on vient d’acquérir est à la baisse pendant encore un ou deux trimestres. « Il faut être capable de supporter ce type de situation », dit Philippe Hynes.

Où se situe-t-on aujourd’hui ?

Curieusement, plusieurs enquêtes auprès d’investisseurs révèlent que la plupart d’entre eux se sentent davantage en confiance aujourd’hui qu’ils ne l’étaient au début de l’année, alors que les prix étaient pourtant 25 % plus bas.

Chose certaine, la montée des prix fait en sorte que les bonnes occasions sont beaucoup plus rares qu’au début de l’année, croit Philippe Hynes. « Il faut maintenant être prudent et sélectif », dit-il.

Le thème à la mode chez les investisseurs est qu’il existe peu de solutions de rechange aux actions compte tenu des taux d’intérêt extrêmement bas. À preuve, l’argent se déplace de plus en plus des fonds communs d’obligations ou de titres à revenu fixe vers les fonds communs d’actions.

Aussi bien en profiter, car il ne semble pas y avoir de risque évident à court terme. « Attention, prévient toutefois Philippe Hynes : c’est peut-être là le danger. »

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