Chronique

Incontournable Osheaga

Si vous trouvez qu’il y a moins de jeunes adultes cool avec des tatouages, des shorts et des fleurs dans les cheveux que d’habitude, dans les rues du centre-ville de Montréal ou du Plateau, ne vous inquiétez pas.

C’est parce qu’ils sont tous au festival de musique Osheaga.

Ils se massent au parc Jean-Drapeau à écouter de vieux et de jeunes groupes, The Cure, Beck ou Daughter, à boire de la bière ou de la limonade dans le gazon ou la boue, à placoter, danser, profiter de la vie sous le soleil et la pluie de la métropole. Ce week-end, la ville vibre au son de cet événement qui affiche complet depuis plus d’une semaine. Pour la première fois.

Si on a toujours associé l’été montréalais aux festivals de jazz, Juste pour rire et aux FrancoFolies, aujourd’hui, Osheaga fait tout autant partie des incontournables.

Les jeunes touristes envahissent la ville pour y participer. Ils viennent de Singapour, Londres, Berlin… Aux États-Unis, seuls deux États n’ont pas envoyé un seul spectateur.

La formule est différente de celle des festivals du Quartier des spectacles que l’on connaît bien. Au lieu de la combinaison concerts en salle et spectacles en plein air gratuits, on paie plutôt un prix d’entrée général, après quoi, on peut assister à tous les spectacles que l’on veut, en plein air, dans le parc des Îles.

Avec ses 45 000 spectateurs, l’événement devient un peu Woodstock. Surtout que cette année, la mode est aux couronnes de fleurs, souvent des marguerites, ceignant les têtes comme dans les plus belles années hippies.

« Mon copain et moi, on a planifié tout notre été autour d’Osheaga, explique Laurence Marsolais, qui assiste au festival depuis trois ans. L’ambiance est trop cool. Ça apporte tellement à Montréal. »

Cette année, 70 % de la clientèle provient de l’extérieur de la province et 90 % de l’extérieur d’un périmètre de 40 km autour de la métropole. Les hôtels affichent complet à moins d’aller à l’autre bout de l’île.

Partout, on entend parler anglais. Des Américains. Beaucoup d’Ontariens aussi. « J’adore Montréal, j’adore que ça soit une grande ville, mais à l’extérieur de l’Ontario ! », lance en riant Geneviève Cantin, une étudiante en droit de Toronto qui vit à Londres et s’est installée à Montréal pour le week-end. « J’ai toujours voulu venir à Montréal et c’était le prétexte rêvé », ajoute Vanessa Scarola, une étudiante arrivée de Winnipeg pour assister au festival. « C’est la meilleure ville au Canada, ajoute son amie Cleo Morden, qui vient de terminer des études dans le domaine de la mode. Et puis il y a vraiment beaucoup de gars super bien habillés ici. »

— Oh oui ! rétorque son amie Vanessa. On ne voit pas ça souvent à Winnipeg !

Les artistes aussi ont l’air de bien s’amuser. Dans la tente-cafétéria où ils ont accès à de la nourriture en tout temps, ils font des « oh » et des « ah » devant les comptoirs de prosciutto, paella, poutines, grillades, salades, les immenses pattes de crabes, les chevreaux entiers grillés que le chef Chuck Hughes (Bremner, Salle à manger) et son acolyte Danny Smiles leur proposent.

L’an dernier, l’artiste canadienne Feist a résumé la situation en ces termes : Osheaga, a-t-elle dit, c’est comme Coachella (grand festival de musique indépendante qui se tient dans le désert de la Californie), mais avec de la meilleure nourriture.

Cette année, les spectateurs ont aussi droit à de la cuisine très variée, car outre les kiosques traditionnels de hot dogs et compagnie, les nouveaux camions de cuisine de rue sont là. L’année dernière, il y en avait déjà quelques-uns, mais cette année, toute la place autour de la statue de Calder, au bord du fleuve, a été prise d’assaut par les camions vendant des gaufres, des hot dogs et des hamburgers artisanaux, des sandwichs au porc effiloché et même des huîtres !

« L’offre de nourriture est tout simplement incroyable », résume un finissant en journalisme venu de Trenton, en Ontario. « C’est ma première fois, ici, et j’adore ! »

Osheaga est rendu à ce point incontournable que le festival a même eu droit à la visite des candidats à la mairie. Marcel Côté devait y aller. J’y ai croisé Denis Coderre dans la tente-cafétéria, qui se reconnaissait aisément à côté, disons, des gars de The Cure, notamment à son veston habillé. (Il avait laissé tomber la cravate.) « As-tu vu la foule ? a-t-il lancé. C’est vibrant, c’est écœurant, c’est Montréal. » Le candidat à la mairie a ensuite salué le travail des organisateurs de l’événement, la société Evenko, et son directeur Jacques Aubé. « Ils ont fait du beau travail. Et cette relève qu’on voit ici, c’est une belle jeunesse. »

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