Alimentation

Des burgers de bœuf élevé sans hormones ni stéroïdes

Mauvaise nouvelle pour les athlètes dopés qui cherchent des boucs émissaires en cas de contrôle positif : la chaîne A&W annonce que ses hamburgers sont désormais faits de bœuf élevé sans stéroïdes ni hormones.

« Depuis quelque temps, nous remarquons que les Canadiens s’intéressent de plus en plus à ce qu’ils mangent, a dit à La Presse Susan Senecal, chef de la direction marketing d’A & W du Canada. Nous avons de très bons burgers, et on sait que ça commence avec le meilleur bœuf. On a donc décidé de faire un virage vers le bœuf élevé sans hormones ni stéroïdes. »

Depuis hier, tous les burgers servis par la chaîne sont faits de bœuf sans stéroïdes, hormones, agents de conservation ou additifs. Ce qui veut dire qu’avant, le bœuf utilisé recevait des hormones sexuelles. Eh oui :  Santé Canada autorise les agriculteurs à donner des stimulateurs de croissance hormonaux aux bovins, bien que la pratique soit interdite pour les autres animaux. Ces hormones sont administrées sous forme d’implants placés sous la peau, derrière l’oreille, ou sont ajoutées aux aliments.

Les avantages de ces hormones, dont la plupart sont des stéroïdes ? Elles « augmentent de 15 % la quantité de viande maigre produite », selon le magazine Bovins du Québec. Elles assurent également un meilleur gain de poids avec moins d’aliments, ce qui se traduit par des économies pour les éleveurs. Un implant anabolisant coûte environ 5 $ par veau, mais permet de gagner « 20 $ vite faits ! », a souligné le vétérinaire André Cécyre, dans Bovins du Québec.

Malgré cela, le prix du Mama Burger n’a pas été augmenté, a assuré Mme Senecal. « On a décidé d’absorber le coût, parce qu’on pense que ça vaut le prix », a-t-elle indiqué.

Interdits en Europe

Permis aux États-Unis, les stimulateurs de croissance hormonaux sont interdits au sein de l’Union européenne. Santé Canada reconnaît qu’ils suscitent « des préoccupations parmi le public quant à leurs effets sur la santé humaine, particulièrement en ce qui a trait à la possibilité qu’ils puissent causer le cancer et, de ce fait, nuire à la santé humaine ». Mais « jusqu’ici, la recherche scientifique n’a pas démontré que les produits dérivés d’animaux traités à l’aide de stimulateurs de croissance posaient un danger pour la santé humaine », précise le ministère fédéral.

Fait à noter, l’utilisation d’hormones de croissance pour stimuler la production de lait chez les vaches n’est pas autorisée ici, quoiqu’elle le soit chez nos voisins du sud.

Selon un sondage fait pour A & W par QRI International, 89 % des consommateurs de burgers ont dit « être impressionnés et intéressés » par le fait que la chaîne serve maintenant du bœuf élevé sans hormones ni stéroïdes. « Les consommateurs veulent manger des aliments dits "naturels", sans produits chimiques, observe Bernard Lavallée, nutritionniste d’Extenso, le centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal. Ce choix d’A & W s’imbrique parfaitement dans cette tendance. »

Pas de bœuf du Québec

Aucun éleveur québécois ne vend son bœuf à A & W, qui s’approvisionne dans l’Ouest canadien, aux États-Unis et aussi loin qu’en Australie. « On souhaite que beaucoup plus de fermes canadiennes se joignent au programme », a dit Mme Senecal. La chaîne a des « discussions actives » avec des éleveurs québécois, a-t-elle ajouté.

La Fédération des producteurs de bovins du Québec n’a pas voulu commenter l’initiative d’A & W. « Les producteurs de bœuf du Québec élèvent leurs animaux selon les normes en vigueur au Canada, en fonction des besoins des acheteurs », a fait valoir Sonia Dumont, porte-parole de la Fédération.

À la mi-août, le groupe pharmaceutique Merck a cessé de vendre en Amérique du Nord le stéroïde pour bovins Zilmax, a rapporté l’Agence France-Presse. L’entreprise américaine Tyson venait d’indiquer qu'elle avait eu des cas de bêtes arrivant aux abattoirs avec « des difficultés à se déplacer ou étant incapables de se mouvoir », peut-être en lien avec ce stéroïde. Les ventes de Zilmax ont atteint 159 millions US aux États-Unis et au Canada en 2012, selon Merck.

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