Sans Piatti, l’Impact a souffert
Comment compenser la perte d’un joueur envers qui on entretient une certaine dépendance ?
Appliqué au cas montréalais, il s’agit, par exemple, de déterminer quelle est la force collective lorsque Nacho Piatti n’y est pas. Hier soir, dans la défaite de 4 à 0 sur le terrain du Revolution de la Nouvelle-Angleterre, l’échantillon de 90 minutes a, il est vrai, été fortement faussé par l’expulsion rapide de Saphir Taïder (14e minute). Mais sans le joueur désigné argentin, qui a, par le passé, réalisé quelques grands numéros en infériorité numérique, les Montréalais n’ont pas fait le poids offensivement.
Blessé aux adducteurs, Piatti n’a même pas fait le déplacement au Gillette Stadium, dont la pelouse synthétique a souvent été critiquée par les équipes visiteuses. Mieux valait donc jouer de prudence et ne pas risquer une absence plus longue. Ce faisant, l’Impact était privé de ses trois passes décisives en 2018, de ses deux passes clés par match, ainsi que de ses dribbles (5,8 par tranche de 90 minutes) qui inquiètent tant de défenses.
Bref, l’Impact était privé de ses fulgurances qui ont si souvent fait pencher la balance.
« La perte de Nacho nous a fait mal. On aurait bien aimé l’avoir en avant, surtout qu’il avait eu beaucoup de succès avec Jeisson [Vargas]. »
— Samuel Piette
Depuis le début de la saison 2016, l’Impact a entamé 11 matchs sans Piatti. Bilan : 2 victoires, 2 matchs nuls et 7 défaites. Au cours des dernières années, trop peu de ses coéquipiers ont su prendre le relais et instiller un peu de folie.
Cela a été particulièrement flagrant, hier, malgré les bonnes intentions des premières minutes. Après le carton rouge de Taïder, coupable d’un geste maladroit sur Luis Caicedo, l’Impact n’a tiré que 4 fois, cadré que 2 tentatives lointaines et réussi que 62 passes dans le tiers adverse.
Oui, les Montréalais évoluaient sans leurs deux joueurs désignés, mais dans des conditions quasi identiques la semaine dernière, les Sounders avaient su offrir une deuxième mi-temps honnête. Il faut dire que le manque d’initiative offensive avait été perceptible durant le camp et lors de plusieurs mi-temps, cette saison.
« Quand il manque deux joueurs aussi importants, talentueux et travailleurs, c’est sûr que ça ne nous aide pas et que ça aide l’adversaire. Maintenant, comme équipe, il faut être en mesure de faire face à des situations comme celles-là. J’espère que ça ne se reproduira pas, mais ça peut. »
— Rémi Garde, entraîneur-chef de l’Impact
Ce match marquait la première titularisation de l’année pour Anthony Jackson-Hamel qui a été très peu en vue et, de toute façon, trop esseulé après l’expulsion de Taïder. Alejandro Silva a aussi obtenu un premier départ dans le couloir droit du 3-5-2.
L’Argentin a déjà évolué à une telle position dans ses clubs précédents, mais le contexte et le scénario du match ont trop limité son apport offensif. Son expérience et sa palette technique n’auraient-elles pas été plus utiles au cœur du jeu, là où l’Impact a énormément souffert ? Vargas a plutôt reculé d’un cran pour prendre la place de Taïder.
« De bonnes situations »
Teal Bunbury a marqué six minutes après l’exclusion de Taïder. Andrew Farrell (45 + 6), Diego Fagúndez (71e) et Wilfried Zahibo (80e) ont aussi trompé la vigilance d’Evan Bush. Le gardien est l’un des très rares Montréalais à avoir livré une bonne prestation. Auteur de plusieurs beaux arrêts, dont un penalty sauvé, il a toutefois mal jugé le corner menant au quatrième but.
« Dans le premier quart d’heure, on a eu deux ou trois bonnes situations intéressantes sur lesquelles on n’a pas trop bien joué le coup d’ailleurs, a ajouté Garde. À 11 contre 10, les garçons ont fait ce qu’ils ont pu, mais ça n’a pas fonctionné. […] Ce n’est pas le système qui est en cause ce soir. On verra, cette semaine, comment on va gérer le prochain match. » L’Impact se déplace samedi prochain dans l’arène des Red Bulls de New York (13 h).