Traverser le Québec à vélo et en canot

Nom : Samuel Lalande-Markon

Âge : 32 ans

Profession : musicien et gestionnaire culturel

Coéquipier : David Désilets

Projet : Traverser le Québec de Montréal à Kuujjuaq à vélo et en canot

Début de l’aventure : 5 juillet

Le projet

Samuel Lalande-Markon partira de chez lui, dans le quartier Rosemont, et pédalera jusqu’au fleuve Saint-Laurent pour une petite cérémonie de départ, le 5 juillet. Puis, il cheminera pendant 1250 km sur la route 117, la route 109 et la route de la Baie-James. Il changera alors les pneus de sa monture et s’engagera sur la route Transtaïga, soit environ 665 km sur une route gravelée jusqu’au réservoir de Caniapiscau. Il troquera alors son vélo contre un canot et fera équipe avec David Désilets pour parcourir 520 km sur des lacs et les rivières Sérigny, Caniapiscau et Koksoak, jusqu’à Kuujjuaq. Malheureusement, son instrument de musique (le tuba) ne trouvera pas place dans ses bagages.

L’idée

Au départ, Samuel Lalande-Markon avait simplement envie de parcourir la route Transtaïga. « J’avais fait des voyages de vélo dans le passé, mais récemment, je faisais plutôt des voyages de montagne. J’ai eu envie de reprendre le vélo dans des endroits plus reculés. La route Transtaïga, ça me semblait le match idéal. »

En étudiant les cartes, il a constaté à quel point la Caniapiscau semblait une belle rivière. « Je me suis demandé s’il serait possible de la faire. De fil en aiguille, c’est devenu un projet de vélo et de canot. »

Des amis communs lui ont présenté David Désilets, qui avait davantage d’expérience que lui en canot. Le projet s’est raffiné : comme les premiers 100 km de la Caniapiscau ne sont pas vraiment navigables, les coéquipiers ont décidé d’emprunter un réseau de lacs et de rivières pour rejoindre la rivière Sérigny puis, ultimement, la Caniapiscau, en évitant la section problématique.

La préparation

La préparation a été assez costaude parce qu’il a fallu mettre les bouchées doubles en techniques de canotage. « On ne partait pas de rien, mais nous avons quand même fait des formations en eau vive et en sauvetage. Nous avons également fait une formation en secourisme en région éloignée. »

Le fait de faire ces formations ensemble a permis aux coéquipiers de créer une bonne dynamique d’équipe. « Ça nous donne un élément de confiance », commente Samuel Lalande-Markon.

L’équipe a effectué quelques petites expéditions pour se roder. L’entraînement physique a demandé du temps, tout comme l’organisation logistique. Il a aussi fallu se lancer dans le magasinage : canot, pagaies, panneau solaire, combinaisons étanches, équipement divers.

« Au début, on pensait qu’on allait pouvoir utiliser pas mal les affaires qu’on avait déjà, mais finalement, pas vraiment. Par exemple, je faisais davantage des voyages de montagne, j’avais surtout des vêtements de duvet. Il a fallu acheter de l’équipement en synthétique. » Le duvet, effectivement, ne fait pas bon ménage avec l’eau.

Quelques commandites ont toutefois aidé les coéquipiers sur le plan financier. Par exemple, Air Inuit fournit les billets d’avion de retour. L’équipe a également remporté une bourse Osez l’aventure, qui comprenait de l’accompagnement et des conseils de la part de l’aventurier Frédéric Dion.

Les défis

Le fait d’emprunter deux moyens de transport totalement différents complexifie l’organisation, mais aussi en ce qui concerne la fatigue physique. « Il faut bien gérer cela, indique Samuel Lalande-Markon. Il faut garder en tête qu’il y a une autre partie qui va arriver après le vélo. »

Les dangers de la rivière constituent une autre préoccupation. « Il faudra être très vigilants. Ce n’est pas une rivière qui présente des difficultés techniques hyper élevées, côté rapides, mais il faut y aller avec la plus grande prudence. Il y a une question d’éloignement. »

Même si les coéquipiers auront un téléphone satellite à leur disposition, il ne sera pas nécessairement facile d’obtenir de l’aide extérieure en cas de pépin, surtout si la température ne veut pas collaborer. « En attendant, il faudra être autonomes. »

Hydro-Québec a déjà communiqué avec l’équipe pour lui faire savoir qu’elle ouvrira les évacuateurs de crue du réservoir Caniapiscau cet été, ce qui entraînera une hausse de 15 % du débit de la rivière.

Samuel Lalande-Markon et David Désilets se félicitent d’avoir décidé de contourner une partie de la rivière Caniapiscau en empruntant la rivière Sérigny. Ils rejoindront la Caniapiscau 270 km en aval du barrage. L’augmentation du débit de la rivière pourrait donc être moins problématique à cette distance, mais ça reste à voir.

Un p’tit marathon pour finir

Après avoir traversé une partie du Québec en ski, en raquette, à vélo, en canot et en kayak, Caroline Côté a couru l’équivalent d’un marathon lors de sa dernière journée pour rentrer à Montréal.

Nom : Caroline Côté

Âge : 31 ans

Profession : Cinéaste d’aventure

Projet : Parcourir 2000 km entre Natashquan et Montréal en suivant les lignes électriques

Début de l’aventure : 4 avril

Le 16 juin dernier, Caroline Côté s’est levée en même temps que le soleil.

« Je savais que je devais profiter de chaque minute. Je savais que la journée allait passer super rapidement et qu’elle serait la dernière de l’expédition. Je voulais écouter les bruits de la nature avant de rentrer dans le mode de vie très urbain. »

Caroline Côté a quitté Natashquan au tout début du mois d’avril pour un voyage de 2000 km. Le plan était de ne jamais s’éloigner à plus de 5 km des lignes électriques, de visiter quelques complexes hydroélectriques en chemin, comme les complexes La Romaine et Manic-Outardes, et de terminer le parcours à Montréal par un marathon, soit 42 km entre Varennes et le canal de Lachine. Pour Caroline Côté, il y a eu du défi jusqu’à la toute fin.

« J’avais des appréhensions, raconte-t-elle dans une entrevue quelques jours après son retour. Les jambes, les chevilles en avaient pris un bon coup pendant l’expédition. Même après un repos, je sentais que j’étais sur la fin de mon énergie. Je me demandais comment j’allais réagir physiquement à ce marathon. Finalement, ça s’est mieux passé que prévu. »

Le tracé passait notamment par le quartier de ses parents, sur la Rive-Sud. « Pour moi, c’était comme rentrer à la maison. Le fait de prendre les sentiers dans les petits bois derrière chez nous, ça me permettait de me reconnecter avant de passer à Montréal par le pont Jacques-Cartier. »

Cette arrivée à Montréal a constitué un des beaux moments de tout le voyage pour Caroline Côté. 

« Je voyais Montréal avec un regard neuf, comme quelqu’un qui y arrive pour la première fois. »

— Caroline Côté

Il y a eu d’autres beaux moments pendant l’expédition, mais le plus beau, ironiquement, a été le plus difficile. Ça se passait au mois de mai, au nord du Saguenay, alors que les rivières commençaient à dégeler. Il était difficile de se faire un chemin. « J’ai tourné en rond pendant 3 km, je n’ai pas été capable de faire les 24 à 30 km prévus. Je n’avais plus assez d’énergie pour monter la tente. J’étais mouillée. J’ai enlevé mes vêtements mouillés, je me suis mise dans mon sac de couchage, je me suis abrillée avec la toile de la tente. J’ai mangé mon repas lyophilisé sans mettre d’eau dedans, j’ai juste mangé la poudre. Mais juste avant de m’endormir, j’ai écouté le vent dans les arbres, j’ai regardé les millions d’étoiles. Ça m’a remise. Le lendemain, c’était parfait. »

Caroline Côté a pu rencontrer son chef d’expédition Samuel Ostiguy pendant cette période difficile pour l’aider à outrepasser ses craintes, notamment à l’idée de traverser des rivières glacées à la nage.

Plus tard, son arrivée en Mauricie lui a permis de reprendre contact avec la société « avant d’arriver dans le milieu urbain de Montréal ».

Elle a descendu la rivière Saint-Maurice en canot. 

« C’était quelque chose de remettre les bras en action. Ça m’a demandé un peu plus d’énergie que je pensais. »

— Caroline Côté

Elle a repris la marche à pied dans Lanaudière. Pour faire face à un défi totalement inattendu : les beaux terrains qui semblaient bien plats et faciles sur les cartes se sont révélés des zones marécageuses difficiles à négocier. « Ça enveloppait les pieds, c’était un défi, se rappelle Caroline Côté. Et puis, les mouches ont commencé à arriver dans ces marécages. Tout le monde m’avait parlé des mouches, mais il n’y en avait pas eu jusque-là. »

Elle a réussi à passer au travers. Par comparaison, la traversée du fleuve en kayak, à la hauteur de Lanoraie, s’est faite rapidement et sans douleur, en une petite demi-heure.

Depuis son retour à Montréal, le 16 juin, Caroline Côté prend une petite pause. « J’ai besoin de retrouver la fille urbaine, de prendre du temps, d’aller dans un café, de regarder ce qui se passe à Montréal. »

Elle va toutefois commencer à travailler à partir des images qu’elle a prises tout au long de son expédition. Elle pense faire un documentaire sur l’organisation même de cette expédition, notamment sur les gens qui l’ont soutenue à toutes les étapes ou qui lui ont donné un coup de main. « Je ne serai pas le sujet, affirme-t-elle. La priorité, ce n’est pas moi, c’est d’amener les gens à aller à l’extérieur, à explorer, à sortir de leur zone de confort. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.