Traverser le Québec à vélo et en canot
Le projet
Samuel Lalande-Markon partira de chez lui, dans le quartier Rosemont, et pédalera jusqu’au fleuve Saint-Laurent pour une petite cérémonie de départ, le 5 juillet. Puis, il cheminera pendant 1250 km sur la route 117, la route 109 et la route de la Baie-James. Il changera alors les pneus de sa monture et s’engagera sur la route Transtaïga, soit environ 665 km sur une route gravelée jusqu’au réservoir de Caniapiscau. Il troquera alors son vélo contre un canot et fera équipe avec David Désilets pour parcourir 520 km sur des lacs et les rivières Sérigny, Caniapiscau et Koksoak, jusqu’à Kuujjuaq. Malheureusement, son instrument de musique (le tuba) ne trouvera pas place dans ses bagages.
L’idée
Au départ, Samuel Lalande-Markon avait simplement envie de parcourir la route Transtaïga. « J’avais fait des voyages de vélo dans le passé, mais récemment, je faisais plutôt des voyages de montagne. J’ai eu envie de reprendre le vélo dans des endroits plus reculés. La route Transtaïga, ça me semblait le match idéal. »
En étudiant les cartes, il a constaté à quel point la Caniapiscau semblait une belle rivière. « Je me suis demandé s’il serait possible de la faire. De fil en aiguille, c’est devenu un projet de vélo et de canot. »
Des amis communs lui ont présenté David Désilets, qui avait davantage d’expérience que lui en canot. Le projet s’est raffiné : comme les premiers 100 km de la Caniapiscau ne sont pas vraiment navigables, les coéquipiers ont décidé d’emprunter un réseau de lacs et de rivières pour rejoindre la rivière Sérigny puis, ultimement, la Caniapiscau, en évitant la section problématique.
La préparation
La préparation a été assez costaude parce qu’il a fallu mettre les bouchées doubles en techniques de canotage. « On ne partait pas de rien, mais nous avons quand même fait des formations en eau vive et en sauvetage. Nous avons également fait une formation en secourisme en région éloignée. »
Le fait de faire ces formations ensemble a permis aux coéquipiers de créer une bonne dynamique d’équipe. « Ça nous donne un élément de confiance », commente Samuel Lalande-Markon.
L’équipe a effectué quelques petites expéditions pour se roder. L’entraînement physique a demandé du temps, tout comme l’organisation logistique. Il a aussi fallu se lancer dans le magasinage : canot, pagaies, panneau solaire, combinaisons étanches, équipement divers.
« Au début, on pensait qu’on allait pouvoir utiliser pas mal les affaires qu’on avait déjà, mais finalement, pas vraiment. Par exemple, je faisais davantage des voyages de montagne, j’avais surtout des vêtements de duvet. Il a fallu acheter de l’équipement en synthétique. » Le duvet, effectivement, ne fait pas bon ménage avec l’eau.
Quelques commandites ont toutefois aidé les coéquipiers sur le plan financier. Par exemple, Air Inuit fournit les billets d’avion de retour. L’équipe a également remporté une bourse Osez l’aventure, qui comprenait de l’accompagnement et des conseils de la part de l’aventurier Frédéric Dion.
Les défis
Le fait d’emprunter deux moyens de transport totalement différents complexifie l’organisation, mais aussi en ce qui concerne la fatigue physique. « Il faut bien gérer cela, indique Samuel Lalande-Markon. Il faut garder en tête qu’il y a une autre partie qui va arriver après le vélo. »
Les dangers de la rivière constituent une autre préoccupation. « Il faudra être très vigilants. Ce n’est pas une rivière qui présente des difficultés techniques hyper élevées, côté rapides, mais il faut y aller avec la plus grande prudence. Il y a une question d’éloignement. »
Même si les coéquipiers auront un téléphone satellite à leur disposition, il ne sera pas nécessairement facile d’obtenir de l’aide extérieure en cas de pépin, surtout si la température ne veut pas collaborer. « En attendant, il faudra être autonomes. »
Hydro-Québec a déjà communiqué avec l’équipe pour lui faire savoir qu’elle ouvrira les évacuateurs de crue du réservoir Caniapiscau cet été, ce qui entraînera une hausse de 15 % du débit de la rivière.
Samuel Lalande-Markon et David Désilets se félicitent d’avoir décidé de contourner une partie de la rivière Caniapiscau en empruntant la rivière Sérigny. Ils rejoindront la Caniapiscau 270 km en aval du barrage. L’augmentation du débit de la rivière pourrait donc être moins problématique à cette distance, mais ça reste à voir.