Zoom économique

La mode internet

Les géants de l’internet s’intéressent maintenant à la mode. Apple et Samsung veulent tirer profit de l’expérience des horlogers pour concevoir leurs montres électroniques, alors que Google vient d’annoncer un partenariat avec le géant italien de la lunette, Luxottica. Portrait d’un mariage qui chassera les derniers vestiges de l’image nerd de l’informatique.

LES HORLOGERS SUISSES RIPOSTENT

Le grand patron des montres à la griffe de luxe LVMH, Jean-Claude Biver, a dénoncé la tentative d’Apple d’embaucher des employés de sa filiale suisse Hublot et de « plusieurs sous-traitants suisses » du secteur des montres. Quant à lui, le PDG de Swatch a affirmé que « presque tous les acteurs du secteur des montres intelligentes » ont pris contact avec l’horloger suisse, mais que les discussions ont avorté parce que « pour une montre intelligente, il faut beaucoup trop de puissance dans le faible espace disponible », ce qui pose notamment des problèmes de batterie (la montre de Samsung, lancée en septembre dernier, doit être rechargée chaque semaine). À noter qu’en 2004, Swatch et Microsoft avaient lancé une montre intelligente qui a été rapidement retirée du marché faute d’intérêt.

LA MONTRE DE GOOGLE

Google a contourné le problème en acquérant un petit fabricant de « montre intelligente », Wimm Labs de Californie. Le produit de Wimm, lancé en 2011, utilisait la connexion d’un téléphone portable, par l'entremise de Bluetooth, ou alors un réseau WiFi pour transmettre les conversations et donner accès à l’internet. L’acquisition de Google a eu lieu en 2012, mais n’a été annoncée que l’an dernier.

QUELQUES CHIFFRES

300 000 : Nombre de montres intelligentes vendues dans le monde en 2012.

1,9 million : Nombre de montres intelligentes vendues dans le monde en 2013.

968 millions : Nombre de téléphones intelligents vendus dans le monde en 2013.

MARIAGE À L’ITALIENNE

À la fin du mois de mars, Google a annoncé un partenariat avec le géant italien de la lunette, Luxottica, qui contrôle 80 % des grandes marques de lunettes, dont Ray Ban et Oakley. L’objectif : lancer une version plus stylisée des lunettes internet Google Glass, qui sont vendues à 1500 $US. Outre son flair pour le design, Luxottica, qui fabrique un peu moins de 7 % des lunettes vendues dans le monde (75 millions US sur 1,2 milliard par année), mais engrange plus de 12 % des produits de ventes (10 millions US sur 81 millions), apporte son expertise dans la transmission des données sur les verres de ses lunettes Oakley. Luxottica a annoncé que sa version des Google Glass serait offerte l’an prochain. Les Google Glass ont déjà mis le pied sur les passerelles : Diane von Furstenberg en avait doté certains de ses modèles à la semaine de la mode de New York l’an dernier.

L’ESPOIR DU TIERS-MONDE

Malgré la crise financière, les horlogers suisses ont connu trois années de croissance record entre 2010 et 2012, avec une progression des ventes de 60 %. Un plateau a été atteint en 2013, avec une stabilisation des ventes en Chine, troisième marché derrière les États-Unis et Hong Kong. La croissance économique dans les pays émergents et l’enrichissement d’une élite commerciale et financière représentent le principal espoir des fabricants suisses de montres, qui ont plus de la moitié des ventes mondiales en valeur, même s’ils ne fabriquent que 2,5 % des exemplaires.

SOURCES : Bloomberg, The Financial Times, Forbes, The New York Times, Crédit suisse

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