ÉLECTIONS PROVINCIALES OPINION

SOINS AUX PERSONNES ÂGÉES MALADES
Les services actuels ne suffisent plus 

La campagne électorale est en cours et les aînés font l’objet de nombreuses annonces. Cependant, les aspects de dignité, de réalisation de soi et de contribution à la société devraient être au centre des discussions et n’y sont pas.

Devant les réels besoins des aînés, des solutions d’envergure et structurantes ainsi qu’un plan coordonné pour la prise en charge de cette population devraient pourtant être proposés. On note aussi que les grandes questions ayant trait au logement, au transport et à la pauvreté ne sont pas abordées suffisamment à l’heure actuelle. 

Il est important de distinguer les besoins des aînés et les soins aux personnes âgées malades. Un manque de connaissance des difficultés liées au vieillissement nous paraît clair dans ce débat. 

L’Institut de la statistique du Québec nous dit que près de 1 Québécois sur 5 était âgé de plus de 65 ans l’an dernier. Dans une douzaine d’années, ce sera 1 Québécois sur 4. Notre société a donc un grand besoin d’idées pour le soutien aux aînés. 

Familles épuisées 

Les gériatres sont continuellement aux prises avec des déficits dans chacun des secteurs des soins aux aînés malades : centres hospitaliers, CHSLD et soins à domicile. Les grandes transformations survenues dans le réseau de la santé ont empiré les choses. L’Association des médecins gériatres du Québec estime que les services actuels ne suffisent plus.

Le manque de soutien à domicile, les délais d’attente, l’intensité insuffisante des soins, l’absence de personnalisation et de continuité sont d’autres situations criantes.

Le maintien à domicile doit être offert lorsqu’il est souhaitable, dans le but d’optimiser les soins et de rehausser la qualité de vie et non par manque de place ou devant les difficultés financières des personnes âgées. Le maintien à tout prix jusqu’à une crise puis l’utilisation des urgences par des familles épuisées doit cesser. 

Ressources nettement insuffisantes 

On parle beaucoup de congestion dans les urgences en raison de malades âgés hospitalisés. Cette congestion existe en raison des déficits de soins en amont et en aval du centre hospitalier. Plusieurs malades sont aussi en attente d’une prise en charge en physiothérapie, en service social ou en soins à domicile et pourraient à court terme quitter l’hôpital. Dans l’attente, ils risquent fort de se détériorer et de ne pas recouvrer leur autonomie. 

La pénurie des professionnels impliqués est énorme, les délais d’attente aussi. Le personnel demeure peu formé, arement spécialisé en gériatrie et extrêmement instable.

Les programmes de formation comptent encore trop peu de contenu en gériatrie. La population âgée compte aussi davantage de malades présentant des troubles neurocognitifs. Les soins à cette population nécessitent une formation et une sensibilité particulières. 

Créatifs, mais peu nombreux, les gériatres ont beaucoup développé les soins aux aînés, souvent dans l’adversité. Il va de soi qu’ils ne peuvent aujourd’hui en faire davantage sans équipes interdisciplinaires performantes. 

Appel à la lucidité 

Nous aimerions davantage de lucidité de la part de nos dirigeants. Il faudra des mesures globales pour rehausser la qualité de vie de l’ensemble des aînés et la qualité des soins pour les malades âgés. 

Nous suggérons par ailleurs une amélioration de la formation en gériatrie de l’ensemble des travailleurs de la santé. Nous croyons qu’il est temps de mettre sur pied des programmes de formation spécialisée en gériatrie pour les professionnels de la santé. Nous suggérons la prise en charge prioritaire par des médecins de famille des personnes âgées présentant des pathologies multiples. 

La génération de personnes âgées en devenir devrait particulièrement être intéressée par la situation que nous décrions. Elle sera directement impliquée par le vieillissement. Elle a tout intérêt à ce que l’on agisse, sans tarder.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.