TANZANIE

Mafia : un secret bien gardé en pleine mer

Au cœur de l’océan Indien, à quelque 160 km du célèbre Zanzibar, se cache un véritable diamant brut. Visité par moins de 5000 touristes par année, l’archipel de Mafia est une excellente destination pour échapper aux plages bondées de l’île aux épices.

MAFIA — Alors que le véhicule navigue lentement les creux et les bosses sur la route de terre battue, de petites mains s’agitent pour nous saluer. Les sourires des enfants, parfois timides, parfois carrément surexcités, ponctuent les quelques kilomètres qui séparent l’aéroport de la mer. Dans l’île de Mafia, la plus grande de l’archipel éponyme, l’arrivée de mzungus – les étrangers – constitue encore
un événement.

L’aéroport, seul point d’entrée de l’île pour les touristes, n’accueille qu’une poignée de visiteurs chaque jour. Jusqu’à tout récemment, la piste d’atterrissage était en terre battue. Aujourd’hui, même après une « opération de modernisation » vantée par le gouvernement tanzanien, le hall des arrivées de l’aéroport n’est guère plus imposant qu’une billetterie de cinéma.

« Karibuni Mafia Island », lance l’unique employé. Comme dans le reste de la Tanzanie, à laquelle appartient l’archipel, les habitants de Mafia parlent swahili. L’anglais 
– deuxième langue officielle du pays – est toutefois plutôt rare ici.

Le nom de l’archipel, quant à lui, pourrait provenir d’une variété de langues. Des théories veulent qu’il provienne de l’arabe morfi’a (archipel) ou encore qu’il découle de Ma’afir, nom des premiers commerçants arabes qui ont visité la région au XIIe siècle. Chose certaine, rien à voir avec le crime organisé !

UN LUXE DIFFÉRENT

Malgré la proximité, Mafia est à mille lieues de Zanzibar. Ici, les immenses complexes hôteliers laissent place à des hôtels-boutiques fréquentés par une clientèle en quête d’aventures. Le nôtre est situé dans l’île de Chole, de l’autre côté de la baie du même nom. Pour s’y rendre, on ne doit pas avoir peur de se mouiller ! Paire de sandales dans une main, appareil photo dans l’autre, on patauge – de l’eau jusqu’aux genoux – jusqu’à l’embarcation qui nous permettra de traverser la baie.

Avec leur grande voile claire déployée contre le ciel bleu électrique, les dhows – voiliers traditionnels est-africains 
– glissent avec lenteur sur l’eau calme. Après une expérience stressante dans le désordre du terminal de l’aéroport de Dar es Salam, c’est ici que débutent vraiment les vacances.

De ce côté de la baie, l’hôtel Chole Mjini propose sept maisonnettes construites à même les baobabs. Pas d’électricité, pas d’eau courante, pas même de murs ! Et pourtant, le confort est comparable à celui des hôtels les plus luxueux de Zanzibar ou des Caraïbes.

Les douches (en plein air, mais protégées des regards par un haut rempart de bambou) sont approvisionnées par d’immenses barils d’eau, chauffés grâce à un ingénieux système de tuyaux sous lequel on allume une flamme. Même les toilettes sèches sont plus propres que certaines toilettes de motel.

Au petit matin, le soleil emplit les maisonnettes de ses rayons orangés, roses et mauves, et les gazouillis de quelque 120 espèces d’oiseaux font office de réveille-matin. Mieux encore : nul besoin de descendre de son arbre pour savourer le premier café de la journée, puisque de silencieux petits elfes ont déjà distribué boissons chaudes et biscottes dans chaque hutte. Grâce à un système de poulies (qui plaira à tout coup aux enfants), votre déjeuner est hissé jusqu’à votre porte dans un panier d’osier.

SAFARI MARIN

La baie de Chole et ses environs constituent les véritables attractions de l’archipel de Mafia. Réserve marine protégée par le gouvernement depuis 1996, cette tranche de littoral de 822 km2 abrite plus de 460 espèces de poissons, 50 types de corail et cinq espèces de tortues marines.

Chaque jour, des excursions permettent aux visiteurs d’explorer les fonds marins, de partir à la recherche des dauphins ou d’aller pique-niquer sur l’un des bancs de sable blanc qui apparaissent au milieu de la baie à marée basse. En saison (et avec un peu de chance), on peut aussi observer l’éclosion des œufs de tortue et même nager avec les requins-baleines !

Et au crépuscule, rien de plus romantique qu’une croisière en dhow pour admirer le coucher du soleil.

Grâce à la protection offerte par la réserve marine et à la bonne volonté de quelques entrepreneurs soucieux de ne pas répéter les erreurs commises à Zanzibar, le développement touristique s’est fait d’une façon écoresponsable et socialement durable à Mafia. Toutefois, depuis quelques années, le gouvernement tanzanien – fort d’une série d’investissements chinois – veut attirer de plus en plus de touristes dans la région. Ceux qui souhaitent profiter des rives tranquilles de Mafia ont donc tout intérêt à le faire au plus vite.

REPÈRES

COMMENT Y ALLER ?

À l’heure actuelle, les touristes ne peuvent se rendre à Mafia que par la voie des airs, via Dar es Salam. Coastal Aviation offre deux vols par jour entre l’archipel et la capitale. Pour s’y rendre à partir de Montréal, il faut donc prévoir quelques escales.

QUAND Y ALLER ?

La période idéale pour visiter Mafia s’étend du début du mois de juin à la mi-octobre. Les mois de novembre, d’avril et de mai sont à éviter en raison des pluies diluviennes qui s’abattent sur la région. Pendant les mois d’hiver, la chaleur et l’humidité sont parfois accablantes.

OÙ LOGER ?

L’archipel de Mafia compte une quinzaine d’hôtels. La plupart sont relativement luxueux, fonctionnant souvent en pension complète, mais de plus en plus d’hôtels abordables ouvrent leurs portes. À noter : si votre hôtel est situé à l’intérieur des limites de la réserve marine, vous devrez payer une taxe de 20 $ US par nuitée.

DE BONNES ADRESSES

LOGEMENT : 

Chole Mjini, île de Chole

Kinasi Lodge, île de Mafia

PLONGÉE SOUS-MARINE : Big Blu

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