Opinion

Les versets contradictoires

Pourquoi l’islam est une religion de paix et son contraire

Nous avons encore eu droit cette semaine aux incontournables prétentions pacifiques des imams qui persistent à affirmer en nous regardant dans les yeux que l’islam est une religion de paix et d’ouverture. À juste titre, ces déclarations en font sauter plusieurs au plafond. Calmons-nous ici. En réalité, les imams ont à la fois tort… et raison. Explications.

Pour les musulmans, le Coran est la parole de Dieu telle que transmise en une série de « révélations » au Prophète Mahomet par l’intermédiaire de l’Archange Gabriel (ce même Archange décidément « multitâches » à qui le Dieu des chrétiens confia l’insémination de la Vierge Marie). Les mots ne suffisent pas à exprimer l’importance qu’a ce Livre sacré aux yeux des fondamentalistes musulmans.

La vie du Prophète se divise en deux grandes phases et ses révélations adoptent des tons radicalement différents pendant ces deux époques. Dans un premier temps, Mahomet vivait à La Mecque où il consacra environ quatorze années à convertir le peuple à l’Islam. Le Prophète de cette époque a une dimension quasi biblique et prêche des valeurs de tolérance et de générosité. Quelques versets du Coran témoignent de cette vision : 

« Nulle contrainte en religion… » (Sourate 2 : 256)

« Tu n’as pas pour mission d’exercer sur eux (les non-musulmans) une contrainte… » (Sourate 50 : 45)

L’année 622 marque un tournant décisif dans la vie de Mahomet. Sans entrer dans les détails, le Prophète s’affirma dès lors comme une figure politique puissante doublée d’un chef militaire redoutable. Les révélations qu’il dictera dorénavant n’auront plus grand-chose à voir avec les précédentes. Des exemples : 

« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier… » (Sourate 9 : 29)

« Tuez les associateurs où que vous les trouviez… » (Sourate 9 : 5)

La compilation des révélations dans le Coran fut un processus échevelé et complexe. On sait cependant que les sourates ne respectent pas un ordre chronologique. On les a simplement présentées en allant des plus longues aux plus courtes. On sait aussi que l’inquiétante Sourate 9 est tardive et remonte à l’époque de Médine.

Mais comment savoir quelle révélation privilégier ? Doit-on retenir les versets prônant l’ouverture aux autres religions ou les versets belliqueux ?

C’est ici qu’entre en scène le sacro-saint principe dit de « l’abrogation ». En gros, cet outil d’interprétation établit que des révélations faites plus tard dans la vie de Mahomet et contredisant des révélations précédentes ont préséance sur ces dernières. Pour qui en douterait, la « clause interprétative » est en toutes lettres dans le Coran : 

« Si nous abrogeons un verset quelconque ou que nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur… » (Sourate 16 : 106)

Ce caractère hybride du Coran explique en bonne partie les formidables divergences dans la famille islamique. Les bons musulmans, sensibles et tolérants (et heureusement majoritaires) appuient leurs croyances sur les premiers enseignements du Prophète. Mais pour peu qu’un musulman choisisse de prendre le Livre au pied de la lettre, il devient un djihadiste en puissance.

Puissante vectrice de division et de haine, la foi religieuse est directement responsable des événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et d’Ottawa. Et voilà qu’on rouvre les travaux à la Chambre des Communes par une prière. Merveilleux.

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