Opinions

Courrier

des lecteurs

En réserve

de la République

En 1946, Charles de Gaulle s’est mis en réserve de la République. En 1958, il est revenu sur le devant de la scène.

Après avoir fait un vigoureux post-mortem, le PQ ne devrait pas modifier sa raison d’être, son article premier. De même, Québec solidaire ne devrait pas abandonner l’un de ses fondements. L’attente sera frustrante, mais, comme peuple, on en a vu d’autres. Pas de panique ! De facto, le PQ et QS vont rejoindre sous ce rapport la CAQ, dont le moratoire sur la question nationale devra bien se terminer un jour.

D’ici là, Philippe Couillard va aller se colleter avec Ottawa et recueillir frustration sur frustration, que ce soit dans le dossier du péage sur le pont Champlain ou dans mille autres dossiers. Sa fierté canadienne va s’éroder au test de la réalité. Nous, les souverainistes, nous continuerons pendant ce temps à mettre de l’avant les vertus de l’indépendance, de façon confiante, sereine, tenace, modeste, sobre, délicate, feutrée, polie, retenue et réservée comme « en réserve de la République ».

— Jacques Fournier, Montréal

Redonner la dignité

M. Couillard a démontré, durant sa campagne, calme et dignité devant les coups bas qu’il recevait de toutes parts, ce qui est tout à son honneur. L’arrivée de nouveaux députés de part et d’autre de la Chambre doit être l’occasion de briser le ton acrimonieux qui s’est développé ces dernières années à l’Assemblée nationale sous Jean Charest et Pauline Marois et qui a grandement contribué au cynisme des Québécois. Quel spectacle désolant !

M. Couillard doit donner le ton, tant aux anciens qu’aux nouveaux élus de la Chambre. Il doit redonner de la dignité à la fonction des représentants du peuple et imposer un ton et un respect pour des échanges plus positifs et constructifs. Le peuple attend une intégrité professionnelle et intellectuelle de ses élus. Ces derniers ne sont pas là pour combattre et dénigrer l’adversaire, mais pour s’entendre et amener les Québécois vers un monde meilleur et plus prospère.

— Nicole Pagé, Saint-Germain-de-Grantham

Choisir ses défis

Les Québécois ne sont pas stupides. Ils savaient fort bien que, dans le contexte actuel, les chances que le PQ déclenche un référendum au cours d’un prochain mandat étaient minces. Mais ils savaient également que les ténors du PQ et leurs militants feraient tout pour pousser le Québec vers l’indépendance ou un succédané qui s’inscrirait dans le cadre de l’étapisme, auquel ils ont adhéré depuis la naissance de leur parti.

Les électeurs ont voulu avoir la paix et en finir avec une charte poussée à la limite, un livre blanc sur l’avenir du Québec qui aurait suscité des débats envahissant l’espace médiatique pendant des mois, les chicanes, les tactiques électoralistes, la manipulation.

Ils ont voulu se donner un gouvernement à plein temps. À voir la quantité de défis pressants auxquels est confronté l’État québécois, on ne peut leur donner tort.

— Serge Parent, Québec

Rêver d’un pays

Rêver d’un pays, ce n’est pas un mauvais rêve. Pour plusieurs Québécois de souche, c’est une aspiration toute légitime. Mais comme celui qui ramasse son argent pour faire le voyage de ses rêves, au lieu de sortir sa carte de crédit, retroussons nos manches, travaillons mieux et fort et redevenons une province riche. Nous avons un gouvernement majoritaire, qui a promis de s’occuper, entre autres, d’économie. Arrêtons de gaspiller nos talents et nos énergies dans des chicanes stériles. Mettons en commun les bonnes idées qui vont nécessairement jaillir des deux côtés de l’Assemblée nationale. Si ça va bien, peut-être qu’un jour nous pourrons envisager le grand voyage, si la chose est encore pertinente et nous intéresse.

— Richard Lassonde, L’Île-Bizard

Les veilles pantoufles

Jusqu’au bout, j’ai voulu croire à mon rêve de voir enfin les Québécois choisir le changement. Mais ils ont préféré laisser tomber une vieille pantoufle pour une plus vieille encore. Ils ont voté à l’instinct, sans réfléchir et donc au mépris des idées, pour la belle prestance d’un chef ou pour l’arrogance d’un opportuniste.

Bien au chaud dans leurs vieilles pantoufles et bien à l’abri devant leur écran plasma qui diffuse en continu des insignifiances télévisuelles, les Québécois ont perdu toute culture et conscience politique. Se sont-ils même seulement rendu compte qu’ils reportaient au pouvoir le même vieux parti qu’ils avaient mis à la porte il y a un an et demi ?

— Françoise Crassard, Montréal

Qu’est devenu mon peuple ?

Je ne suis pas le seul aujourd’hui à me poser des questions, c’est certain. Et je n’aurai pas de réponses satisfaisantes, de toute façon. Mon peuple me déçoit.

J’entends des absurdités dans les « vox pop » sur les chaînes d’information : « Mon père m’a appris qu’il fallait toujours voter libéral… c’est ce que j’ai fait ! »

Nous sommes incapables de réfléchir, de nous faire une opinion ? Où sommes-nous rendus ? Comment peut-on décider collectivement de voter de façon si inattendue ? Nous sommes tous responsables de cette situation et nous devrons tous vivre avec notre choix.

Il faut également s’interroger sur le rôle des médias, des sondages, des publicités auxquels nous sommes soumis continuellement et qui nous contrôlent, nous dirigent, nous orientent. Nous avons tous le droit absolu de faire un choix selon notre conscience, notre connaissance des faits. Est-ce ce que nous avons fait ce lundi ?

Tous, nous avons un examen très profond à faire. Quel que fût notre choix, notre vote, il nous faut réfléchir, et sérieusement à notre comportement collectif.

— Jean Patry

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