Couple

Qui soutiendra
les vieux divorcés ?

Après 42 ans de mariage, les parents de Stéphanie (prénom fictif) ont divorcé. « Mon père allait prendre sa retraite, explique-t-elle. Il allait passer plus de temps avec ma mère, alors que
ça faisait à peu près 25 ans que ça n’allait pas entre eux. »

Deux ans plus tard, la trentenaire constate que le divorce de ses parents a « brassé toute la dynamique familiale ». Les trois enfants de la famille voient désormais beaucoup moins souvent leur père. « La relation avec mon père, ça passait par ma mère, précise-t-elle. On n’a jamais tissé de liens avec lui. »

Toujours dans la soixantaine, les parents de Stéphanie sont heureusement en bonne santé. Aucun des deux ne s’est encore remis en couple. « C’est sûr qu’on pense au moment où on va devoir les prendre en charge », dit la jeune femme.

BEAUCOUP SUR LES ÉPAULES
DES ENFANTS

Les enfants de divorcés vieillissants auront, en effet, « à partager ressources, temps et efforts entre les ménages de leurs deux parents, sans compter le ou les ménages des parents de leur conjoint, lit-on dans une étude parue dans la Revue internationale d’études canadiennes. Seront-ils capables d’assumer cette tâche, d’autant plus qu’ils viennent de fratries réduites ? »

Et s’ils en sont capables, en auront-ils envie ? Contrairement au veuvage, le divorce a « un effet négatif sur la fréquence des contacts et de l’aide fournie par les enfants aux parents âgés », selon des études menées aux Pays-Bas.

Relativement peu touchés par le divorce, la très grande majorité des vieillards d’aujourd’hui ont au moins deux frères ou sœurs et une descendance passablement large, notent Céline Le Bourdais et France-Pascale Ménard, sociologues de l’Université McGill, dans un article paru dans les Cahiers québécois de démographie en 2012. Quand leur union prend fin – généralement après un décès –, ils peuvent se tourner vers le reste de leur famille pour du soutien.

L’AVENIR DES BABY-BOOMERS

« La situation paraît beaucoup moins claire pour les personnes âgées de demain, les baby-boomers qui sont aujourd’hui à l’aube de la retraite », soulignent les sociologues. Porteurs des grands changements familiaux enclenchés il y a 40 ans, ces baby-boomers amorcent, en plus, leur vieillesse au moment où les gouvernements tentent de freiner la progression des coûts en santé.

Peut-être compteront-ils sur leur nouveau « chum » et leur nouvelle « blonde » quand ils auront besoin d’aide, autour du seuil de 75 ans ? « Si vous êtes en union depuis un ou deux ans, et que l’autre tombe malade, je ne suis pas sûre que vous allez avoir la même envie d’être là pour en prendre soin que si vous étiez depuis 25 ans avec cette personne », observe Mme Le Bourdais.

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