Service rapide par bus

Des soumissions de plus de 2 millions pour la première station

La première station « prototype » du futur Service rapide par bus (SRB) du boulevard Pie-IX, dans l’est de Montréal, coûtera plus de 2 millions à construire, s’il faut en croire les résultats d’un appel d’offres récent mené par l’Agence métropolitaine de transport (AMT).

Trois entreprises de construction ont déposé des soumissions et demandent des prix allant de 2,1 à 2,6 millions pour la construction de ce grand abribus de près de 40 mètres de long qui sera érigé en plein centre du boulevard Pie-IX, à la hauteur de la rue d’Amos, dans l’arrondissement de Montréal-Nord.

La première station du SRB sera construite à seulement quelques dizaines de mètres au sud du nouveau carrefour des boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa, dont on célébrera en fin de semaine la fin des travaux. Cette intersection a été complètement réaménagée, à plat, au coût de 54 millions et inclut une emprise centrale réservée exclusivement aux autobus, en vue de l’implantation du futur SRB Pie-IX.

La station Amos, que l’AMT souhaite construire d’ici l’été 2016, servira de prototype aux 16 autres gares projetées sur le parcours du futur SRB dont la mise en service est prévue, progressivement, à compter de 2017. Le projet entier ne sera complété qu’en 2020.

Selon la porte-parole de l’agence responsable du projet SRB, Mme Fanie St-Pierre, la station Amos permettra de mettre à l’essai des équipements dont seront dotées les stations SRB (valideuses de titres, embarquement des deux côtés de l’abri, dalles chauffantes pour la fonte de la neige) et de sonder les opinions et attentes des usagers avant de déployer les 16 autres gares.

L’appel d’offres public pour la construction de ce « prototype grandeur nature » a été lancé en juillet. Les soumissions ont été ouvertes le 27 août. L’entreprise Emcon, de Laval, a proposé le prix le plus bas, à 2,1 millions. Les autres soumissions s’élèvent à 2,28 et 2,65 millions.

À l’AMT, les propositions déposées « sont toujours sous analyse », et le contrat n’a pas encore été attribué. Pour ces raisons, la porte-parole de l’agence responsable du projet SRB a indiqué que l’AMT ne commentera pas le coût des trois propositions reçues.

PRÈS DE 40 MÈTRES DE LONG

Ce grand projet de transport collectif, annoncé en 2009, devait être mis en service en 2013, au plus tard, mais il a été plombé par des retards, des études interminables et une mésentente entre les nombreux partenaires.

Il s’agit d’un service d’autobus rapide projeté dans l’axe du boulevard Pie-IX et de la route 125, qui s’étendra de l’autoroute 440, à Laval, jusqu’à la station de métro Pie-IX, dans l’est de Montréal, près du Stade olympique. Il comptera 2 stations à Laval et 15 dans sa portion montréalaise.

À Montréal, entre la station Pie-IX et le boulevard Henri-Bourassa, les bus rouleront principalement dans la voie de gauche du boulevard Pie-IX. Ils ne se rangeront pas à droite pour aller prendre les passagers à l’arrêt. Les passagers monteront dans les bus à partir de stations aménagées dans le terre-plein central du boulevard.

La station Amos sera la première du genre.

Selon les documents de soumission pour un « prototype grandeur nature », le contrat prévoit « la construction générale d’un abribus de type C (ayant 2,8 mètres de largeur) et de 38,75 mètres de longueur situé sur le boulevard Pie-IX ».

Le grand abribus vitré et éclairé pourra accueillir de 95 à 105 usagers à la fois dans sa zone d’attente. Il sera équipé de panneaux d’information en temps réel sur les temps d’attente des autobus, de valideuses pour les titres de transport et d’une distributrice de billets (ces équipements ne sont pas inclus dans le contrat de construction, qui prévoit toutefois les installations nécessaires à leur implantation).

La dalle en béton sera « chauffante » pour faire fondre la neige et faciliter l’entretien hivernal intérieur. La station sera pleinement accessible aux personnes à mobilité réduite et son plancher sera fait de tuiles pododactiles, à la surface très texturée, afin qu’elles soient facilement reconnaissables au contact même pour une personne aveugle.

Le contrat prévoit aussi plusieurs aménagements de sécurité reliés à l’emplacement particulier de la station, au centre du boulevard. Ces aménagements incluent, entre autres, des glissières de béton avec garde-corps de chaque côté des stations, des clôtures le long de l’édicule et autour du terre-plein central.

RIEN DE COMPARABLE

Ne serait-ce qu’en termes de longueur – presque 40 mètres –, il n’existe pas d’autres abribus comparables sur les réseaux d’autobus publics du Québec. La station Amos serait aussi le premier abribus, si particulier soit-il, dont le coût dépasse les 2 millions.

Le coût d’un abribus conventionnel, selon des recherches sur le Système électronique d’appel d’offres (SEAO), peut s’élever de 5000 à 8000 $ pour un modèle minimal à quelques dizaines de milliers de dollars pour les abribus plus modernes et plus fonctionnels, de conception récente.

En juin dernier, la Société de transport de l’Outaouais a conclu un contrat de quatre ans pour l’acquisition de 49 abribus, dont deux abribus tempérés (avec chauffage), pour un montant de 756 000 $.

En août, le Réseau de transport de la Capitale (RTC), à Québec, a signé un contrat de près de 5 millions pour l’aménagement de 250 nouveaux abribus sur une période de cinq ans. Certains de ces abribus « quadruples » feront 12 mètres de longueur, mais il n’a pas été possible de connaître le coût spécifique de ces grands abribus du RTC.

Le RTC a aussi aménagé ces dernières années plusieurs stations et abribus tempérés, fermés et « chauffés », où la température est maintenue au-dessus de 5 °C afin de permettre aux usagers d’attendre leur autobus dans des conditions plus confortables, quand il fait moins 20° dehors.

Une de ces stations est présentement en construction à l’angle de la 1re Avenue et de la 41e Rue dans l’arrondissement de Charlesbourg, à un coût de 745 000 $. Sa superficie intérieure de 25 mètres carrés, beaucoup moins importante que celle de la future station Amos, rend toutefois les comparaisons hasardeuses.

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