Alexander Radulov

Spectaculaire jusqu’à la fin

Comme le héros dans un film d’action, Alexander Radulov a le don de quitter la scène de façon mémorable.

Il est parti une première fois de Nashville en 2008 pour la KHL, même s’il lui restait un an de contrat. Il a quitté le Tennessee une deuxième fois en 2012, cette fois après avoir enfreint le couvre-feu des Predators en plein deuxième tour des séries éliminatoires.

Et hier, il a quitté le Canadien pour les Stars de Dallas en prenant bien soin d’expliquer dans les moindres détails, en téléconférence, tout le processus de négociations qui a mené à son entente de cinq ans et 31,25 millions de dollars. Chose que les intervenants du monde du hockey ne font jamais, du moins en public.

« Montréal m’offrait trois ou quatre ans, je voulais cinq ans, mais ils n’ont pas voulu », a-t-il lancé, avant d’ajouter plus de détails en fin de conférence.

« Après que j’ai dit oui aux Stars, mon agent m’a appelé pour me dire que Montréal offrait le même contrat. J’ai refusé, car j’avais déjà accepté l’offre des Stars, et ç’aurait été injuste pour eux. »

— Alexander Radulov

Aussitôt, le service des communications du Canadien a répliqué, faisant savoir que Marc Bergevin avait déposé à Radulov une offre semblable à celle qu’il a signée à Dallas, offre qui a été sur la table pendant plusieurs jours.

Il semble finalement que le portrait soit plus nuancé. L’offre de cinq ans a bel et bien été formulée, mais le Tricolore l’a retirée quand Radulov a informé l’équipe de son désir d’attaquer le marché des joueurs autonomes. Selon Sportsnet, Radulov visait d’abord un pacte de sept millions de dollars par année, ce qu’il souhaitait obtenir sur le marché. À partir de ce moment, le camp Radulov tenait pour acquis que l’offre du CH était retirée.

Or, cette offre est réapparue dimanche après-midi, et c’est possiblement pourquoi Bergevin a affirmé que c’était « premier arrivé, premier servi » entre Radulov et Andrei Markov. Mais il était trop tard. Radulov avait déjà parlé à Jamie Benn, l’attaquant-vedette des Stars, qui lui a vanté la ville et l’organisation.

« Quand on vieillit, on veut tous un peu de stabilité, a expliqué Radulov. Je voulais un contrat à plus long terme, mais au bout du compte, j’apprécie vraiment la chance que le Canadien m’a donnée. […] Pendant la saison, je pensais que la décision de rester à Montréal serait facile, parce qu’on avait des mois pour se parler. Mais finalement, j’ai testé le marché, et je suis content de l’avoir fait. »

« Désiré » à Dallas

À plusieurs reprises, Radulov a souligné le fait qu’il se sentait « désiré » à Dallas. De l’extérieur, la relation semble plus harmonieuse qu’avec le Canadien, si on se fie aux signes évidents d’impatience que Bergevin a laissé paraître dans son point de presse de dimanche.

Radulov a aussi reconnu que les récentes acquisitions des Stars (le gardien Ben Bishop, le défenseur Marc Méthot, l’attaquant Martin Hanzal) lui avaient inspiré confiance.

« Tu veux toujours jouer avec les équipes qui ont une chance de gagner. J’ai vu ça avec les Stars, a-t-il dit. Ils viennent de connaître une saison difficile. Mais ils ont deux gars [Benn et Tyler Seguin], plus [Jason] Spezza, [John] Klingberg, un gardien [Bishop], un autre centre [Hanzal]. Ils ont bâti leur équipe pour gagner. En ce sens, c’était une décision facile. »

Bon ou pas bon pour le Canadien ?

Comme Bergevin était prêt à consentir à Radulov le contrat qu’il a finalement signé en tant que joueur autonome, on peut affirmer que l’attaquant lui a glissé entre les doigts au jeu de la négociation.

C’est donc dire qu’à moins d’une transaction, le seul changement dans les deux premiers trios du CH sera Jonathan Drouin qui remplacera Radulov.

Sur papier, le Canadien ressort gagnant, puisqu’il obtient un joueur plus jeune de neuf ans, à 750 000 $ de moins par saison, pour une saison de plus. Mais le changement est venu à fort prix : le défenseur Mikhail Sergachev, meilleur espoir de l’organisation, offert au Lightning de Tampa Bay pour Drouin. Et le top 6 n’est pas amélioré pour autant.

Pour une organisation aussi pauvre en espoirs de premier plan, c’est là un prix non négligeable.

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