La maison à toute épreuve

Bien gérer les infiltrations futures

Devant les rigueurs des éléments, tous les bâtiments ne sont pas égaux. Nous avons suivi de près la construction d’une maison le mieux adaptée possible aux caprices du climat. Visite de chantier.

Tôt ou tard, de l’eau des précipitations franchira le revêtement extérieur. Trouvera-t-elle un chemin pour en ressortir rapidement ou restera-t-elle prisonnière des murs assez longtemps pour que prolifèrent des moisissures ? Cette semaine, l’entrepreneur Éric Robert nous révèle les détails d’une maison conçue pour évacuer rapidement toute l’eau qui pourrait pénétrer dans les murs lors d’événements météorologiques intenses.

Les pluies diluviennes ont été fréquentes cet été. De l’eau s’est infiltrée dans les maisons par les revêtements extérieurs, de même que par les portes et fenêtres et leurs cadrages. C’est peut-être même arrivé chez vous sans que vous vous en rendiez compte, les gouttes ne s’étant pas rendues jusque dans les aires habitables.

Où est allée cette eau qui a franchi les premières barrières de protection ? Si la maison a été bien construite, elle en est ressortie quelques minutes plus tard. Dans bien des cas, cependant, elle n’a eu d’autre choix que d’imbiber les matériaux.

Aucun revêtement extérieur n’est complètement étanche. Sous la pluie, les briques des murs de maçonnerie se gorgent d’eau, et la pression du vent peut la faire perler sur leur face intérieure. Les bardages d’aluminium, de vinyle ou d’autres matériaux peuvent laisser passer de la pluie par des interstices, surtout lorsqu’elle est poussée par des vents puissants. Et sur chaque maison, il y a des défauts d’assemblage dans les revêtements extérieurs, qui sont autant de portes d’entrée pour l’eau.

Derrière le revêtement doit se trouver un jeu d’air (la cavité de drainage), interrompu par des lattes de bois verticales (les fourrures). Derrière ce jeu d’air se trouve une toile pare-intempéries, sur laquelle l’eau peut glisser vers le bas.

Dans le passé, beaucoup d’entrepreneurs ont placé des fourrures à l’horizontale au bas des murs et au-dessus des fenêtres. Erreur. Tirée par la gravité, l’eau qui pénètre est bloquée par ces obstacles horizontaux, qui empêchent aussi la circulation d’air dans les murs. « L’humidité est emprisonnée, et ça fait gondoler les revêtements extérieurs », explique Éric Robert.

L’eau qui réussit à pénétrer doit pouvoir glisser jusqu’au bas du mur. Sur les revêtements de maçonnerie, elle en ressort par des chantepleures (des fentes verticales dans le mortier, toutes les trois briques). Avec les autres types de parement, la cavité de drainage doit se terminer par un espace entre le bas du revêtement et la fondation. Mais qu’arrive-t-il quand l’eau se bute au sommet d’une porte ou d’une fenêtre ?

PORTES ET FENÊTRES

« On a beaucoup défait de fenêtres dont le cadrage était pourri et infesté de fourmis charpentières », dit Éric Robert, dont l’entreprise accepte parfois des mandats de rénovation.

Les portes et fenêtres sont les points faibles de l’enveloppe du bâtiment. Quand ils sont mal installés, l’eau s’infiltre par les cadrages. Trop d’entrepreneurs se fient entièrement au calfeutrant pour stopper l’eau. Le jour où ils se fendillent et l’eau pénètre, la pourriture s’y met en peu de temps.

Avant d’installer les portes et fenêtres, Éric Robert place une membrane autocollante de 10 cm sur tout le pourtour des ouvertures dans la structure qui serviront à les accueillir. « L’air et l’eau ne peuvent plus du tout passer par ici », dit-il.

L’assemblage du solin qui coiffe les portes et fenêtres est plutôt complexe. Sous forme de tôle ou de membrane, le « solin de tête » dirige l’eau qui viendrait de la cavité de drainage vers un larmier d’où elle s’égouttera suffisamment loin de la surface de la fenêtre.

Les experts de la Garantie de construction résidentielle (GCR) ont émis des directives très précises au sujet de l’assemblage des solins au-dessus des ouvertures dans les murs extérieurs. Les diagrammes fournis sont clairs, mais pour plusieurs entrepreneurs, il s’agit de nouvelles pratiques à maîtriser.

Notre maison à toute épreuve est maintenant prête à recevoir ses revêtements de finition extérieurs et intérieurs. Tout ce que nous avons exposé dans cette série sera bientôt caché. Entre l’excavation du site et la remise des clés aux nouveaux propriétaires, il se sera écoulé à peine 45 jours.

1. Membrane solin

Une membrane autocollante d’une largeur 25 cm est apposée au-dessus des ouvertures des portes et fenêtres, pour former un solin. Si de la pluie pénètre dans le mur, elle glissera sur la membrane puis s’égouttera à l’extérieur par un larmier.

2. Ruban rouge, ruban argenté

À l’aide de ruban Tuck Tape, la toile pare-intempéries est fixée à la structure des murs autour des ouvertures des fenêtres. Ensuite, une membrane à dos d’aluminium viendra recouvrir les deux côtés et le bas de la fenêtre.

3. Une pente sous les fenêtres

Dans les murs assemblés en usine, le bas des ouvertures pour les fenêtres affiche déjà une pente de 6 %. En chantier, cette pente est recouverte d’une membrane, puis d’une allège en aluminium ou en béton.

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