On a réponse à tout... Ou presque

Le général Noriega poursuit une société de jeux vidéo

Un dialogue (un brin) impertinent sur un enjeu d’actualité.

L’ancien dictateur du Panama n’aime pas la façon dont il est dépeint dans le sanglant jeu Call of Duty : Black Ops II, où il est traqué par la CIA. 

Manuel Noriega est toujours vivant ?

Oui. L’ancien tyran du Panama est emprisonné dans son pays. Il est âgé de 80 ans. Ah oui, et il est furieux de la façon dont le jeu vidéo hyperviolent de tir en vue subjective Call of Duty : Black Ops II le dépeint comme étant « coupable de nombreux crimes haineux fictifs », incluant des enlèvements et des meurtres. Il a déposé une poursuite devant la Cour supérieure du comté de Los Angeles cet été. 

Wow, ce jeu va lui faire une sacrée réputation…

N’est-ce pas ? Cet ancien dictateur, accusé d’avoir assassiné des opposants politiques, arrivé au pouvoir par diverses machinations en 1983 et coupable de trafic de drogue et de corruption, se soucie de l’image qu’il laisse aux générations futures.

C’est son droit le plus strict !

Activision Blizzard, la société qui édite le jeu, a aussi des droits… Comme celui de la libre expression… La firme a retenu cette semaine les services de l’avocat et ancien maire de New York, Rudy Giuliani, pour la représenter dans cette affaire.

Qu’est-ce qu’il dit, Giuliani ?

Selon lui, la position de Noriega est « absurde ». Activision a dit dans une déclaration que son jeu était basé sur des événements réels, et que la poursuite « aurait un effet dissuasif clair » pour les sociétés de jeux et de films travaillant à représenter des personnages et des événements historiques.

Quel personnage, ce Noriega ! Comment des gens ont-ils pu le soutenir à l’époque ?

Noriega a été entraîné par la CIA, avec qui il était sous contrat de la fin des années 50 jusqu’à la fin des années 80.

Pourquoi les États-Unis étaient-ils associés à pareille crapule ?

Noriega promettait de s’attaquer à la « menace communiste » en Amérique latine, et de garder le canal de Panama ouvert et libre. En contrepartie, les États-Unis fermaient les yeux sur ses violations des droits de l’homme et son implication lucrative dans le trafic de cocaïne. Ses méthodes brutales et l’assassinat d’un soldat américain au Panama ont poussé George Bush père à ordonner l’invasion de Panama, en 1989.

Est-ce que tout cela est expliqué dans le jeu vidéo ?

Oui.

C’est vrai ?

Oui. Dans le jeu, Noriega aide la CIA à traquer des terroristes, mais il passe à l’ennemi en cours de route et l’un des buts du jeu est de le capturer. 

Le jeu a-t-il été programmé par l’universitaire Noam Chomsky, grand critique de l’impérialisme américain ?

Non. S’il l’avait été, il serait mentionné que l’invasion américaine à Panama a fait de 2500 à 3000 victimes civiles. L’invasion avait été menée par le secrétaire de la Défense de l’époque, Dick Cheney.

J’aimerais bien voir un jeu vidéo mettant en vedette Dick Cheney.

Ne retenez pas votre souffle.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.