Couple

Comprendre le coup de foudre

Pour mieux gérer le coup de foudre quand il se présente, des experts décryptent cette sensation envoûtante, encore mystérieuse, que chercheurs et cliniciens continuent d’analyser pour mieux comprendre.

Le coup de foudre, c’est scientifique ! Eh oui, il n’est pas tant une affaire de cœur, mais bien une affaire de tête. Sans qu’on s’y attende, lorsqu’on rencontre cette personne « qui nous rend fou », il se produit une forte réaction chimique dans le cerveau. Le corps produit entre autres des dopamines, de l’ocytocine et des endorphines, soit des « hormones du bonheur et du plaisir ». « La sensation est tellement forte que c’est comme une drogue », affirme le sociologue Michel Dorais. Et on en devient vite dépendant. Des détails physiques, psychologiques et même olfactifs de la personne rencontrée provoqueraient « cette explosion chimique amoureuse ».

Obsession 

« On devient monomaniaque. On pense, on fantasme et on rêve à cette personne tout le temps. On perd tout sens commun, toute objectivité. Notre vie devient désorganisée. On est déstabilisé, mais agréablement déstabilisé », précise Michel Dorais. Autres symptômes : tremblements, augmentation du rythme cardiaque, papillons dans le ventre, transpiration et bouche sèche. « Dans les jours et semaines suivant un coup de foudre, on a tendance à s’isoler, à perdre l’appétit et l’intérêt pour les choses qu’on aime faire. On s’accomplit moins au travail ou dans nos études, comme si l’autre occupait tout l’espace », ajoute la sexologue Geneviève Parent.

Idéalisation

« L’amour rend aveugle », dit-on. C’est d’autant plus vrai dans un coup de foudre, car on idéalise l’autre et la relation qu’on pourrait avoir ensemble. « La personne nous semble parfaite et c’est le piège », avise Michel Dorais. D’ailleurs, cette période d’idéalisation ne dure pas. « Quand l’autre commence à faire partie de notre quotidien, qu’on voit ses qualités et ses défauts, le coup de foudre diminue et on sort de la phase d’idéalisation », explique la sexologue Geneviève Parent.

Rare

Selon les experts, rares sont ceux qui vivront le véritable coup de foudre dans leur vie. Et sa réciprocité est encore plus rare. « Le phénomène ne se provoque pas tant que ça. Il faut se retrouver devant quelqu’un qui nous inspire, qui nous fait fantasmer et pas seulement sexuellement. Ce n’est pas tout le monde qui nous fera un tel effet. Dieu merci, on n’a pas des coups de foudre tous les jours, sinon, on serait complètement désorganisé ! », lance Michel Dorais. Mais ceux qui ont vécu l’intensité d’un tel choc amoureux en restent marqués.

Hasard ou prédisposition ? 

Si le hasard y est pour beaucoup, d’autres éléments entrent en compte. « On vivra souvent un coup de foudre quand ça va mal, quand on espère que quelque chose arrivera, car on est plus disponible et ouvert », explique le sociologue. C’est aussi le cas lorsque la relation de couple se porte moins bien. Il reste que le coup de foudre peut tomber sur n’importe qui, n’importe quand.

Infidélité

Que faire quand on éprouve un coup de foudre alors qu’on est déjà en couple ? Près d’une personne sur deux décide d’être infidèle, constate le psychologue et sexologue Michel Campbell. Il est très tentant de succomber à l’intensité du désir, « car on devient vraiment psychologiquement instable, obsédé et troublé par l’autre », souligne-t-il.

« Si ce n’est pas un sentiment amoureux qui maintient le couple, mais plutôt la famille ou les enfants, certains vont se permettre de vivre l’aventure », dit-il. Mais avant de passer à l’acte, mieux vaut bien analyser les conséquences. « Pour quelques moments d’intensité, le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle », prévient Michel Campbell, qui souligne d’ailleurs que plusieurs regrettent d’avoir succombé.

Lutter contre le coup de foudre

Pour préserver leur couple, leur famille ou leur travail, d’autres décideront de lutter contre le phénomène. Ce qui est beaucoup plus difficile. Comment faire quand on pense sans arrêt à l’autre ? Qu’on rêve à ses étreintes et à son odeur ? « Il faut savoir que, généralement, ça va passer », répond Michel Campbell. D’abord, on évite de se mettre en position de vulnérabilité. La clé : on s’arrange pour minimiser les contacts avec la personne qui nous fait chavirer. « Car plus on la voit, plus on risque de succomber », dit-il.

Et l’amour ?

Si deux personnes ressentent mutuellement le coup de foudre et sont disponibles pour le savourer, « alors là, c’est extraordinaire », lance le psychologue et sexologue Michel Campbell. Le coup de foudre peut se transformer en amour si on souhaite conserver un peu de rationalité, que l’on décide de le travailler, d’accepter que l’intensité va diminuer et que l’autre a des défauts. Une relation qui a commencé par un coup de foudre sera-t-elle plus solide ? Pas nécessairement, répondent les experts. Car après un certain temps, le couple fera face aux mêmes problèmes que les autres. « Mais c’est sûr que, lorsque le degré d’attirance sexuelle est assez élevé dans le couple, c’est un bel atout », soutient Michel Campbell. Même si cette attirance s’estompe avec les années, il est possible qu’elle soit réciproquement élevée, même après 25 ans de vie commune. « C’est rare, mais ça arrive », dit-il. Et dans ce cas, alors oui, on pourra dire que le couple est bien chanceux d’avoir été frappé par la foudre !

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