La question du proprio
Des murs préfabriqués pour un agrandissement ?
La Presse
Peut-on utiliser des murs préfabriqués lorsqu’on réalise un agrandissement ? Certainement, et même des modules entiers faits en usine ! Toutefois, la décision « préfab » se prend au cas par cas, soutiennent les fabricants. Dans les projets de faible envergure, l’économie associée à la préfabrication ne contrebalance pas toujours les coûts de transport et de la grue de chantier.
Mais le contraire se voit aussi. Dans un lieu densément construit, déposer un cubicule exactement sur son terrain, en enjambant un bâtiment grâce au long bras mécanique, peut s’avérer la meilleure solution.
L’avantage du préfabriqué repose, entre autres, sur le coût de la main-d’œuvre en usine, presque deux fois moindre, car il n’est pas soumis au Décret de la construction. « Un menuisier sur le chantier coûte environ 55 $ l’heure à son entrepreneur [avec les avantages sociaux], comparativement à 25 $ en usine, pour un travailleur d’expérience », observe Isabelle Gauthier, présidente de Concept Mat, une entreprise de Matane qui fabrique des murs, des fermes de toit, des poutrelles de plancher, des portes et des fenêtres.
D’autres avantages caractérisent les éléments produits en usine : montage à l’abri des intempéries, économie de temps (moins d’un jour de chantier), travail automatisé donc plus précis, moins de rebuts, plus de recyclage, moins de risques d’accident et de surprise et, bien souvent, une qualité supérieure en ce qui concerne l’isolation, l’étanchéité et l’acoustique.
Chez Concept Mat, qui a des installations de production à Napierville, les agrandissements représentent environ 15 % du carnet de commandes : porches, étages supplémentaires, solariums… « Des particuliers, mais aussi de plus en plus d’entrepreneurs, font affaire avec nous », rapporte Isabelle Gauthier. On peut compter 3000 $, par exemple, pour la livraison d’un vestibule de 1,80 m sur 3 m (6 pi sur 10 pi) comprenant trois murs, les poutrelles de plancher et les fermes de toit. Le client se charge des fondations et de la finition.
Chez Adcom construction, à Rougemont, les murs usinés destinés à un agrandissement représentent environ 5 % de la clientèle. « Nous prenons les mesures sur le chantier et nous faisons nos dessins techniques en conséquence, explique Benoît Lussier, président. Pour chaque agrandissement, nous avons des plans d’architecte ou de technologue, et pour chaque mur, un plan d’atelier, que les travailleurs suivront en détail. »
Dany Bonneville, président des Industries Bonneville, estime que ses constructions usinées « coûtent de 10 à 15 % moins cher que leurs pareilles montées sur chantier. Plus le travail est fait en usine, plus c’est avantageux ». Les modules Bonneville font jusqu’à 4,9 m (16 pi) de largeur et 21,3 m (70 pi) de longueur. Ils peuvent convertir, par exemple, une résidence familiale en maison bigénérationnelle.
Chez Demtec, les agrandissements de maison comptent pour moins de 1 % du carnet de commandes, empli surtout par des entrepreneurs en condos ou en immeubles résidentiels.
« Pour un agrandissement d’envergure, cela vaut la peine, convient toutefois Philippe Picory, président de Demtec. C’est plus rentable de transporter 800 pi de murs sur un même camion que 3 murs de 12 pi. »
Pour greffer la nouvelle partie à la maison existante, on enlève le revêtement de cette dernière à l’emplacement de jonction.
« Les anciens bâtiments ne sont pas toujours d’équerre, fait observer Benoît Lussier, alors on laisse un espace entre l’ancien et le nouveau, espace qu’on bouchera avec de l’uréthane giclé. »