Capacités militaires

La Chine
exhibe ses muscles

Une armée plus « offensive », prête au combat… et capable d’être coordonnée depuis l’espace. C’est ce que la Chine a dit souhaiter cette semaine en annonçant la fusion de son armée
de l’air et de son programme spatial. La semaine dernière, ce sont les ambitions navales du pays
qui ont fait la manchette alors que le tout
premier porte-avions chinois a suscité l’intérêt
du Pentagone. Qu’est-ce que ça veut dire ?
La Presse fait le point.

Pourquoi la Chine fusionne-t-elle son armée de l’air et son programme spatial ?

En faisant cette annonce, le président Xi Jinping a dit vouloir développer « un nouveau type de force de combat » et viser « l’équilibre entre les opérations défensives et offensives ».

« Dans la nouvelle guerre d’aujourd’hui, il est clair que la combinaison des deux secteurs va maximiser la capacité de frappe et de défense. Arrimer le système balistique avec les signaux des satellites, par exemple, est un grand avantage que la Chine ne peut pas utiliser aujourd’hui », commente André Laliberté, professeur au Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité de l’UQAM.

Les États-Unis ont aussi intégré leur armée de l’air à leur programme spatial en 2000.

La Chine a toujours affirmé développer son programme spatial à des fins pacifiques. « Mais nous nous devons d’avoir la capacité de faire face aux opérations des autres dans l’espace », a dit Wang Ya’nan, un éditeur de magazine spécialisé cité par les agences de presse officielles chinoises.

Que cherche la Chine en faisant publiquement une telle annonce ?

André Laliberté, de l’UQAM, y voit trois messages. « D’abord, d’un point de vue international, c’est une façon de dire aux Américains et aux autres pays asiatiques que la Chine sera éventuellement capable de rivaliser avec la puissance militaire américaine. Ce n’est pas nécessairement un avertissement, mais ça augmente la force de négociation.

Ensuite, d’un point de vue régional, la Chine veut établir sa puissance dans le bassin pacifique, où les Américains agissent actuellement comme arbitres. La Chine a des revendications territoriales sur les îles Diaoyutai, que les Japonais appellent Senkaku, et entretient d’autres contentieux historiques avec le Japon. Mais elle n’a pas la capacité de dicter l’agenda sur ces enjeux et veut changer cette situation.

Finalement, ce type d’annonce est aussi destiné à la consommation intérieure chinoise, qui carbure beaucoup au nationalisme. Ça consolide l’image du Parti. »

Est-ce la seule démonstration de force récente de la Chine ?

Non. Signe que les Américains s’inquiètent de la puissance chinoise, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a insisté la semaine dernière pour visiter le tout premier porte-avions de la marine chinoise, inauguré en 2012.

« Nous avons sollicité [cette visite] et ils l’ont accordée », a déclaré à l’AFP un responsable américain.

M. Hagel en a profité pour mettre en garde Pékin contre toute action unilatérale destinée à régler ses conflits territoriaux.

La Chine compte se doter de quatre porte-avions d’ici six ans, une décision qui en dit long sur ses intentions.

« Un porte-avions, ça ne laisse aucun doute : c’est offensif, commente André Laliberté. Ça vise à amener et ravitailler des avions dans des régions éloignées de la terre ferme. Ça n’a rien à voir avec des ambitions défensives. »

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