QUELLE SAGESSE ?

Résistance

Coupez là où le bât blesse ! Non chez les pauvres, les aînés, les enfants.

Bang ! Ce que l’on craignait le plus est en train de se produire. On va perdre le peu qu’on a gagné. Il n’y a plus de garanties de rien.

Je suis parfaitement consciente que les temps changent, que rien n’est plus comme avant. Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas s’en rendre compte.

Grisés par la facilité, on s’est laissé aller à satisfaire nos petits besoins de confort. Fallait dépenser pour faire mousser l’économie, dictait le gouvernement. On a dépensé beaucoup pour lui faire plaisir, pour avoir de belles maisons, des frigidaires bien remplis, des garde-robes bien garnies, des cinémas maison ! On a manqué de vigilance. La gangrène s’est infiltrée dans nos fondations et nos valeurs.

La classe moyenne a perdu pied après s’être fait promettre mer et monde.

Les pauvres se sont appauvris et les riches ont gagné du terrain.

« Je ne sais plus, je ne sais plus rien. » J’ai passé la semaine à me répéter cette phrase. Dehors, le même discours : la peur de tout perdre, l’incertitude du lendemain, la misère qui rôde autour comme un vieux loup déterminé à ne pas lâcher sa proie.

Les mots entendus : couperet, couteau, hache, guillotine. Coupe, on coupe, on va couper ! En une semaine, le scénario s’est développé en accumulant les images de misère. On s’est retrouvé dans un film d’horreur mettant en vedette trois médecins. Le Dr Couillard est neurochirurgien. Il a l’habitude du bistouri. Les deux autres en rêvent peut-être !

Ils viennent couper dans notre cour, dans celle des écoles de nos enfants. L’aide aux devoirs ! J’ai tenté de comprendre comment on pouvait couper dans ce programme, n’y suis toujours pas arrivée. En quoi cela empêche-t-il le gouvernement d’équilibrer son budget ? C’est une blague ! Il y a des soupers, des limousines, des salaires, des voyages, des cadeaux qui doivent coûter un peu plus cher que d’aider un enfant à faire ses devoirs ?

Les parents travaillent pour arriver à joindre les deux bouts, pour payer les taxes qui n’arrêtent pas de monter. Seront-ils obligés de quitter leur travail à 15 h pour aller chercher les enfants ? C’est vrai que l’instruction n’est plus si importante. Pourquoi les aider à faire leurs devoirs, sous surveillance, s’ils peuvent se rabattre sur leur téléphone intelligent pour envoyer des textos aux amis, jouer à des jeux en anglais sur le web et regarder des films pornos, pour préparer convenablement leur avenir ?

Je pourrais continuer avec le réseau de la santé et des services sociaux offerts aux aînés, aux handicapés et aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Mon Dieu, qu’est-ce qu’on va faire d’eux autres ? Où les « parker » pour que ça coûte moins cher ?

Dans quoi couper quand on n’a plus de jambes, plus de tête et qu’on est trop vieux pour riposter.

Alors, coupons dans la bonne vieille culture et fermons ces conservatoires qui ne servent pas à grand-chose. On commence à en avoir assez des artistes qui sont toujours en train de chialer contre le gouvernement. On pourrait leur fermer la gueule en fermant leurs écoles. C’est simple, fallait juste y penser.

Quand tout sera fermé, compressé, étouffé et que ces messieurs rêveront encore de gagner la médaille d’or aux Jeux olympiques du déficit zéro, nous, on se sera organisé.

Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Certains d’entre nous se souviennent de la Grande Noirceur. Nous sommes disponibles pour venir informer ceux que ça pourrait intéresser.

Résistance est un mot noble. Voici ce qu’en dit le dictionnaire : « Force qui s’oppose à un mouvement. Aptitude à résister à une épreuve morale. Action de s’opposer à une action qui nous est hostile. »

Organiser la résistance.

On peut se rassembler pour refaire connaissance, renouer avec nos rêves, échanger nos idées avant de les perdre, retomber en amour avec qui nous sommes, déterminer ensemble la manière de corriger les erreurs sans s’en prendre aux soins essentiels. La santé, l’éducation, l’aide à la famille, la culture, oui la culture. Nous aurons besoin de rêver, de nous évader, de temps en temps, surtout aux jours sombres qu’on nous promet.

On ne peut se laisser anesthésier par des menaces d’ordre économique, messieurs et mesdames du gouvernement élu.

Le cœur d’un peuple bat à d’autres symboles que celui du signe de piastre.

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