Le secret du bonheur

Pour être heureux au travail

Tout le monde recherche le bonheur. Au cours des prochaines semaines, Pause ira à la rencontre d’auteurs, de scientifiques et de chercheurs qui se sont intéressés à ce qui nous rend heureux.

Rémi Tremblay est le fondateur de La maison des leaders, spécialisée dans l’accompagnement de gestionnaires. Il a aussi écrit plusieurs livres, dont Découvrez le bonheur au boulot ! Entrevue sur l’importance d’être heureux au travail, tous ensemble.

Vous considérez qu’il est primordial que les leaders et gestionnaires se préoccupent du bonheur de leurs employés. Pourquoi ?

Ma sœur est décédée lorsque j’avais 9 ans et j’ai alors décidé qu’il n’était pas question que je ne sois pas heureux dans la vie. J’ai eu une entreprise (Adecco) où le bonheur de mes collègues était important pour moi. C’était normal pour moi de m’en préoccuper, mais je me suis aperçu que ce n’était pas courant. Trop de personnes tolèrent la souffrance au travail ; les gens sont trop tolérants. Lorsque j’ai publié avec Linda Plourde Découvrez le bonheur au boulot ! en 2002, nous avons créé un mini-scandale. Les gens me disaient que c’était complètement ridicule.

Je remarque quand même que les mentalités changent de plus en plus. Les jeunes ne tolèrent plus d’être malheureux au travail. Je vais vous donner un exemple. J’ai trois enfants qui travaillent en restauration et je les ai vus changer de restaurant en restaurant pendant un bout de temps, parce qu’ils n’étaient pas heureux. Comme bien des gens, je me disais que c’étaient d’éternels insatisfaits ! Et puis, un de mes fils a trouvé un restaurant où il était heureux et il a invité un de ses frères et des amis à y travailler. Ils sont encore là ! Pourquoi ? Dans ce restaurant, la propriétaire les écoute, leur fait confiance et s’assure de leur bien-être.

J’ai compris qu’ils étaient intolérants au malheur, qu’ils ne veulent pas travailler dans un environnement où ils ne sont pas bien. Et je crois qu’ils ont raison.

Dans ce cas-ci, ça semble facile d’être une bonne patronne. Et pourtant, de nombreux dirigeants n’ont pas cette attitude au Québec. Pourquoi ?

Il y a encore beaucoup de dirigeants qui gèrent par la peur et la méfiance, parce que les résultats de performance sont là à court terme. Mais à long terme, il y a plus de problèmes de santé mentale, plus d’absentéisme et de burn-out. Dans les années 70, une étude avait démontré que 70 % des Québécois avaient confiance envers le gouvernement et les dirigeants dans la société. Il y a quelques années, ils ont refait la même étude et le résultat était à 30 %. Nous avons créé une société de méfiance et il faut faire fondre cette méfiance.

Quels conseils donneriez-vous pour hausser le niveau de bonheur des employés au sein d’une entreprise où il est faible ?

C’est un peu simple, ce que je vais vous dire, mais je crois qu’il faut partir de cette question : qu’est-ce qui me rend le plus heureux et le moins heureux ? Ensuite, il faut tranquillement changer les choses pour faire de plus en plus de choses qui nous rendent heureux. C’est simple, mais ça fonctionne. Il faut écarter ce qui nous rend malheureux.

J’ajouterais que je n’aime pas parler d’employés et d’employeurs. Ce style de management ne fonctionne pas. De plus en plus, le patron n’existe plus dans les entreprises. Tout le monde doit être ensemble. Et c’est important de savoir comment vont les uns et les autres, poser des questions, s’intéresser aux autres. Prendre soin des autres. Comme ça, nous savons où l’autre se situe, si c’est le moment de lui demander telle ou telle chose, etc. Nous sommes tous là pour servir le client, ensemble.

Et personnellement, au quotidien, que faites-vous pour être plus heureux ?

Je suis totalement là. J’essaie d’accueillir tout ce qui m’arrive, que ce soit des choses heureuses ou malheureuses. Avant, je cherchais continuellement à être toujours de plus en plus heureux. Par exemple, lorsque je donnais une conférence, je voulais être bon. C’était mon objectif. Maintenant, je veux juste être là. Je me prépare moins, mais je suis tout là. J’écoute et je reçois. Je danse de mieux en mieux avec la vie.

Rémi Tremblay donnera une conférence au grand public le 25 février au Palais des congrès de Montréal, dans le cadre de l’événement Pour le bonheur du monde.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.