Conciliation travail-famille

L’entrepreneuriat pour mieux concilier travail et famille ?

Pas de camp de jour cet été pour les enfants de Manon Lavoie. Coach en créativité à son compte, elle limitera ses activités professionnelles pour passer plus de temps avec ses petits. Il lui arrive aussi de faire son épicerie le mardi matin, lorsque les allées du supermarché sont presque désertes. Être son propre patron est assurément un avantage pour elle.

« Mais je travaille parfois le soir, la fin de semaine ou très tôt, pendant que les enfants sont encore au lit, nuance-t-elle. J’ai également le soutien de mon conjoint, qui est aussi travailleur autonome. Nous partageons les tâches, nous formons une équipe ! »

Se lancer en affaires serait-il la clé pour atteindre l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle ? Le quart des entrepreneures disent l’avoir fait pour cette raison, selon une étude canadienne publiée en 2006. Chez les hommes, ce taux est beaucoup plus faible, soit 7 %. 

« Les statistiques nous montrent que les femmes sont encore les premières responsables de la famille et des tâches ménagères, même si les hommes s’impliquent davantage. »

— Louise Cadieux, professeure en management à l’Université du Québec à Trois-Rivières et membre de l’Institut de recherche sur les PME

Les études notent également que les femmes tendent à se lancer en affaires plus tard, souvent après avoir fondé une famille. « Certaines retournent travailler comme employée lorsque les enfants sont plus grands, mais d’autres continuent, constate Ruth Vachon, présidente-directrice générale du Réseau des femmes d’affaires du Québec. L’entrepreneuriat, c’est fait pour plus de gens qu’on croit. Mais ce n’est pas pour tout le monde non plus. Certaines femmes utilisent ce moment pour valider leur choix. »

La naissance de son aîné a été un déclencheur pour Manon Lavoie. « Ça m’a donné le courage de me lancer en affaires. Je n’étais pas heureuse à faire du 9 à 5 dans un bureau, ça ne me convenait pas. » Elle n’a d’ailleurs aucune intention d’y revenir !

UNE QUESTION DE VALEURS

L’entrepreneuriat n’est cependant pas nécessairement synonyme d’équilibre pour tous. La taille de l’entreprise et surtout les valeurs et les objectifs des entrepreneurs ont un impact très important sur la manière dont ils mènent leurs affaires.

Certains, souvent travailleurs autonomes ou propriétaires de petites entreprises, misent davantage sur la qualité de vie. « Ils deviennent très flexibles dans leur gestion du temps, constate Mme Cadieux. Par contre, en étant plus axés sur la famille, ces entrepreneurs connaissent une croissance beaucoup moins importante. »

D’autres mettent plutôt l’accent sur la croissance et les résultats. « Ils engagent beaucoup plus d’énergie, souligne Mme Cadieux. De plus, ils travaillent généralement à l’extérieur de la maison. Chez ceux-ci, on constate que la difficulté de la conciliation travail-famille est plus forte pour les femmes. »

Nathalie Boies fait partie de la seconde catégorie. Quelques mois après avoir quitté son emploi, l’ancienne vice-présidente chez Cossette était déjà à la tête de… trois entreprises ! Elle a fondé une agence de publicité et acquis deux concessionnaires automobiles avec son conjoint. 

Malgré son emploi du temps très chargé, la mère de deux filles de 11 et 13 ans dit mieux concilier travail et famille qu’auparavant. « J’ai gagné de la flexibilité, explique-t-elle. Quand j’étais employée, je me sentais redevable. J’aurais eu de la difficulté à aller m’entraîner sur les heures de bureau, par exemple. De plus, si j’ai une semaine calme, je peux prendre congé avec mes enfants sans demander la permission. Par contre, j’ai fait une croix sur ma tranquillité d’esprit. En vacances, je continue de consulter mes courriels. Je ne peux pas décrocher pendant deux semaines. »

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