Examens scolaires

Minuit moins une...

La période d’examens bat son plein dans les écoles primaires et secondaires. Comment savoir si les enfants sont prêts, et comment les aider à traverser avec brio cette période ?

« En toute franchise… il est minuit moins une », tranche Marielle Potvin, orthopédagogue. Benoît Archambault, président de l’entreprise de tutorat Succès scolaire, acquiesce : « Chez nous, on appelle ça la période des miracles. » Il ajoute que la fébrilité des parents est palpable chaque année, en mai. Comme un rappel que l’année scolaire achève, les demandes de tutorat se multiplient.

Au-delà des conditions gagnantes que sont la saine alimentation, le sommeil et l’étude – accompagnée ou pas –, plusieurs parents souhaitent s’impliquer davantage. Comment aider un jeune à se rendre au 23 juin fier de lui ?

En soulignant que le meilleur accompagnement est celui qui s’échelonne depuis septembre, Marielle Potvin a tout de même accepté de nous aider à mieux cerner les besoins des élèves, juste à temps pour cette période chargée.

Quelle est la meilleure façon d’apprendre ? Recopier les informations ? Les réciter oralement ? Les deux méthodes combinées ?

La première chose à faire avec un enfant, c’est de définir son style d’apprentissage. Il n’y a pas un enfant qui apprend de la même façon, et il est relativement facile de déterminer de quelle façon il apprend. Mais c’est sûr que, s’il y a un examen demain… il n’y a pas de recette magique. C’est du long terme, aider un enfant à se connaître lui-même. Par exemple, l’enfant doit savoir ce qui est gagnant pour lui : épeler un mot, le mimer, se le répéter, se le chanter ? Ce n’est pas vrai que tous les enfants doivent recopier un mot 10 fois pour l’apprendre. Tout le monde aurait trouvé la recette il y a longtemps si c’était si simple.

Voyez-vous beaucoup d’enfants stressés dans votre travail ?

Je ne dirais pas beaucoup, mais ça arrive régulièrement. Dans chaque école, on voit quelques élèves qui, dès le mois de mai, commencent à faire de l’insomnie, vomissent avant les examens, saignent du nez pendant les examens, sont couverts d’eczéma, tellement la pression est forte. Pouvez-vous imaginer ? Ce sont des élèves qui vivent de l’anxiété de performance, parfois à cause d’un stress induit par l’entourage, parfois pas. Ça devient alors un cas de psychologue.

Que pensez-vous de tout l’accent mis autour des examens du Ministère, au primaire et au secondaire ?

C’est sûr que, personnellement, je ne suis pas favorable à cette évaluation, car c’est comme une photo d’un enfant à un moment donné, à une date particulière, et dans un contexte particulier. J’aime beaucoup mieux les évaluations faites par portfolio, où l’on voit plusieurs productions de l’élève. C’est un portrait échelonné sur une longue période, alors qu’un examen, c’est, disons, la performance d’un élève le 28 mai à 14 h. Si, par malheur, cet élève-là n’était pas au sommet de sa forme, on n’a pas une vue d’ensemble de ce qu’il est capable de faire. L’anxiété générée par cet examen peut nuire à la performance.

Il y a des enfants anxieux, mais certains élèves ont, au contraire, un manque de motivation par rapport aux examens…

Je les appelle les élèves mollusques. Il y en a légion dans les écoles. Avec eux, il faut mettre le doigt sur ce qui a du sens. Par exemple, connaître les différents solides en mathématiques, ça peut permettre de bien communiquer : si mon mécanicien me dit qu’il doit changer la pièce en forme de cylindre, je vais savoir de quoi il parle.

Quelle est la meilleure façon d’aider un jeune à se préparer à une période d’études ?

Il y a la méthode Pomodoro. Adaptée à des élèves, cette façon de travailler, c’est environ 20 minutes de travail intense, et 5 minutes de pause. C’est plus efficace que 45 minutes sans interruption. La mémoire devient saturée au bout d’un moment, et en prenant des pauses régulières, l’efficacité est décuplée. D’une façon générale, aussi, je dirais qu’il est toujours bon que les travaux se fassent à la même heure et pour la même durée. Ces temps-ci, si un élève de 6année met 45 minutes à faire ses travaux et son étude, c’est une bonne idée que ce soit toujours à la même heure.

Dans quel climat ?

On s’assure qu’il n’a pas faim, qu’il est allé aux toilettes, qu’il n’y a rien pour le déconcentrer dans la pièce, et qu’il a tout ce qu’il faut pour travailler. Car s’il se lève, il va s’arrêter quelque part et il y a de bonnes chances qu’il ne revienne pas ! Le temps alloué à l’étude devrait toujours être le même. Si c’est 45 minutes, on lui dit qu’il doit faire de la lecture pendant le temps qu’il reste. Ça permet d’éviter que le jeune soit tenté de se débarrasser de ses travaux.

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