LITTÉRATURE QUÉBÉCOISE VICKIE GENDREAU
Intensifier la vie
Vickie Gendreau
Le Quartanier
196 pages
En librairie le 8 avril
La Presse
Elle est passée en coup de vent dans le monde des lettres québécoises et
, récemment adapté au Théâtre de Quat’Sous, aurait pu être le livre unique d’une fille condamnée.Vickie Gendreau est morte en mai 2013 à l’âge de 24 ans d’une tumeur au cerveau, non sans avoir terminé un deuxième roman,
. Elle s’était promis d’écrire jusqu’à la fin, et Mathieu Arsenault aura été d’un appui indéfectible pour son amie. On sent bien, lorsqu’il en parle, que la blessure est toujours vive.« Le rapport à la littérature de Vickie dans la maladie n’était pas différent de ce qu’on vivait avant qu’elle ne soit malade. Nous étions très intenses, je pense que c’est pour ça qu’on s’est reconnus. Vickie était danseuse, elle n’avait rien dans la vie, mais écrire, c’est la seule chose qu’elle avait à tout moment. Elle écrivait vraiment bien dans l’urgence. Le rapport à la littérature qu’elle avait, et que j’ai aussi, c’est quelque chose qui permet d’intensifier la vie. Et à un moment donné, ça devient toute notre vie. »
reprend les thèmes de , en plus sombre, et creuse encore plus profondément le rapport au lecteur, tout en célébrant des « reines » comme Josée Yvon, Ève Cournoyer ou… Marie-Soleil Tougas ! Mathieu Arsenault a accompagné Vickie jusqu’au bout de la nuit, et du manuscrit, en intervenant le moins possible. « Ce n’était pas quelqu’un qui était fait pour être dirigé ! J’étais plus son “surmoi”, disons. Toute l’année, elle a écrit d’autres textes. Quand il y avait des inquiétudes, c’était des textes sur la maladie qui revenaient. »
« Ce qui est super triste, c’est qu’elle ne savait pas qu’elle allait mourir à la fin de
son livre. » — Mathieu Arsenault
« Tout le tournant est là, les personnages se défont, la maladie revient, c’est l’histoire de son année. À un moment donné, j’ai fait un montage, parce qu’elle n’allait pas bien du tout. C’était la période la plus noire de sa vie, il n’y avait plus d’espoir, elle savait qu’elle n’avait plus beaucoup de temps. On a lu mon montage, page par page, mais elle se l’est réappropriée quand elle allait mieux. Sa version était la meilleure. »
En évoquant son amie disparue, Mathieu Arsenault semble plus enthousiaste que pour son propre livre. C’est d’ailleurs Vickie qui l’a forcé à terminer plus rapidement son manuscrit, puisqu’elle désirait que les deux livres soient publiés en même temps. Et les deux livres, bien que différents, s’envoient quelques clins d’œil. « C’était super difficile pour moi de relire ça, se souvient Arsenault. Je crois que je suis le seul personnage dont elle n’a pas changé le nom, et quand j’ai découvert ça, je me suis mis à brailler. J’espère tellement qu’il est bon, parce que c’est son livre. Elle était fière, parce qu’elle était vivante là-dedans. C’était clair qu’elle ne se posait plus la question de savoir si c’était un témoignage bien écrit ou un vrai livre appartenant à la littérature. Elle savait que c’était une œuvre qu’elle faisait. »