On a réponse à tout… ou presque

« Parents, faites
vacciner vos enfants ! »

Un dialogue (un brin) impertinent sur un enjeu d’actualité

Une mère de la région de Toronto a diffusé récemment sur Facebook une photo de son nouveau-né hospitalisé avec ce cri du cœur : « Parents, faites vacciner vos enfants ! » 
Brielle, née il y a cinq semaines, lutte contre
la coqueluche, une infection respiratoire bactérienne possiblement mortelle chez
les jeunes enfants, qui fait un retour en raison
du relâchement en matière de vaccination
au Canada et ailleurs en Occident.
La photo a été partagée plus de 41 000 fois.

Mon Dieu, comment se porte le bébé ?

Lors de son admission à l’hôpital, Brielle ne pouvait pas respirer d’elle-même. « Chaque fois qu’elle tousse, elle cesse de respirer, devient bleue et s’affaisse, a écrit sa mère, Meghan McNutt-Anderson. Nous la tenons constamment dans nos bras et tapons dans son dos quand elle tousse. Brielle produit trop de mucus et sa trachée est trop petite pour qu’elle puisse l’expulser, alors nous devons le faire pour elle. » Après une semaine, la petite se portait mieux. « Elle tousse toujours beaucoup, mais devient bleue moins souvent », écrit sa mère.

Le bébé avait-il été vacciné contre la coqueluche ?

À 5 semaines, Brielle est trop jeune pour recevoir le vaccin contre la coqueluche (administré pour la première fois à 2 mois) et doit compter, comme tous les nouveau-nés, sur l’immunité de la population générale.

« L’immunité de groupe est importante, car si la quasi-totalité d’une population est vaccinée, cela offre une certaine protection aux personnes non vaccinées, dont les nouveau-nés, explique le Dr François Boucher, directeur à la Société canadienne de pédiatrie et pédiatre infectiologue au Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec. Quand le taux de vaccination diminue dans une société, les risques augmentent pour tous. »

Ah, les fameux vaccins… La sœur de ma voisine m’a prêté un livre écrit par un médecin autrichien qui met les parents en garde contre la vaccination.

De la Suède à l’Australie, virtuellement toutes les organisations de santé du monde préconisent la vaccination. Une poignée d’auteurs ont publié des livres mettant en doute les bienfaits des vaccins. Or leurs arguments ne sont pas soumis à un rigoureux examen scientifique libre et indépendant, et plusieurs craintes souvent répétées se sont révélées fausses.

Le Dr Boucher cite l’exemple de l’étude Wakefield, publiée en 1998, qui semblait montrer un lien entre la vaccination contre la rougeole et l’autisme. « Cette “étude” était frauduleuse, dit-il. Le point de vue du médecin était biaisé : il avait des intérêts financiers le poussant à arriver à cette conclusion et son étude clinique était frauduleuse. Il a perdu son droit de pratique. La revue The Lancet s’est excusée. Or, parallèlement, les nombreuses études scientifiques très complètes démontrant l’absence de lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme, dont l’une a été réalisée à Montréal, sont rarement discutées. Pour paraphraser Jonathan Swift : “Les mensonges voyagent vite, mais la vérité arrive en boitant en arrière.” »

Mon enfant n’a pas besoin d’être vacciné, car l’allaitement maternel le protège.

C’est malheureusement faux. « La majorité des anticorps de l’enfant n’est pas transmise par le lait maternel, mais à travers le placenta, au cours des dernières semaines d’une grossesse normale, explique le Dr Boucher. Le lait maternel, lui, offre une protection partielle contre certaines infections, comme l’otite moyenne aiguë à répétition. Mais il n’empêche pas toutes les infections. Dans le cas de la coqueluche, les anticorps de la mère sont trop faibles pour immuniser l’enfant. D’où l’importance de la vaccination dès l’âge de 2 mois. »

Mon enfant est né en bonne santé. Pourquoi risquer
de lui injecter des produits artificiels conçus par des géants pharmaceutiques ?

Les vaccins comptent parmi les produits les plus rigoureusement testés : ils le sont davantage que la quasi-totalité des médicaments utilisés couramment aujourd’hui.

Récemment, des centaines de cas de rougeole, de coqueluche, d’oreillons et de grippe ont été recensés au Canada et aux États-Unis, conséquence du relâchement dans la vaccination.

Le Dr Boucher note que les gens font moins confiance aux autorités médicales et gouvernementales et que le message sur l’importance de la vaccination passe moins bien.

« Environ 2 % des parents refusent carrément la vaccination, parfois pour des raisons religieuses : c’est un noyau dur qu’il est impossible de convaincre, dit-il. Or, de 20 à 30 % des parents sont “hésitants”. Ils ont lu des articles sur l’internet ou dans les médias, ils craignent les conséquences de la vaccination, ils se méfient des médecins… En ne faisant pas vacciner leur enfant, ils troquent un risque infime contre un risque très élevé, qui a des conséquences à long terme. C’est malheureux, mais la vaccination est une richesse nationale qui n’est pas reconnue. »

CONSENSUS SCIENTIFIQUE

L’importance vitale de la vaccination fait l’objet d’un consensus dans la communauté scientifique et elle est préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF, le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, l’Association médicale américaine, l’Académie américaine des pédiatres, Santé Canada et le ministère de la Santé du Québec, pour ne citer que quelques organisations.

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