Opinion

Québec s’est donné les moyens d’investir plus d’argent en santé

Beaucoup d’encre a coulé depuis quelques semaines sur le fameux surplus de 1,8 milliard qui dormirait dans les coffres du gouvernement du Québec. Au-delà du résultat ponctuel de l’année en cours, ce qu’il est important d’analyser, c’est la solidité de l’équilibre budgétaire du Québec à long terme. Est-il fragile ou plutôt robuste ? En d’autres mots, nos dépenses excèdent-elles les revenus que nous sommes en mesure de générer ?

L’Institut du Québec (IdQ) s’est penché sur cette question dans le cadre de l’étude Équilibre budgétaire : fragile ou robuste ? Les défis du financement de la santé au Québec, dévoilée dernièrement. Les simulations effectuées par l’IdQ démontrent clairement que grâce au redressement des finances publiques effectué au cours des dernières années, le Québec a dégagé une marge de manœuvre suffisante pour investir plus d’argent en santé à l’avenir.

Maintenir une croissance des dépenses en santé sous la barre des 3 %, comme c’est le cas depuis 2013, risque d’avoir des conséquences à long terme, soit en réduisant la qualité des soins, soit en exigeant éventuellement des investissements massifs. Selon les prévisions du Conference Board du Canada, la « croissance naturelle » des dépenses de santé au Québec serait de 5,2 %. 

Mais malheureusement, les perspectives de croissance économique du Québec au cours des prochaines décennies ne permettent pas à la province de retourner à de tels niveaux de dépenses en santé sans ressortir l’encre rouge. Le vieillissement de la population freinera le potentiel de croissance de l’économie québécoise, ce qui limitera d’autant notre capacité à dépenser en santé.

Selon les simulations de l’IdQ, avec une croissance des dépenses en santé à 4,2 % par année, le point d’équilibre entre un financement adéquat de la santé et le maintien de l’équilibre budgétaire à moyen et long terme est atteint. Bien entendu, cela est possible sans nuire à l’éducation et aux autres services sociaux, dont les niveaux de services demeureraient stables.

Avec une croissance du financement de la santé à 4,2 % par année, l’équilibre budgétaire demeure soutenable à long terme.

PRUDENCE

Il faut cependant demeurer prudent. Avec les hypothèses de croissance potentielle plutôt optimistes que l’IdQ a retenues, le Québec peinera à maintenir l’équilibre budgétaire sur 10 ans. De plus, sur une si longue période, un ralentissement économique est envisageable, ce qui mettra aussitôt l’équilibre budgétaire sous pression à nouveau.

Alors que les discussions concernant le financement de la santé semblent plutôt corsées dans le cadre du Conseil de la fédération, il est important de rappeler qu’une contribution additionnelle d’Ottawa dans le financement des soins de santé aurait pour effet de protéger les citoyens advenant un possible ralentissement économique.

Dans ce contexte, une croissance du Transfert canadien en matière de santé (TCS) à 6 % permettrait au Québec d’éviter de devoir comprimer à nouveau les dépenses de santé en cas de ralentissement économique, ou de retourner aux budgets écrits à l’encre rouge.

Une croissance du TCS à 6 % permettrait également d’effectuer un rattrapage dans la part du financement fédéral consacrée aux dépenses de santé des provinces. Cela ramènerait cette part à 25 % des dépenses de santé, comme c’était le cas en 1977-1978, soit au moment où le gouvernement fédéral a mis fin au partage des dépenses en santé et en éducation postsecondaire pour le remplacer par un financement en bloc.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.