Élections Québec 2014 

« C’est ma conjointe qui est courageuse »

Dans le temps où Alexis Deschênes était journaliste, ses reportages n’ont jamais causé d’insomnie à sa conjointe. Son travail, c’était de rapporter des faits et les opinions d’autrui, et puis voilà. Elle-même journaliste, Pénélope Garon prévoyait qu’une campagne électorale les ramènerait tout simplement à cette vie publique avec laquelle elle avait longtemps composé. Erreur.

« Je n’avais pas mesuré que la charge émotive est tout autre quand c’est ton conjoint qui est cité ou attaqué personnellement. »

La campagne électorale d’Alexis Deschênes a d’ailleurs commencé sur les chapeaux de roue. Une fuite dans les médias a tout précipité, à commencer par la recherche assez urgente d’un appartement à Trois-Rivières, alors que la famille – qui compte trois garçons en bas âge – habite à Québec.

Puis, la bombe. Pierre Karl Péladeau, son ancien patron chez Québecor, se porte candidat. Aussitôt, bien au-delà de sa circonscription à Trois-Rivières, Alexis Deschênes est sollicité de toutes parts, appelé à s’expliquer sur les raisons qui l’ont fait abandonner son poste convoité de journaliste à TVA.

Tout cela a causé un stress certain à sa conjointe, selon Alexis Deschênes. « Un stress qui n’est peut-être pas étranger au fait que son dos ait totalement lâché en début de campagne. »

LA FAMILLE À LA RESCOUSSE

Les parents de la Gaspésie ont été appelés en renfort. Le père de Mme Garon est ensuite venu donner un coup de main, suivi de sa sœur.

« On s’organise, mais c’est difficile. En tant que journaliste, j’ai couvert deux campagnes électorales. Je sais ce que c’est. Ça dure une trentaine de jours, sept jours par semaine. Il faut attacher sa tuque solide, puis passer au travers. C’est ma conjointe, là-dedans, qui est courageuse. » — Alexis Deschênes

« En même temps, il ne faut pas exagérer ce que c’est, dit Mme Garon. Il y a plein de mères monoparentales au Québec qui, en plus, en arrachent financièrement. Moi, j’ai mon travail […] et des gens autour de nous qui nous appellent et qui nous disent spontanément : "Je cuisine en fin de semaine. Je fais de plus grosses portions pour vous en donner ?" »

Il y a la campagne électorale et il y a la maison électorale, a résumé l’un des garçons du couple, « et c’est tout à fait cela, poursuit Mme Garon. À la maison, il faut que ça roule ».

Reste que l’absence du père, qui a toujours été très présent dans la vie des trois garçons jusque-là, est durement ressentie. Skype, ç’a ses limites…

« Pour eux, c’est un sacrifice, dit M. Deschênes, mais c’est aussi une expérience humaine intéressante. Je dis toujours à mes enfants qu’ils doivent mener leur vie de façon à ne pas avoir de regrets, quitte à prendre des risques, alors… »

« Les gens disent souvent qu’ils s’empêchent de faire telle ou telle chose parce qu’ils ont des enfants. Moi, j’aime l’idée d’envoyer le message qu’il y a moyen de les intégrer », dit Mme Garon, tout à fait consciente que son discours et celui de son conjoint seront peut-être différents dans quatre ans si Alexis Deschênes est élu.

ÉLECTIONS PROVINCIALES DE 2012

Circonscription de Trois-Rivières

Députée sortante : 
Danielle St-Amand, PLQ
(majorité de 1001 voix)

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