Opinion Économie

Le Québec
a besoin d’un souffle d’entrepreneuriat

Lorsque nous regardons les diverses études sur les intentions et les activités entrepreneuriales, nous remarquons une lente progression de l’activité entrepreneuriale au Québec, mais à un rythme moins élevé qu’ailleurs au Canada et dans des économies semblables. Une vague d’entrepreneuriat déferle sur l’humanité, mais à un rythme plus lent au Québec.

L’indice entrepreneurial québécois publié par la Fondation de l’entrepreneurship vient nous rappeler, année après année, que nous devrions redoubler d’efforts pour améliorer notre quotient entrepreneurial. Les derniers résultats du Rapport GEM Québec, publié la semaine dernière, le confirment. Ils révèlent que le pourcentage des Québécois qui considèrent avoir les compétences pour créer une entreprise se situe nettement derrière celui des économies comparables tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.

En d’autres termes, si nous avons relativement moins de créations d’entreprises, de PME et d’entreprises qui croissent, les causes sont multiples, mais nous savons que c’est dans la création et la croissance d’entreprise que se situent la création d’emplois et la création de richesse d’une société.

Nous avons besoin d’un organisme au Québec qui puisse travailler avec tous les ministères, un organisme qui dépasse ce que peut faire un ministère des PME, mais qui aura beaucoup plus d’impact. Cet organisme pourrait travailler autant avec le ministère de l’Éducation que les ministères à vocation économique. Il pourrait avoir un impact sur les domaines culturels et les industries créatives.

Nous avons besoin d’un organisme qui s’apparente à l’Agence pour la création d’entreprises (APCE) en France, mais avec une vocation plus large, qui puisse stimuler l’expression entrepreneuriale tant par la création que par la croissance d’entreprise, en soutenant la création de toutes formes de nouvelles entreprises, dont celles reliées à l’entrepreneuriat social et écologique.

Les ministères des PME ont été populaires au cours des années 1980. Margaret Thatcher a été la première à le mettre en place en Grande-Bretagne. Plusieurs autres pays ont emboîté le pas. Le Canada, le Québec et l’Ontario ont chacun créé un ministère de ce genre à la fin des années 1980. Ces ministères ont eu une courte vie et ont disparu peu d’années après leur création. Celui du Québec a été intégré au Ministère de l’Industrie et du Commerce (MIC). Ces ministères ont disparu parce que leur vocation était trop étroite. Il faut un organisme qui puisse s’attaquer au développement de l’entrepreneuriat et de l’innovation tout en travaillant en collaboration avec l’ensemble de la machine gouvernementale.

Le Québec a besoin de plus qu’un ministère pour soutenir l’élément vital de son économie. Nous avons besoin d’une unité rassemblant des experts qui pourront à la fois conseiller les ministères et les sociétés d’État, mais aussi mettre en place des programmes bien ciblés de soutien à la création et à la croissance d’entreprise. D’ailleurs, à moins d’une baisse de la valeur monétaire, la croissance reflète le plus souvent une meilleure capacité d’innovation.

Il faut insister sur le fait que la croissance existe rarement sans innovation. Nous avons besoin de soutenir d’abord la création d’entreprises, car plus le bassin d’entreprises est grand, meilleures sont les probabilités d’augmenter le nombre de celles qui prendront de la croissance, et qui deviendront des gazelles et des entreprises de taille intermédiaire (ETI), qui comptent entre 250 et 5 000 employés, dont notre économie a grand besoin. Cette petite unité d’une vingtaine de personnes pourrait être rattachée au consortium de gestion d’Investissement Québec et de la Société générale de financement et coûterait moins cher à opérer qu’un ministère.

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