Artisan

Le verre bouteille

Caroline Couture aime la bière et le design. En faisant du feu son ami, elle a fusionné ses deux passions et réalisé un vœu cher : récupérer la matière.

Caroline Couture était inscrite au bac en enseignement lorsqu’un reportage sur des artistes verriers a capté son attention. Elle n’a pas tout de suite changé de trajectoire, mais la mouche l’avait bel et bien piquée.

Dix bonnes années se sont écoulées depuis ce jour, dont quelques-unes passées derrière un pupitre de maître d’une école primaire et d’autres encore sur les bancs du cégep du Vieux Montréal pour y étudier la science du verre. Avec pour bagage supplémentaire une année entière à se ballotter en terre néo-zélandaise entre les ateliers d’une demi-douzaine de créateurs pour faire connaissance avec les réalités plus terre à terre des métiers du verre, Caroline était mûre pour la mise au monde de Boutiverre, son petit et florissant commerce de matières recyclées.

« Les artisans du verre ont le choix d’amener leurs créations vers un produit d’expression exposé dans les galeries ou, à l’inverse, vers la production de pièces en série, explique Caroline. Moi, je ne cherche pas à plaire à une petite élite, je préfère voir ma touche éparpillée chez monsieur et madame Tout-le-Monde. » Aussi, ses trois collections pour la maison se déclinent en objets vendus entre 20 et 100 $, créés à partir de produits bien familiers : des bouteilles de bière et de vin recyclées.

Le hasard est générateur de jolies surprises. En témoigne la collection Robine, créée à partir de contenants de Grolsch, Corona, Sleeman et Carlsberg.

Entre ses mains agiles, la ligne droite se réinvente et devient courbe, l’usagé fait resurgir le neuf et le banal prend la forme d’une œuvre sur laquelle se combinent les surfaces polies et dépolies. « J’aime combiner les techniques, même si ça me rend moins efficace, affirme-t-elle. Plutôt que de me réserver au travail à la fournaise, je préfère passer de techniques intenses – le soufflage et le thermoformage, par exemple – aux approches plus thérapeutiques, comme la taille à la roue, qui réclament du temps et de l’attention. »

Cette année, du 6 au 22 décembre, Caroline Couture tiendra pour la deuxième fois son stand au Salon des métiers d’art du Québec pour y écouler le nombre restreint de carafes, de verres et de luminaires qu’elle arrive à produire à l’Espace Verre en dehors de ses heures d’enseignement, à partir des bouteilles récoltées dans les soirées bien arrosées et de celles qu’un dépanneur du coin a la gentillesse de lui réserver.

Pour produire davantage, la jeune femme devra faire l’acquisition de son propre atelier, ce à quoi elle rêve déjà. « Dans un an ou deux », espère-t-elle. En attendant, son esprit effervescent continue de fantasmer sur un atelier roulant qui lui permettrait de partir en tournée, ou bien sur un espace de création interactif interpellant les néophytes. Elle imagine même un bar où les gens viendraient la voir travailler pendant que chacun, un de ses verres à bière à la main, chercherait à quoi ils vont trinquer !

boutiverre.com

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