Petits soins

Lorsque la peur se transforme en phobie

La noirceur, les monstres, l’eau et parler devant la classe engendrent la peur chez plusieurs enfants. Mais quand celle-ci cause de graves crises et empoisonne le quotidien, il s’agit alors d’une phobie. Entre 10 et 15 % des enfants en souffriraient, selon Hélène Bouvier, psychiatre à l’hôpital Rivière-des-Prairies.

La phobie peut survenir à la suite d’une expérience négative passée ou être transmise par le parent. « Ce peut aussi être lié au tempérament de l’enfant, note Marie-France Proulx, psychologue au centre hospitalier Sainte-Justine. Certains, plus susceptibles d’être anxieux ou plus sensibles à l’environnement, sont plus à risque d'avoir des phobies. »

Que faire ? 

Affronter sa peur est le seul remède, mais il faut l’utiliser à petites doses au départ. Si l’enfant craint les chiens, par exemple, on peut lui lire une histoire à ce sujet ou lui demander d’en dessiner un. Quand le jeune est à l’aise, on passe à la prochaine étape : aller en regarder de loin à l’animalerie. 

« On doit procéder graduellement, sinon l’anxiété de l’enfant sera trop importante et il sera incapable de la gérer », prévient Marie-France Proulx. On doit l’accompagner avec chaleur et lui dire qu’on a confiance en lui. On peut également l’inviter à prendre de grandes respirations. Pour être efficace, l’exposition doit être répétée au moins trois fois par semaine, selon Hélène Bouvier.

Les parents devraient aussi amener leur enfant à reconnaître les vrais signaux de danger et à réagir seulement à ceux-ci. « On ne peut pas dire qu’un chien n’est jamais dangereux, c’est faux, souligne Hélène Bouvier. Mais est-ce qu’il grogne ou s’il se promène tranquillement en laisse? »

Prévenir la peur – en faisant un grand détour pour éviter un chien, par exemple – permet d’échapper à la crise, mais est nocif à long terme. L’enfant en déduit qu’il a raison d’être craintif, explique Marie-Andrée Laplante, présidente fondatrice de Phobies-Zéro. De plus, il faut garder son calme, même si la réaction de l'enfant met la patience à dure épreuve. La colère entraînera davantage d’anxiété chez le petit. Enfin, la surprotection est à éviter. Ne pas faire une activité parce qu’on pense que l’enfant aura trop peur lui envoie le message qu’il est incapable d’y faire face.

S’il n’y a aucun changement après quatre à six semaines d’exposition ou si le parent se sent dépassé, il peut être utile de consulter.

Par ailleurs, les parents anxieux ont tout intérêt à d’abord travailler sur leur attitude, afin d'être convaincants. 

À consulter 

Phobies-Zéro : www.phobies-zero.qc.ca ou 514-276-3105 

À lire 

Maman j’ai peur, chéri je m’inquiète : l’anxiété chez les enfants, les adolescents et les adultes (lien : http://librairie.lapresse.ca/livres/vive-vie-famille-volume-maman-peur-648.html), par Nadia Gagnier, publié aux éditions La Presse. (pour adulte) 

Mimo – Je n’ai pas peur (lien : http://www.dominiqueetcompagnie.com/catalogue/livre.asp?id_prd=330), par Christiane Duchesne, publié chez Dominique et compagnie. (3 ans et plus) 

Incroyable moi maîtrise son anxiété (http://www.miditrente.ca/Psycho-Pedago/Incroyable.html), par Nathalie Couture et Geneviève Marcotte, publié aux éditions Midi Trente. (6 à 12 ans) 

Quand les peurs deviennent phobies, par Sylvie Sargueil et Cornélia Baestlein, publié aux éditions de La Martinière Jeunesse. (13 ans et plus)

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