OPINION

Pour un « vrai » ministre de la Santé

Madame Marois, Messieurs Couillard, Legault, Bolduc, Hébert, Khadir et Barrette, vous qui avez dirigé, ou espérez diriger le ministère accaparant maintenant 50 % du budget provincial, je vous soumets respectueusement que, jusqu’à présent, nous avons vu à l’œuvre des ministres de Soins et de Services et non pas des ministres de la Santé ! C’est de bonne guerre, puisque c’est d’ailleurs ce qu’on vous réclame constamment, des soins et des services !

Certes, le ministère actuel devrait être mené par un « ministre des Soins et Services », un chef d’orchestre qui rallie la population autour de résultats de santé à atteindre, d’objectifs de services et de ressources.

Prévention

Toutefois, le prochain Conseil des ministres devrait accueillir également un « vrai » ministre de la Santé, c’est-à-dire quelqu’un qui veillerait notamment à prévenir les maladies chroniques, sachant que 75 % de celles-ci sont complètement évitables ! Ce ministre s’intéresserait plus à « produire de la santé » que de veiller à dispenser des services et des soins aux patients, qui demeurent par ailleurs importants.

Moins gourmand, ce ministre disposerait de 3 % du budget actuel dédié à la santé et serait muni d’une plus grosse baguette de chef d’orchestre, dirigée celle-là vers le Conseil des ministres et tous les secteurs de la société qui nous rendent malades ou, au contraire, peuvent favoriser notre santé. L’Organisation mondiale de la Santé parle de « Santé dans toutes les politiques ».

Ce ministre de la Santé interviendrait pour qu’on rende accessible, et en portions plus humaines, une offre alimentaire moins sucrée, moins salée et moins grasse, pour qu’on habite des villes plus vertes, pour qu’on respecte l’eau, pour qu’on respire de l’air plus propre, pour qu’on habite des logements sociaux moins noircis de moisissures, pour qu’on se déplace activement dans des milieux sécuritaires, pour qu’on accède à des emplois plus solidaires, pour qu’on développe nos tout-petits et nos écoliers dans le plaisir et dans la santé, notamment en rendant les produits du tabac moins attrayants.

Enfin, un ministre qui agiterait nécessairement sa baguette magique pour qu’on transforme nos écoles, nos villes et nos entreprises en milieux permettant de « produire de la santé ». Ce véritable ministre de la Santé serait responsable du travail à réaliser avant qu’on ait besoin de franchir la porte de l’hôpital…

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