Éducation

À la recherche
de notre zénitude perdue

Bon. Avouons. C’est clair : ils ont le don de nous pomper l’air. Allez savoir pourquoi, certains jours, que ce soit le bébé qui refuse de sortir du bain ou l’aîné qui vous répond, encore, avec toute l’insolence de son adolescence, vous explosez. Systématiquement. Mais pourquoi ? Grande question.

S’il existe bon nombre d’ouvrages sur l’art de rester calme, la question demeure : pourquoi? Pourquoi pétons-nous ainsi les plombs? Pourquoi est-ce si simple de rester calme avec les enfants des autres, par exemple, mais pas les nôtres? 

Un tout nouvel ouvrage publié aux Éditions de l’Homme, Parent zen, explore justement ce qui se passe dans notre cerveau quand nous perdons ainsi les pédales. Le pari des auteurs? En saisissant exactement ce qui nous stresse ainsi, il serait nettement plus facile de prendre du recul. Et au lieu de crier, de respirer. Avouez que le pari est intéressant. 

Nous avons rencontré l’une des auteures, Brigitte Durruty, coach spécialisée en ANC (approche neurocognitive et comportementale) de passage à Montréal ces jours-ci, pour en savoir davantage. Elle voit quatre explications et surtout quatre remèdes, à notre pétage de plombs parental.

1. LES EXIGENCES DE LA VIE MODERNE

« On veut être un bon parent, faire du sport, voyager, avec des jobs intéressants, voir nos amis, réussir notre vie de couple, notre vie sexuelle, et on ne veut surtout négocier sur rien, fait valoir l’auteure. Du coup, nous avons trop d’exigences. Nous sommes sous pression toute la journée. Le moindre retard et notre journée est à l’eau. On oublie le fait que ça ne peut pas marcher! »

SOLUTION ?

« Relativiser! Qu’est-ce qui maintenant, aujourd’hui, est ma priorité? Si mon ado m’annonce aujourd’hui qu’il ne veut plus aller à l’école, la même semaine de ma grande promotion, il faut se poser la question : qu’est-ce qui est ma priorité à moi? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Mais il faut faire un choix. »

2. LES ANTI-VALEURS

« Chaque fois qu’une anti-valeur est touchée (le contraire de ce que nous, individuellement, valorisons particulièrement), on risque de péter un plomb. Si on aime l’efficacité et la précision, face à un enfant lent, qui prend son temps, qui, au moment de partir à l’école, se regarde devant le miroir, par exemple, oui, on risque de s’impatienter. »

SOLUTION ?

« En prendre conscience! Ce qui me pose problème, c’est cette anti-valeur. Pas mon enfant. C’est son comportement. Comme outil, je propose de chercher cinq avantages à ce comportement qu’on n’aime pas. Cinq avantages à la lenteur, par exemple : mon enfant prend son temps, a du plaisir à se préparer, n’est pas sous pression, etc. En faisant cette gymnastique (trouver les qualités de ses défauts), je suis obligée de brancher mon cerveau préfrontal, cette partie de mon cerveau qui est faite pour gérer la complexité. Et du coup, cela relâche le stress et me permet de prendre un peu de recul. Au lieu de péter un plomb, je peux trouver une solution. »

3. NOS PROPRES EXIGENCES

« Plus on a d’exigences, moins on a va accepter qu’il se passe l’inverse. Si, par exemple, je veux que mes enfants réussissent à l’école à tout prix, mais qu’un d’entre eux n’aime pas l’école, je risque de m’enfermer dans une situation de conflit perpétuel avec mon enfant. »

SOLUTION ?

« Au lieu d’avoir des exigences, il s’agit d’avoir des ambitions. Avec une ambition, on accepte que cela puisse ne pas marcher. Oui, j’aimerais que mes enfants soient heureux, je vais tout mettre en place pour qu’ils le soient. Mais ensuite, je lâche prise. Parce que non, je ne maîtrise pas tout. Oui, je mets tout en place pour qu’ils soient heureux, mais je reconnais qu’il y a cette part de mystère, de hasard, qui fait que je ne maîtrise pas tout. »

4. NOS LUNETTES

« C’est finalement souvent notre regard sur les choses qui fait qu’on pète les plombs. Je vois un groupe d’enfants jouer dans un café. Ou bien je me dis : “C’est intolérable, ils vont mettre leurs doigts sales partout, etc.”, ou bien je les trouve trop chou… »

SOLUTION ?

« Respirer. Penser à des phrases pour prendre un peu de recul (ce n’est pas la fin du monde, mon enfant crie, il s’exprime, etc.), se dissocier de la crise et se recentrer sur soi. Il n’y a pas de recette. Cela dépend de vos enfants et de vous. Mais il s’agit de se gérer soi-même. Notre cerveau est fait pour gérer la complexité. Et plus la situation est complexe, plus nous avons intérêt à rester calmes. »

Parents zen, Brigitte Durruty, Les éditions de l’Homme, 24,95 $

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