Programme Chasseurs généreux

De l’ours et du cerf à la banque alimentaire

Si vous visitez une banque alimentaire pour un service de dépannage, vous ne serez pas surpris de recevoir des nouilles, quelques légumes défraîchis et un gâteau au chocolat. Mais de l’ours ?

Et pourtant, c’est maintenant possible. En 2013, un groupe du Bas-du-Fleuve a lancé le programme Chasseurs généreux. Le principe est tout simple : au moment de faire débiter leur animal, les chasseurs peuvent faire un don de quelques kilos de leur cervidé ou de leur ours. La viande est hachée par ce boucher certifié et une banque alimentaire met la main sur ce précieux don. 

L’année dernière, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs et le Réseau des Banques alimentaires du Québec ont élargi le programme à toutes les régions de la province. Et, tranquillement, les chasseurs québécois le découvrent. Environ 10 % font un don, estime Daniel Himbeault, propriétaire de Himbeault Gibier de Saint-Stanislas-de-Kostka, dans la région de Valleyfield. 

« Chasser la faim »

Daniel Himbeault a pris le projet à cœur : il a mis ses affiches de Chasseurs généreux dans le petit bureau de l’entreprise familiale et propose systématiquement à chacun de ses clients qui arrivent avec un animal de faire un don de 2 ou 5 kg de viande. « Je leur dis qu’ils peuvent aussi chasser la faim », confie le boucher. Résultat : Himbeault Gibier a fourni la moitié de la viande de gibier récupérée pour les banques alimentaires l’année dernière. C’est un peu plus de 1200 kg de venaison qui ont été récupérés dans le commerce de la rue Principale de ce petit village. Pour les organismes communautaires de la région, ça vaut de l’or. 

« De la viande de cette qualité-là, on n’en aurait jamais sans ce programme. »

— Julie-Andrée Numainville, coordonnatrice développement des affaires à Moisson Sud-Ouest

Par un heureux hasard géographique, Moisson Sud-Ouest est sur le même territoire que la boucherie de Daniel Himbeault. La viande de gibier est donc distribuée dans les organismes qu’elle soutient. Une popote roulante peut faire son pâté chinois ou sa sauce à spaghetti avec du gibier ou alors la viande peut être distribuée directement dans les paniers de dépannage des banques alimentaires. 

Viande prisée

L’année dernière, Moisson Sud-Ouest a réussi à faire 12 000 portions avec la viande de gibier récupérée. Si certains responsables des organismes étaient au départ un peu réfractaires à cuisiner avec la venaison, cette année, tous ont accepté de recevoir cette viande sauvage très maigre, que les grands chefs du Québec rêvent d’avoir dans leurs restaurants – ce que la loi ne leur permet pas. 

Au printemps 2017, les banques alimentaires québécoises ont même reçu une centaine de kilos de viande d’ours. Elles devraient en avoir davantage cet automne, grosse saison de la chasse à l’ours, mais beaucoup plus de chevreuil et d’orignal, si les chasseurs sont généreux.

Où sont les chasseurs les plus généreux ?

Bas-Saint-Laurent = 375 kg 

Saguenay–Lac-Saint-Jean = 125 kg 

Capitale-Nationale = 60 kg 

Mauricie = 187 kg 

Estrie = 389 kg 

Côte-Nord = 17,27 kg 

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine = 128 kg 

Laurentides = 81,2 kg 

Sud-Ouest de Montréal = 1230,93 kg

Total pour la province = 2593,4 kg

Source : Banques alimentaires du Québec, bilan 2016 

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