Opinions

Après la Guignolée…

Le temps des Fêtes. Un moment de l’année que j’adore, depuis que je suis toute petite.

La famille se réunit, on mange ensemble, on rit, on écoute de la bonne musique, on se raconte des souvenirs des Noëls précédents, on parle de nos projets d’avenir.

Depuis que je suis adulte, deux petits côtés m’irritent de plus en plus, à mesure que les années s’enchaînent, et j’ai nommé : les cadeaux et la Guignolée.

Les cadeaux, car on entre facilement dans un cercle de consommation excessive, dans un idéal matériel à atteindre, dans l’idée qu’en possédant telle ou telle chose, on sera plus heureux.

Pour certains, le temps des Fêtes rime avec stress : les dépenses qui s’annoncent, la peur de décevoir les membres de sa famille avec son petit budget pour les cadeaux et j’en passe.

Pour d’autres encore, le temps des Fêtes rime avec honte. La honte de s’alimenter avec des paniers de Noël préparés spécialement pour les « pauvres ». La honte de n’être que ça, pendant tout le mois de décembre, des « pauvres ».

La pauvreté, ce n’est pas que des bottes d’hiver trop petites qui prennent l’eau et une canne de petits pois pour le réveillon de Noël. La pauvreté, elle est là, tout le temps, tous les jours de l’année, pendant plusieurs années, voire plusieurs générations.

La pauvreté, elle se cache derrière des problèmes sociaux : la consommation de drogues et d’alcool, la criminalité, les troubles de santé mentale, le décrochage scolaire, la délinquance, la mort précoce, le suicide, et j’en passe.

La pauvreté, on ne l’enrayera pas à coup de 2 $ déposés dans une canette sur la rue Sherbrooke un 5 décembre. Et je vous entends me dire : « Ben là, c’est mieux donner 2 $ que rien pantoute ! ». Bien sûr que oui. Là, n’est pas mon propos.

Je veux dire qu’il faudrait se pencher sur la réalité de la pauvreté tous les jours. Avoir des tables de concertation pour tenter de trouver des solutions à long terme, que ce soit par le biais de l’accueil et de l’aide à l’intégration des nouveaux arrivants ou la gestion efficace des services sociaux.

La générosité, ce n’est pas qu’un 2 piastres lancé à la va-vite au coin de Sherbrooke et Saint-Denis. La générosité, c’est mon amie Geneviève qui accueille son neveu toutes les fins de semaine pendant sa cure de désintoxication. La générosité, c’est mon amie Caroline qui aide son beau-frère aux prises avec des problèmes financiers, afin de lui montrer comment cuisiner à peu de frais. La générosité, c’est de faire une place sous son toit à un proche qui vient de se séparer, c’est de parler avec un itinérant de cœur à cœur sur Ontario, c’est de partager avec lui un bon cheeseburger encore chaud, assis sur un banc de neige, c’est de donner de son temps, de son énergie et de son amour à des gens qui en ont besoin.

La générosité, c’est d’être sensibilisé à ce qui se passe dans des milliers de familles au Québec, des millions de familles dans le monde, mais surtout, à ce qui se passe dans notre entourage. Et d’en avoir quelque chose à cirer. À longueur d’année.

Joyeux temps des Fêtes.

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