Des compteurs de crevettes en bassin
Difficile d’imaginer plus compliquée à compter que le nombre de crevettes dans un immense bassin. Et pourtant, difficile d’imaginer faire l’élevage de crevettes sans cette capacité.
La demande pour un appareil capable de compter les individus en aquaculture était telle que l’industrie est en quelque sorte venue « chercher » Valérie Robitaille et son fiancé, Cody Andrews.
La première, diplômée en sciences marines et étudiante en géo-ingénierie, a rencontré le second, ingénieur en systèmes maritimes, aux États-Unis. Ensemble, ils ont développé un prototype d’appareil capable de prendre des mesures optiques dans l’eau, « sans trop savoir à quoi ça allait servir », admet candidement M Robitaille.
Un court article à leur sujet publié sur l’internet a rapidement attiré l’attention. Des aquaculteurs l’ont aperçu et avaient, eux, une idée de ce à quoi leur machine pouvait servir. « Une entreprise nous a contactés pour nous demander si ça pouvait compter les larves de crevettes.
« Rapidement, on a constaté qu’il y avait une grosse demande pour cela, surtout en Asie et en Amérique du Sud, et que notre technologie s’y prêtait très bien. »
— Valérie Robitaille
Et que la technologie n’était pas seulement utile pour les crevettes, qu’elle pouvait également l’être pour d’autres animaux marins.
Avec un peu d’argent provenant de sa famille, M Robitaille et son fiancé ont mis au point leur appareil pour qu’il serve à cette fin. « Nous en sommes arrivés à ce qui ne devait être qu’un prototype mais qui, finalement, était assez bon pour les clients. »
Ils ont rapidement pu en écouler 80, à un prix variant de 5000 à 7000 $, selon le nombre d’espèces à compter. Leurs clients se trouvent dans des pays aussi diversifiés que Madagascar, l’Arabie Saoudite, l’Équateur ou le Mexique.
Les affaires se déroulaient donc plutôt bien, mais les entrepreneurs n’entendaient pas en rester là.
« L’été dernier, nous avons eu le déclic que la demande continuait d’être forte et qu’il fallait réinvestir pour développer le produit davantage, raconte M Robitaille. Nous avions réussi à nous autofinancer, mais là, il fallait faire appel au capital de risque. Nous avons été chanceux, tout s’est bien aligné. Nous avons trouvé des gens qui croyaient au projet et notre équipe technique a pu développer un nouveau prototype qui marchait bien. »
En cours de route, xpertSea a fait un stage dans l’incubateur d’entreprises FounderFuel. Et quand est venu le temps d’en sortir avec une présentation devant un parterre d’investisseurs, la semaine dernière, xpertSea s’est distinguée des autres membres de sa classe en ne demandant aucun nouvel investissement. En fait, elle venait tout juste de conclure une ronde de 1,25 million de dollars.
Une partie de cette équipe basée à Québec s’apprête maintenant à s’envoler pour la Corée du Sud, où aura lieu la World Aquaculture Conference. C’est là qu’xpertSea présentera officiellement la nouvelle version de son produit, capable de recenser différentes espèces dans un même bassin, de donner un aperçu de leur grosseur moyenne, mais, surtout, d’accumuler les données dans une plateforme infonuagique qui permettra aux aquaculteurs de vraiment moderniser leur entreprise.
S’ensuivra une campagne de marketing « plus organique, basée sur les nombreux témoignages de clients que nous avons accumulés ».