Planète bleue, idées vertes
Comment ils sont passés de la parole aux actes

Le covoiturage pour lutter contre « l’auto solo »

Lévis — Le siège social de Desjardins à Lévis est entouré d’immenses stationnements. Certains des quelque 7000 employés habitent en Beauce ou dans les confins de la région de Chaudière-Appalaches, et l’auto est pour eux une nécessité.

« Si t’arrives à 9 h 30 le matin, tu peux être stationné à 10 minutes de marche facile de l’édifice principal », dit Alexandre Thibault, un employé.

Lui n’a pas ce problème : il peut se garer dans les meilleures places, celles que Desjardins réserve aux covoitureurs.

Le Mouvement Desjardins a mis en place dans les dernières années une panoplie de mesures pour favoriser la mobilité alternative. L’employeur rembourse par exemple 20 % du coût des titres de transports en commun, a aménagé des douches pour les cyclistes et les coureurs…

Desjardins a aussi beaucoup misé sur le covoiturage, une idée qui n’est pas nouvelle au Canada, mais qui peine à s’installer. Le concept du covoiturage est simple : plusieurs automobilistes se coordonnent pour partager une voiture et réduisent au passage leurs dépenses et la congestion.

Pourtant, les statistiques les plus récentes montrent que l’« auto solo » continue de gagner du terrain. La dernière enquête origine-destination pour la région de Québec note que le nombre de véhicules augmente plus rapidement que la population, et que le nombre de personnes qui se rendent au travail dans le siège passager a baissé entre 2001 et 2017.

Mais l’expérience de Desjardins montre qu’avec quelques mesures assez simples, le covoiturage peut fonctionner.

« Desjardins a la volonté de ne plus construire de nouveaux stationnements, explique Pauline D’Amboise, vice-présidente, Gouvernance et Développement durable, chez Desjardins. Ça fait partie d’une stratégie plus globale dans la lutte contre les changements climatiques. Mais ça relève aussi de notre volonté de limiter les coûts pour nos membres, parce que ça coûte de l’argent d’aménager et d’entretenir de nouveaux stationnements. »

Pour ne plus construire de stationnements, il faut arrêter d’ajouter des voitures. C’est simple. Mais convaincre des gens de laisser la leur à la maison est plus compliqué qu’il n’y paraît.

L’argument de la flexibilité

Selon un récent sondage réalisé par plusieurs organismes – dont Polytechnique Montréal, Équiterre et la Fondation David Suzuki –, la principale raison évoquée par les répondants pour ne pas covoiturer est le manque de flexibilité.

Que faire en cas d’urgence ? Que faire si mon enfant est malade à la garderie et que, subito presto, je dois le récupérer ? Pour remédier à ça, Desjardins, comme d’autres employeurs au Québec, garantit au covoitureur de pouvoir rentrer chez lui en cas d’urgence. L’entreprise va payer le taxi.

L’employeur offre aussi des horaires flexibles, des stationnements réservés et un site internet qui permet aux équipes de se former, en partenariat avec covoiturage.ca.

« Le site de covoiturage nous a permis de nous connaître. On ne se connaissait pas, on habite dans trois secteurs différents », explique une autre employée, Marie-Josée Montminy. Elle habite à Cap-Saint-Ignace, à 70 km des bureaux lévisiens de Desjardins.

Elle, Alexandre Thibault, de L’Islet, et Daniel Bernier, de Saint-Jean-Port-Joli, voyagent ensemble matin et soir. Pourquoi font-ils du covoiturage ? Les trois citent une question d’argent.

« On prend notre auto 7 fois pendant le mois au lieu de 20 fois », résume Mme Montminy.

« Avant, je voyageais seul et ça me coûtait 80 ou 85 $ par semaine, dit Daniel Bernier. Maintenant, ça doit être en bas de 50 $. Juste pour l’essence, sans même compter la dépréciation de la voiture. »

Desjardins explique que le succès du covoiturage se constate surtout à Lévis. Ici, il y a 300 équipes et plus de 600 covoitureurs.

À Montréal, où les transports en commun sont beaucoup plus développés, les employés les utilisent davantage. Les Montréalais ont aussi beaucoup plus recours aux transports actifs, probablement parce qu’ils parcourent de moins longues distances.

Mais la mise en place du covoiturage à Lévis était devenue une nécessité. « À la cité de Lévis, il y a une croissance importante des activités et maintenant, il y a un bouchon pour entrer », explique Pauline D’Amboise.

Ces mesures pour le covoiturage n’ont pas coûté très cher à l’employeur. Mme D’Amboise explique par exemple que la mesure qui garantit le remboursement d’un taxi en cas d’urgence a été très peu employée.

« Depuis 2011, c’est moins de 100 $ de retour par taxi qu’on a payé. C’est là pour les gens. Mais le système fonctionne très bien parce que ç’a été très peu utilisé. »

Comme quoi même s’il stagne depuis des années au pays, le covoiturage peut fonctionner dans certaines circonstances, quand une organisation y croit suffisamment pour donner des avantages aux covoitureurs.

Proportion de covoitureurs dans les villes canadiennes

Halifax : 15,6 %

Gatineau : 15,1 %

Winnipeg : 14,8 %

Toronto : 11,6 %

Calgary : 11,4 %

Vancouver : 11,2 %

Edmonton : 11,2 %

Québec : 10,6 %

Montréal : 8,6 %

Source : Statistique Canada, recensement de 2016

Sur l’écran radar

France

Vers des vaches « bas carbone »

La filière laitière française a commencé à travailler sur la réduction des gaz à effet de serre et veut maintenant valoriser ses efforts en profitant du besoin en crédits carbone des grandes entreprises et des collectivités en France. Les éleveurs pourront ainsi être rémunérés pour leurs efforts contre les changements climatiques en vendant des crédits carbone. « Aujourd’hui, 9500 éleveurs sur 57 000 sont entrés dans une démarche de baisse des émissions carbone », le crédit carbone étant « un élément supplémentaire pour la prise de décision des éleveurs » vers des usages plus vertueux pour l’environnement, a déclaré à l’AFP Thierry Geslain, directeur du développement durable du CNIEL (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière). Dans une ferme de vaches laitières moyenne (500 000 litres de lait par année), une réduction des émissions de carbone d’environ 10 % reviendra à une économie annuelle de 50 tonnes de CO2. Les recettes des ventes des crédits carbone reviendront aux éleveurs, selon le CNIEL. 

— Agence France-Presse

Suisse

Des militants écologistes teignent en vert fluo une grande rivière

La rivière de Zurich, ville la plus peuplée de Suisse, a été teinte en vert fluorescent mardi, une action spectaculaire revendiquée par l’organisation Extinction Rebellion (XR), qui voulait protester contre la destruction de l’écosystème mondial. « Rébellion Extinction Zurich a coloré la Limmat en vert », a indiqué sur Facebook la branche zurichoise de ce réseau international de désobéissance civile climatique lancé en octobre 2018 au Royaume-Uni. Comme on peut le voir sur des images que l’organisation a publiées sur son site, des militants se sont élancés dans cette eau d’un vert intense, avant de simuler leur mort. « XR veut attirer l’attention sur l’effondrement imminent de l’écosystème et sur le système toxique dans lequel nous nous trouvons », a précisé l’organisation, ajoutant que la couleur utilisée est constituée d’uranine, une substance « totalement inoffensive dont la toxicité est équivalente à celle du sel de cuisine ». Alertée par des appels téléphoniques, la police zurichoise s’est rendue sur place pour déterminer si la couleur posait un danger pour la population, a-t-elle indiqué dans un communiqué. 

— Agence France-Presse

Qatar

Une rue repeinte en bleu pour rafraîchir Doha

Un tronçon de chaussée a été peint en bleu vif à Doha, capitale du Qatar, pour tenter de refroidir la surface du macadam et de réduire la température environnante qui flirte avec les 50 °C dans ce pays du Golfe, hôte de la prochaine Coupe du monde de football. L’essai intervient à trois ans de la phase finale de 2022, qui se jouera en hiver pour éviter les chaleurs torrides de l’été. Le tronçon de 200 m de la rue Abdallah ben Jassim, entre le marché Souq Waqif et le front de mer, a été enduit d’un pigment bleu réfléchissant d’un millimètre d’épaisseur. L’Autorité des travaux publics se donne 18 mois pour vérifier si la nouvelle surface fait effectivement baisser la température et contribue à réduire la chaleur dans la zone alentour. La Ville plantera également des arbustes pour aider à absorber la chaleur. 

— Agence France-Presse

Climat

Le monde doit s’adapter à des conséquences « inévitables »

Le monde doit accélérer sa préparation aux conséquences « inévitables » des changements climatiques, adaptation qui présente en outre des opportunités économiques, a plaidé mardi une commission internationale codirigée par l’ex-secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. « S’adapter maintenant », plaide l’étude de la Commission globale sur l’adaptation, créée en 2018 à l’initiative des Pays-Bas, rejoints par 19 autres pays. « Nous sommes la dernière génération qui peut changer le cours des changements climatiques, et la première qui doit vivre avec ses conséquences », a déclaré Ban Ki-moon au cours de la présentation du rapport à Pékin. « Remettre à plus tard et payer, ou planifier et prospérer », a résumé M. Ban quant au choix qui s’impose à l’humanité, reprenant le slogan de la commission.

— Agence France-Presse

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