Simplicité volontaire

Tout abandonner pour trouver un sens à sa vie

Avez-vous fait votre grand ménage du printemps ? Parions que vous n’avez pas poussé l’exercice aussi loin que Ryan Nicodemus et Joshua Fields Millburn deux jeunes ex-workaholics américains transformés en gourous de la simplicité volontaire. Les auteurs du blogue theminimalists.com et de 6 livres à succès sont à Montréal ce soir pour parler de leur plus récent livre, Everything That Remains. La Presse Affaires a posé quelques questions à Ryan Nicodemus avant sa visite.

Comment en êtes-vous venu à faire un changement aussi radical dans votre vie ?

Je suis devenu avant 30 ans directeur des ventes dans une grande entreprise, responsable d’une équipe de 150 personnes. Je faisais beaucoup d’argent, mais j’en dépensais encore plus. D’ailleurs, je n’ai pas fini de payer mes dettes accumulées à l’époque. Mais j’ai réalisé que mon travail ne correspondait pas à mes valeurs et que j’étais très malheureux. J’ai vécu une période très difficile avant de décider de quitter mon emploi et de me débarrasser de la majorité de mes possessions. Mon ami Joshua, avec qui je travaillais, vivait les mêmes remises en question. Nous avons entrepris cette démarche ensemble et avons décidé de partager notre expérience sur un site web.

Comment gardez-vous la motivation nécessaire pour maintenir votre style de vie minimaliste ?

Dorénavant, je me demande tous les jours si ce que je fais avec mon argent et mon temps ajoute vraiment quelque chose à ma vie. Je fais de la place seulement aux choses qui m’apportent du bonheur. Ma vie a maintenant beaucoup plus de sens et je n’ai jamais été aussi heureux ! On parle beaucoup du renoncement aux biens matériels, mais la façon d’utiliser notre temps est aussi très importante. En fait, c’est notre ressource la plus précieuse.

Bien des gens admirent ce que vous faites, mais ne passent pas à l’action. Pourquoi ?

Nous vivons dans une culture qui carbure à la consommation, qui nous encourage à acheter à outrance. La plupart des gens s’habituent à vivre ainsi, et ça demande beaucoup d’efforts de changer.

Devenir un minimaliste, mener une vie simple n’est pas toujours facile. Il faut beaucoup de discipline pour prendre une telle décision délibérée. J’ai eu beaucoup de mal à me débarrasser de ma superbe voiture neuve que j’adorais !

Dans mon cas, j’ai trouvé l’énergie pour faire les changements nécessaires en réalisant à quel point mes choix de vie me faisaient souffrir. Tant mieux si, en partageant notre expérience, on peut éviter à d’autres personnes les mêmes souffrances. La dernière récession a peut-être eu comme effet de faire comprendre à certains que l’argent ne les rendait pas heureux, et ils cherchent maintenant d’autres façons de profiter de la vie.

Dans certains milieux, bien des jeunes font le choix de ne pas vivre pour le travail et accordent une grande importance à leur vie sociale. Votre message trouve-t-il plus d’écho auprès des jeunes ?

Les jeunes sont en effet très réceptifs. Ils regardent leurs parents et se disent : « Mon but dans la vie n’est pas de travailler 60-70 heures par semaine pour pouvoir me payer une belle retraite plus tard. » Ils sont aussi plus conscients de l’importance de protéger l’environnement, et dire non à la consommation de masse permet évidemment de réduire son empreinte carbone.

Vous n’êtes pas les premiers à vouloir inciter les gens à vivre avec moins. Qu’est-ce que vous proposez de différent ?

On sait tous que l’argent ne fait pas le bonheur. Mais nous essayons d’aller plus loin et d’expliquer nos motivations en parlant de notre propre expérience et de notre recette pour trouver le bon équilibre. Nos rencontres attirent autant des PDG de grandes entreprises que des participants à Occupy Wall Street, qui ont la même préoccupation de trouver un sens à leur vie.

Quel serait votre message aux gens qui, sans bouleverser leur vie complètement, voudraient amorcer certains changements ?

On a toujours des dépenses à faire, on a toujours besoin de certaines choses, mais il faut prendre l’habitude de se questionner. Le problème, c’est la consommation compulsive. L’industrie du marketing fait très bien son travail de nous faire croire que nous avons besoin d’une foule de choses. Pour que notre vie retrouve son sens, il faut se demander quelles sont nos priorités. On dit tous que ce sont notre famille et nos intérêts personnels qui priment, mais en réalité, à quoi consacre-t-on le plus de temps et d’argent ?

LES TROIS QUESTIONS QUE SE POSE RYAN NICODEMUS AVANT DE FAIRE UN ACHAT :

• Est-ce que j’en ai besoin ?

• Est-ce que c’est utile, est-ce que ça m’apporte quelque chose ?

• Est-ce que ça me rend heureux ?

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