La question du proprio

Comment préparer sa maison pour la vente?

Avant de faire cuire des muffins aux bananes pour charmer les acheteurs potentiels par le nez, il est préférable de se demander ce qui pourrait réellement freiner la vente de sa propriété. Quels problèmes majeurs sont les plus susceptibles d’être relevés par un inspecteur en bâtiment?

Même si la cuisine a été rénovée, cet aspect «prendra le bord» à la découverte de certains problèmes, dit Cynthia Laforte, présidente de l’Association des inspecteurs en bâtiment du Québec. C’est également le cas de tout ce qui concerne l’humidité dans une résidence.

«Lorsqu’on a présence d’humidité excessive ou d’infiltration d’eau, ça suppose des réparations qui peuvent impliquer des travaux majeurs. Refaire un drain, par exemple, ça demande de faire du terrassement, c’est très dispendieux», dit-elle.

Les fissures dans la fondation d’une maison sont également de nature à faire reculer un acheteur, précise Cynthia Laforte.

Chez DuProprio.com, le coach en immobilier Martin Desfossés estime que le toit à refaire, les portes et fenêtres désuètes et une fondation qui rend l’âme sont autant d’aspects qui ont un impact sur la valeur d’une propriété ou qui rebutent bien des acheteurs.

Il note une constante chez les acheteurs: ils n’ont pas le budget pour réaliser de gros travaux.

«Les acheteurs n’ont pas d’argent. Les gens ont très souvent la mise de fonds minimale pour acheter une propriété. Une fois qu’on sait qu’ils ne disposent pas de beaucoup de liquidités, on comprend qu’ils cherchent souvent du clés en main», dit-il.

Si vous avez des doutes sur l’état de votre maison, une inspection prévente, qui s’apparente à une inspection préachat, pourrait s’avérer utile. «Si l’inspecteur découvre par exemple que l’humidité dans la maison est excessive, ça donne le temps au vendeur de trouver la cause du problème. On peut fournir aux acheteurs potentiels des factures prouvant les travaux qui ont été faits, ou des soumissions pour qu’ils connaissent le montant des rénovations à faire», dit Cynthia Laforte.

Un avis partagé par Martin Desfossés. «C’est recommandé d’investir avant de mettre en vente. Comme ça, on évitera la négociation, ça ne sera pas un irritant, et la maison va avoir une meilleure gueule», dit-il.

Adieu, vieille cuisine?

Doit-on absolument avoir une maison au goût du jour avant de la mettre en vente? Le retour sur investissement est-il toujours au rendez-vous?

«Je me suis toujours gardé d’avancer des chiffres sur l’apport d’une rénovation. Si j’investis 10 000$ dans ma cuisine, vais-je récupérer 2000$, 5000$, 8000$? Je ne sais pas! Mais c’est certain qu’une belle cuisine vendra mieux qu’une vieille cuisine», dit Martin Desfossés, qui suggère néanmoins aux futurs vendeurs de «ne pas partir en peur» avec les rénovations.

«La maison est fonctionnelle, propre et belle? Dans son look actuel, elle a sa valeur. Ce n’est pas parce que j’investis que je vais récupérer davantage», dit le coach en immobilier.

La présidente de l’Association des inspecteurs en bâtiment du Québec estime que la coquille de la maison demeure le plus important.

«Si le comptoir de la cuisine est fini, c’est accessoire. C’est rare que ça va demander un gros investissement. Contrairement aux infiltrations d’eau ou aux problèmes structuraux, un comptoir de cuisine abîmé ne va pas causer des problèmes de santé ou une déflexion du bâtiment», dit Cynthia Laforte.

Home staging

Grâce aux émissions qui sont consacrées aux transformations de maisons, les principes du home staging sont bien connus: désencombrement et dépersonnalisation de l’espace en figure de proue.

«On se demande ce qui va rendre la propriété intéressante, dit Marie-Josée Leblanc, spécialisée dans la mise en valeur de propriété. On détermine les points forts d’une propriété et on atténue les choses les moins intéressantes. Il ne s’agit pas de cacher la vérité, d’escroquer les gens. On ne mettra jamais un tapis sur la brûlure du plancher. Mais on veut mettre les forces au premier plan», dit-elle.

Le porte-parole de Duproprio.com ne voit pas l’utilité du home staging à outrance. «On continue de vivre dans nos maisons même lorsqu’elles sont en vente. Certains disent qu’il faut enlever les photos des enfants, mais les acheteurs aussi sont des humains, ils en ont, des enfants!», dit Martin Desfossés, qui estime que tout le monde a un peu «de designer en lui».

Marie-Josée Leblanc suggère de mettre l’accent sur la cuisine et le salon en vue d’éventuelles visites d’acheteurs et met en garde contre la tentation de tout cacher dans la chambre à coucher principale, que les acheteurs potentiels voudront assurément voir. «Souvent, on néglige cette pièce et quand les amis viennent à la maison, on ferme la porte. C’est souvent la dernière pièce qu’on aménage», dit-elle.

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