MONSIEUR L’INSPECTEUR

Végétation et bâtiments : quelques mythes déracinés

Les vignes et leurs ancrages endommagent les murs de brique. Vrai ou faux ? Les racines des gros arbres peuvent endommager les fondations. Mythe ou réalité ? Le point sur quelques croyances au sujet de la cohabitation entre végétaux et bâtiments.

VIGNES

Les vignes détériorent les parements de maçonnerie.

Faux

Contrairement à ce que prétendent plusieurs inspecteurs en bâtiment, les vignes n’endommagent pas le mortier et encore moins la brique, à moins que ceux-ci soient déjà en très mauvais état. Les vignes utilisent l’un des deux types d’ancrage, explique l’architecte paysagiste Michel Rousseau, du Groupe Rousseau Lefebvre. « Certaines ont des ventouses qui vont simplement se coller aux surfaces poreuses. D’autres ont des vrilles qui pourraient s’insérer dans du mortier de mauvaise qualité ou déjà désagrégé. »

Les vignes peuvent devenir envahissantes et nuire au bâtiment.

Vrai

En inspection préachat, les vignes ont le principal désavantage de cacher le parement de brique et ses possibles défauts, soulève l’inspecteur en bâtiment Jean Noël. « Quand les vignes ne sont pas entretenues, elles poussent à l’infini, dit-il. On arrive sur la toiture et on dirait un toit vert. La vigne a un certain poids et elle tire sur le parapet. » Particulièrement envahissante, la vigne vierge peut rapidement obstruer partiellement une fenêtre, recouvrir le condenseur d’un climatiseur ou obstruer des sorties de ventilation. Michel Rousseau suggère l’utilisation de variétés de vignes moins agressives, qui n’auront pas à être taillées aussi souvent.

Les vignes ont plus d’inconvénients que d’avantages.

Faux

Certains inspecteurs recommandent d’abattre ces « autoroutes à fourmis » qui retiennent l’humidité contre les murs de brique. Au contraire, souligne Michel Rousseau, qui est aussi président de la Société québécoise de phytotechnologie (l’usage des plantes pour résoudre des problèmes environnementaux), la vigne crée un écran qui empêche la brique d’absorber les rayons du soleil. La couche d’air entre le feuillage et la brique isole  aussi quelque peu le bâtiment du froid en hiver et du chaud en été alors que les feuilles captent la poussière et que la photosynthèse émet de l’oxygène. Un mur étroit et sans lumière directe peut également être embelli, même en présence de sol pauvre.

ARBRES

Les racines des arbres peuvent percer les fondations.

Faux

Cela ne s’est jamais vu. « À Montréal, on voit beaucoup d’érables à Giguère, qui poussent parfois très près des maisons. Quand on creuse, on se rend compte que les fondations sont impeccables », rapporte Michel Rousseau.

S’il existe déjà une fissure dans les fondations, une racine d’arbre peut s’y introduire pour tenter d’y trouver de l’eau. Sinon, il est tout à fait improbable qu’une racine défonce des fondations. Même un tronc n’enfoncera pas un mur de béton. Qui n’a jamais vu ces clôtures en fer forgé délicatement avalées par un tronc d’arbre ?

Les racines des arbres peuvent briser des tuyaux.

Faux

À moins qu’une conduite d’eau soit déjà brisée, les racines ne feront que la contourner. Dans les quartiers les plus anciens, on trouve régulièrement des racines d’arbre dans des conduites d’égout en terre cuite qui se sont affaissées. Très fragiles, ces conduites peuvent se fêler au moindre impact lors de travaux de voirie. Les racines n’ont pas tendance à cogner très fort, mais une fois la porte ouverte, elles ne se gênent plus.

Si la propriété compte un drain français, les racines peuvent effectivement s’y infiltrer par les perforations existantes sur ce type de tuyaux. On voit régulièrement des drains français obstrués par des racines de haies de cèdres.

Certains arbres peuvent assécher le sol et provoquer des affaissements et fissures de fondations.

Vrai

« À Montréal, et surtout sur le Plateau, on est sur l’argile, souligne l’inspecteur Jean Noël. Quand l’argile s’assèche lors des années de sécheresse, cela crée des problèmes de fondations. » Parlez-en à ceux qui ont dû faire pieuter leur multiplex ! Le suspect numéro un est l’érable argenté, réputé très goulu. Le véritable coupable, par contre, est le développement urbain qui laisse au sol bien peu de surface pour refaire le plein d’humidité quand il pleut.

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