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Édition du 22 avril 2017,
section AFFAIRES, écran 5
Fondée en 2010 par un couple, Frederick Mannella et Kei Izawa, LXR se spécialise dans la vente de produits de luxe d’occasion. En 2014, on a changé le modèle d’affaires, délaissant la vente aux entreprises pour s’adresser aux consommateurs. « Kei et moi, on gagnait bien notre vie mais on s’est dit qu’on voulait monter une entreprise à un milliard, raconte M. Mannella. Cette décision en 2014 a été l’étincelle, le vrai coup d’envoi de LXR. » Du coup, après cette transformation, l’entreprise est passée de 5 points de vente à 46 et vise les 500 d’ici 2021. Les boutiques LXR sont des sections de petite taille, d’environ 250 pieds carrés, à l’intérieur d’autres magasins – par exemple La Baie d’Hudson à Montréal. On y vend quelque 40 000 produits de luxe usagés par an.
LXR a été acquise le 13 avril dernier par une entreprise ontarienne, Gibraltar Growth. Celle-ci a été créée en 2015 spécifiquement pour acquérir et introduire en Bourse une entreprise prometteuse – une « special-purpose acquisition company », ou SPAC. Après avoir levé un financement de 104,5 millions, Gibraltar Growth a approché les dirigeants de LXR l’an dernier. Et ce, malgré la petite taille de l’entreprise montréalaise, qui compte une vingtaine d’employés à son siège social dans la Petite Italie et 150 dans ses 46 points de vente, surtout dans le nord-est des États-Unis. « Notre compagnie avait une croissance tellement incroyable que ça les a convaincus », dit Frederick Mannella.
Contrairement à ses compétiteurs, LXR n’a qu’une présence marginale sur l’internet, d’où provient à peine 5 % de son chiffre d’affaires. Si l’un des objectifs de cette transaction est de profiter davantage du commerce électronique, M. Mannella voit un avenir florissant pour les boutiques qui ont pignon sur rue et qui offrent une expérience attirante. « La clientèle est toujours présente pour les meilleurs magasins. Nous, on promet à nos clients l’authenticité et le service, nos magasins ont du oumpf. » Chaque article de luxe vendu a une histoire et, évidemment, LXR s’est bâti une réputation en assurant l’authenticité des articles d’occasion qu’elle revend. Quant à l’approvisionnement, il provient également en partie des points de vente, où on assure que la personne voulant se défaire d’un bien peut boucler la transaction en moins d’une heure.
Mais y a-t-il réellement un marché suffisant pour des sacs à main, des porte-monnaie et des montres qui valent aussi cher qu’une voiture ? Le président de LXR sourit. « Oui, il y a un marché pour ça, mais le prix moyen de nos articles est de 740 $. Le sac à 18 000 $ est là, mais il faut être capable de tout offrir. Pour nous, le luxe, c’est aussi l’accessibilité. » L’acquisition par Gibraltar Growth permettra l’entrée en Bourse dans les prochains mois de LXR et l’expansion dans l’ouest du continent. « Il y a beaucoup de travail à faire : on ne consomme pas de la même manière dans l’Ouest que dans l’Est. Il va falloir apprendre vite. »