Plein air

Dehors, les enfants !

La semaine dernière, plus de 900 spécialistes de la santé, de l’enfance, du plein air et de la gestion des espaces verts se sont réunis à Vancouver pour la conférence internationale du Children and Nature Network. L’objectif : faire partager des pistes de solution pour ramener les enfants à l’extérieur. Il en va de leur santé physique et mentale, insistent de nombreux participants à l’événement.

« Les enfants ont besoin de la nature, et la nature a besoin des enfants », résume Laura Mylan, directrice des communications pour Children and Nature. L’organisation réunit des experts de plusieurs pays dont l’objectif est de réduire le « déficit de nature » chez les enfants. « Les effets de la nature sur la santé des jeunes font consensus chez les experts, mais comment amènerons-nous la prochaine génération à protéger l’environnement si elle n’est plus en contact avec elle ? »

Voilà un défi de taille, reconnaît l’organisation. Au cours de la conférence, des participants de 22 pays ont fait part de solutions concrètes pour rétablir le contact entre les enfants et la nature : cours d’école vertes, programmes de découverte pour les familles, incitations sociales… « On espère que tous les participants à la conférence vont retourner dans leur communauté avec des idées pour améliorer la situation. Ce qui est fait au Brésil peut être appliqué à Halifax ! », s’enthousiasme Mme Mylan.

Dans certains États américains, des médecins vont jusqu’à prescrire du temps à l’extérieur à leurs jeunes patients, en partenariat avec des centres de plein air. La solution durable réside toutefois dans l’amalgame de plusieurs initiatives, à la maison, à l’école et dans les villes, croit le réseau Children and Nature.

La santé mentale en jeu

Matilda van den Bosch, professeure adjointe à l’Université de Colombie-Britannique, a animé une table ronde sur l’impact de la nature sur la santé mentale des enfants. La docteure en médecine, spécialisée en santé publique et en aménagement de l’environnement, s’intéresse aux effets de la nature sur l’être humain. « Il y a des preuves scientifiques réelles des impacts positifs de l’environnement sur la santé, explique-t-elle. Par exemple, il nous apparaît évident maintenant que les enfants qui vont à l’école dans un environnement plus vert ont de meilleures chances de réussite scolaire. Le simple fait de voir la nature peut avoir des effets bénéfiques. »

Elle insiste notamment sur le lien entre le plein air et la santé mentale des enfants. « Nous ne savons pas avec certitude pourquoi, car plusieurs facteurs peuvent expliquer ces effets bénéfiques, admet-elle. Je crois cependant que les enfants qui jouent à l’extérieur collaborent davantage et qu’ils s’amusent en plus grand groupe. »

« Cela contribue à une meilleure estime de soi. Ils ont d’ailleurs statistiquement un comportement moins violent que les enfants qui demeurent à l’intérieur. »

— Matilda van den Bosch, spécialiste en santé publique et en aménagement de l’environnement

L’idée n’est cependant pas de montrer du doigt la technologie, ajoute pour sa part Laura Mylan. « Nos enfants doivent apprendre à vivre dans le monde comme il est aujourd’hui. Par contre, ils perdent graduellement le contact avec la nature. Dehors, tous les sens sont stimulés, ce qui n’est pas le cas devant un écran. »

Matilda van den Bosch estime que le nombre d’espaces verts est généralement insuffisant dans les grandes villes, particulièrement dans les milieux défavorisés. Or, même avec davantage de parcs, comment s’assurer que les enfants en profitent ?

« Laissons-leur du temps de jeu désorganisé, suggère Laura Mylan. Pour la conférence, nous avons créé un espace pour les enfants, avec des morceaux de bois, du sable, des cailloux, de la boue… et spontanément, ils se sont mis à créer toutes sortes de jeux. Ils collaborent les uns avec les autres et ils ont vraiment du plaisir ! »

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