Sur la route

L’immigration menace le français au Québec, dit Legault

Saint-Colomban — Le système d’immigration dans sa forme actuelle pose un « risque » pour la survie du français au Québec, a prévenu François Legault, hier. Il a dit craindre que « nos petits-enfants » ne le parlent plus.

Vingt-quatre heures après avoir promis d’abaisser à 40 000 le nombre d’immigrants qui arrivent au Québec dès 2019, le chef caquiste a réaffirmé l’importance d’agir lors d’un passage à Saint-Colomban, au nord de Montréal.

« Il y a un risque, effectivement, a-t-il affirmé. Le français au Québec sera toujours vulnérable. C’est la responsabilité du premier ministre du Québec de protéger la nation, de protéger le français au Québec. »

Invité à préciser sa pensée, il a dit craindre « que nos petits-enfants ne parlent plus français ».

« Je ne voudrais pas avoir à me reprocher ça. »

— François Legault

Un gouvernement de la CAQ réformerait la manière dont les immigrants sont admis au Québec. M. Legault souhaite abaisser temporairement leur nombre d’environ 20 % afin de faciliter leur intégration.

Prise de contrôle

La CAQ veut aussi lancer des négociations avec Ottawa afin d’obtenir le pouvoir de gérer le programme de réunification familiale. Ce programme fédéral permet à une personne déjà installée au Québec de faire venir d’autres membres de sa famille en parrainant leur demande.

M. Legault souhaite que Québec prenne le contrôle du programme, parce qu’il ne pose aucune exigence quant à l’apprentissage du français. Une fois ce programme sous le contrôle d’un gouvernement caquiste, on permettrait néanmoins certaines exceptions.

« Quand une personne est très âgée, qu’elle vient pour rejoindre ses enfants ici, on pourrait être plus souple sur les exigences. »

— François Legault

Un gouvernement caquiste révoquerait aussi le certificat de sélection d’immigrants qui échouent à un test de français ou à un « test des valeurs ».

Le chef caquiste martèle que le quart des immigrants qui s’établissent au Québec finissent par quitter la province, que le taux de chômage est de 15 % chez ceux qui restent et qu’ils sont majoritairement concentrés à Montréal. Il souhaite « en prendre moins, mais en prendre soin ».

Appel aux « amis péquistes »

Le plaidoyer de François Legault pour la préservation de la langue est survenu quelques minutes après qu’il eut appelé ses « amis péquistes » au vote stratégique. Il a présenté la CAQ comme le seul parti qui puisse répondre à leurs préoccupations.

« C’est une lutte à deux entre la CAQ et le gouvernement libéral, a expliqué M. Legault. Donc ceux qui sont nationalistes, vous avez le choix entre voter pour un parti qui est à genoux devant le gouvernement fédéral ou un parti nationaliste qui va défendre le Québec, et ça c’est la CAQ. »

Une candidate caquiste moins inquiète

La candidate de la CAQ dans Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, s’est montrée nettement moins inquiète que son chef pour l’avenir du français au Québec.

« Non, je n’ai pas peur. Je pense que le français va toujours perdurer au Québec. C’est notre langue et on en est fiers. »

— Chantal Rouleau, hier soir

Aux yeux du chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, M. Legault « fait ça tout croche » quand il parle d’immigration. Car selon lui, « ses propositions sont dangereuses pour le français ».

« C’est incroyable, ce qu’il a dit, que l’immigration est un danger pour la langue française, a dénoncé M. Lisée. Il veut faire entrer 40 000 immigrants par année qui ne parlent pas français ! »

Couillard ulcéré

Hier matin, les nouveaux détails sur la stratégie caquiste en immigration ont provoqué un changement de ton chez Philippe Couillard. Le chef libéral a accusé François Legault de vouloir « briser des familles ».

« D’une part, il ferme la porte d’entrée, [donc] moins de travailleurs de l’extérieur, il ouvre la porte de l’expulsion avec ses tests, et puis en même temps, il est prêt à briser des familles », a accusé le chef libéral.

Il s’est ensuite permis d’ironiser : « Quelle vision sociale extraordinaire ! »

— Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose et de Tommy Chouinard, La Presse

22 millions pour les parents d’enfants handicapés

Un gouvernement de la Coalition avenir Québec va bonifier de 22 millions le programme d’aide financière aux parents d’enfants handicapés, a dit François Legault, hier. Le chef caquiste a promis une refonte du Supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels (SEHNSE). Cette aide de 962 $ par mois, créée en 2016, permet aux parents d’assumer dans leur domicile la garde, les soins et l’éducation d’un enfant handicapé. Or, les critères d’admissibilité à ce programme sont extrêmement restrictifs et seuls les parents d’enfants très lourdement handicapés peuvent en profiter, a dit M. Legault. Résultat : 54 % des demandes sont refusées. « C’est vraiment injuste, c’est complexe », a résumé M. Legault. Il a également promis une consultation pour revoir de fond en comble l’aide pour les familles d’enfants handicapés, qui provient actuellement d’une batterie de programmes différents.

— Martin Croteau, La Presse

Legault sera l’allié de Trudeau sur le climat

Si la Coalition avenir Québec prend le pouvoir, Justin Trudeau pourra compter sur l’appui de François Legault dans son bras de fer qui l’oppose à différentes provinces sur l’implantation de son plan de lutte contre les changements climatiques. Le chef caquiste a confirmé son appui au premier ministre fédéral, hier, au moment où ce dernier fait face à une fronde de la Saskatchewan, de l’Ontario et, depuis peu, de l’Alberta. Ces trois provinces refusent qu’Ottawa impose à l’ensemble du pays une taxe sur le carbone. « J’espère que Justin Trudeau va tenir son bout », a dit M. Legault. La mesure fédérale ne touchera pas les provinces qui, comme le Québec et la Colombie-Britannique, imposent déjà un prix sur le carbone. Le Québec s’est doté en 2014 d’un marché du carbone, qu’il a depuis lié à celui de la Californie. M. Legault a confirmé être favorable au maintien de ce programme.

— Martin Croteau, La Presse

Sur la route

Couillard corrige Bourdon qui a contredit Barrette

Longueuil — Le Parti libéral du Québec est favorable à ce que des patients qui attendent d’être opérés le soient dans des cliniques privées aux frais de l’État, a rappelé Philippe Couillard après que sa candidate vedette Gertrude Bourdon se fut dite opposée à cette idée défendue depuis longtemps par Gaétan Barrette et lui-même.

À l’occasion d’un débat sur la santé au micro du 98,5 FM hier, Mme Bourdon a répondu qu’elle n’était « pas du tout » d’accord avec l’idée qu’on ait recours au privé pour que des patients du réseau public subissent des opérations payées par l’État.

« On forme nos professionnels dans le public, et là, on leur dit : “Allez travailler au privé, vous allez pouvoir choisir vos patients.” Quand on a un système public, c’est pour répondre aux besoins complets des patients. On ne sélectionne pas nos patients », a plaidé Mme Bourdon, à qui Philippe Couillard a promis le poste de ministre de la Santé si les libéraux sont reportés au pouvoir. Elle a ajouté que le système public était « un système équitable », laissant entendre que toute ouverture au privé, même si les soins sont payés par l’État, était inéquitable.

On lui a ensuite rappelé que Gaétan Barrette avait mis sur pied des projets pilotes avec des cliniques privées, qui ont obtenu le droit de faire des « chirurgies d’un jour » financées par l’État. Un patient en attente dans le réseau public peut choisir de se faire opérer dans une clinique privée. Selon Mme Bourdon, ce sont « de petits exemples » qui sont en train d’être réalisés « dans l’esprit de réduire les listes d’attente ».

« Une bonne chose à explorer »

Lors d’une conférence de presse à Longueuil hier, Philippe Couillard a affirmé qu’« il fallait continuer » les projets pilotes. Quand on lui a fait part de la position exprimée par Mme Bourdon, il a répondu : « Ce qu’on doit dire, c’est qu’on ne le fera pas aveuglément », recourir au privé pour des opérations payées par l’État. « Mais ça me paraît une bonne chose au moins à explorer. »

« Le problème, c’est que les gens qui se prononcent de part et d’autre sur cette question n’ont pas sous la main les comparatifs. »

« Le bon côté des projets pilotes qui ont été faits, c’est qu’on va pouvoir vraiment comparer les coûts entre les deux options [clinique et hôpital]. Et en passant, on ne diminuera pas nos activités dans nos hôpitaux. »

— Philippe Couillard

« Pour moi, pour nous, de tout temps, quand c’est payé par le public et qu’il n’y a pas de lien avec la capacité de payer des citoyens, ça demeure dans la circonférence du système public de santé. Il faut que ce soit à bon prix et de bonne qualité. Ça aussi, c’est important. »

Après la parution sur le web d’une première version de cet article, l’équipe de Philippe Couillard a fait parvenir à La Presse une déclaration écrite de Mme Bourdon dans laquelle elle se disait prête à « aller jusqu’au bout avec les projets pilotes » en chirurgie et, « si c’est concluant », à en « déployer [d’autres], toujours dans une optique de soupape au réseau » public, afin de réduire les listes d’attente.

« Ce que je ne souhaite pas, cependant, c’est que le privé prenne une place prépondérante dans notre système, et c’est aussi ce que j’ai exprimé » en entrevue à la radio, ajoute l’ex-PDG du Centre hospitalier universitaire de Québec.

Freiner la spéculation sur les terres agricoles

Philippe Couillard s’engage à freiner la spéculation en limitant l’achat de terres agricoles par des fonds d’investissement à 100 hectares par année, l’équivalent des plaines d’Abraham à Québec. C’est une promesse qu’il a faite devant le conseil général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et qui se voulait aussi une flèche décochée à l’endroit de la Coalition avenir Québec (CAQ). Avec son engagement, il ciblait en effet le modèle d’affaires de Pangea, société créée en 2012 par le cofondateur de la CAQ Charles Sirois. La Caisse de dépôt et placement a investi dans cette société en 2017, et son vice-président à l’époque, Christian Dubé, aujourd’hui candidat vedette de la CAQ, avait défendu cette décision dénoncée par l’UPA. Pangea achète des terres agricoles – elle en a pour plus de 6000 hectares – et s’associe à des producteurs pour les exploiter. L’UPA l’accuse de faire grimper le prix des terres et de les rendre inaccessibles à la relève.

— Tommy Chouinard, La Presse

Legault veut « briser des familles »

François Legault « est prêt à briser des familles », a accusé Philippe Couillard, hier, après avoir appris que le chef caquiste voulait également réduire de 20 % le nombre de nouveaux arrivants issus du programme de réunification familiale, qui est sous le contrôle du fédéral. Le chef libéral ne réclame pas à Ottawa les pleins pouvoirs en immigration. Il veut toutefois que le programme fédéral des travailleurs temporaires, trop complexe et coûteux pour les petits entrepreneurs, selon lui, soit « amélioré considérablement ». S’il n’est pas capable de le faire, on va le faire nous-mêmes. […] Qu’il nous transfère le programme, on va le faire », a-t-il affirmé.

— Tommy Chouinard, La Presse

Institutions publiques

Le PQ veut plus de Québec dans les assiettes

Saint-Charles-sur-Richelieu — Le Parti québécois (PQ) veut que les institutions publiques, comme les établissements scolaires les hôpitaux, les CPE et les ministères achètent « obligatoirement » 50 % d’aliments du Québec pour leurs services alimentaires. 

Jean-François Lisée en a fait l’annonce, hier, depuis une ferme en Montérégie. Selon lui, « la part d’aliments québécois dans les assiettes des cafétérias de nos hôpitaux, cégeps et universités se réduit d’année en année ». Il n’a toutefois pas été possible de savoir quelle proportion elle représente à l’heure actuelle.

« [Les] distributeurs américains gagnent les soumissions. Pourquoi ? Parce que, dans leur assiette, il y a des aliments américains qui coûtent moins cher. [Leurs] normes de qualité sont plus faibles », a dit M. Lisée.

« Nous, on dit : “Faites ce que vous voulez, mais 50 % des aliments vendus dans les institutions québécoises doivent être québécois.” Les distributeurs américains devront s’approvisionner dans les fermes québécoises pour avoir accès au marché québécois. Ça va donner un avantage comparatif à nos propres distributeurs et agriculteurs », a poursuivi le chef péquiste. 

De façon générale, les produits locaux représentaient de 60 à 70 % de l’assiette des Québécois, il y a 30 à 40 ans, alors qu’aujourd’hui, c’est environ 30 %, a estimé hier le député péquiste André Villeneuve.

Une mesure, mais à quel coût ? 

Imposer 50 % d’aliments québécois aux institutions publiques aura toutefois un coût, reconnaît le PQ. Celui-ci sera en partie compensé par la hausse de la demande aux agriculteurs du Québec, qui paieront ensuite plus d’impôt, a dit M. Lisée hier. 

« Il faut calculer toute la boucle. Les coûts supplémentaires qu’on pourra voir au moment de l’application de la mesure, je suis sûr que les institutions vont revenir vers le gouvernement du Québec [pour nous demander] d’éponger ça. »

« On aura des discussions, mais il y aura aussi une augmentation du chiffre d’affaires des agriculteurs québécois, qui eux-mêmes vont générer des revenus fiscaux. »

— Jean-François Lisée

Dans son plan agricole, le Parti québécois prévoit également des mesures pour contrer la spéculation sur les terres agricoles, ce qui augmente leur prix et fait du tort à la relève. 

« Les dernières années ont été marquées par l’entrée en scène d’investisseurs qui achètent des terres non pas pour les cultiver, mais pour spéculer sur la hausse de leur valeur foncière », a expliqué le PQ dans son plan.

Le plan péquiste prévoit ainsi déposer un nouveau projet de loi contre l’accaparement des terres agricoles, « pour limiter la superficie que peut détenir un non-agricole [et] réaliser un véritable bilan de l’effet de l’accaparement des terres sur leur prix et sur la relève ». 

Élections provinciales

Québec solidaire veut racheter le REM et construire la ligne rose

Québec solidaire a dévoilé hier matin la pièce maîtresse de son plan de transition économique, le Grand Montréal Express (GME), projet de transports collectifs qui prévoit notamment l’implantation de 38 nouvelles stations de métro d’ici 2030.

Le parti s’engage à investir 10 milliards en « infrastructures de mobilité » dans un premier mandat, et 25 milliards au total d’ici 2030. Amalgame de lignes de métro (notamment la ligne rose), de bus rapides et de tram-train, le GEM est vu comme un complément au Réseau express métropolitain (REM) déjà mis en chantier par la Caisse de dépôt et placement du Québec.

QS prévoit par ailleurs rapatrier le REM « sous l’égide publique » en rachetant la part de 2,95 milliards investie par la Caisse, actionnaire majoritaire du projet, en plus d’honorer la participation de 1,28 milliard déjà promise par le gouvernement du Québec. C’est donc 4,23 des 10 milliards en transports d’un premier mandat solidaire qui seraient consacrés au REM.

« Depuis le début, on trouve que ce n’est pas une bonne idée que la Caisse de dépôt se lance là-dedans, a expliqué Manon Massé, co-porte-parole de QS. Les transports en commun doivent rester entre les mains du public. On ne voudrait jamais que la Caisse vende le REM à des intérêts étrangers. »

Selon Mme Massé, un gouvernement de Québec solidaire souhaiterait également discuter avec la Caisse de dépôt afin de réviser le tracé final du REM. Depuis le début du projet, QS a remis en question la nécessité de la portion du tracé dans l’ouest de l’île de Montréal. « On a des propositions », a dit Mme Massé.

La Presse a tenté de savoir auprès de CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt qui chapeaute le projet, si des changements exigés par QS pourraient être envisageables. Dans un courriel, un porte-parole nous a toutefois souligné que l’entreprise ne souhaitait pas « commenter le débat politique ».

Stations de métro et SRB

Québec solidaire a inclus dans ses engagements la mise en œuvre de la ligne rose, promesse phare de Valérie Plante dans son élection à la mairie de Montréal.

La formation politique désire également rallonger de cinq stations la ligne bleue vers l’est, suivant le tracé déjà mis de l’avant par le gouvernement libéral, mais il ajouterait également une station sur la ligne verte (vers l’ouest), au moins deux stations sur la ligne orange (à l’ouest de Côte-Vertu) ainsi que deux stations sur la ligne jaune, à Longueuil. Cette même ligne serait en outre rallongée vers le centre-ville pour se connecter à la station McGill, afin de désengorger la station Berri-UQAM.

« Il est grand temps de sortir certains quartiers montréalais de leur isolement. »

— Manon Massé

En plus des lignes de métro, QS propose deux lignes de services rapides de bus (SRB) : l’un à Montréal sur Pie-IX, déjà annoncé par Québec, mais dans une version allongée qui se rendrait jusqu’au boulevard Notre-Dame au sud, ainsi qu’un lien est-ouest à Laval qui se connecterait au REM, à la station Montmorency et au SRB-Pie-IX.

Le plan solidaire prévoit également un tram-train reliant Pointe-aux-Trembles au centre-ville ainsi qu’un tramway, sur la Rive-Sud, reliant le métro Longueuil au REM par le boulevard Taschereau.

« Ceux qui nous traitent de dépensiers oublient que depuis des décennies, le transport routier représente la majorité des dépenses d’infrastructures, a dit Manon Massé. On ne veut plus dépenser des millions pour donner la chance aux gens d’être pris dans la congestion… »

Les influenceurs invités à bord de l’autocar

Une courte publication Facebook de Gabriel Nadeau-Dubois a suscité une commotion dans la communauté journalistique. Constatant que l’autocar réservé aux médias suivant la campagne de Québec solidaire était vide, le co-porte-parole de QS a lancé mercredi soir un appel aux « personnalités du web », aussi désignées comme des influenceurs, pour prendre place à bord de l’autocar au cours des prochains jours. Alors que les médias doivent payer pour avoir accès aux autocars, QS a mis un certain temps à clarifier sa position hier concernant les influenceurs. Après avoir affirmé en matinée que ces personnes seraient reçues gratuitement, le parti a rectifié plus tard dans la journée en précisant qu’elles seraient soumises au même tarif que les médias.

— Simon-Olivier Lorange, La Presse

Élections provinciales

Débat sur l'environnement sans le Parti libéral

Un débat sur l’environnement sans représentant du parti au pouvoir attendait les quelques centaines de personnes réunies pour l’occasion à HEC Montréal, hier soir.

La veille encore, le Parti libéral promettait d’y participer, avant de finalement se désister à trois heures de l’événement, ont déploré les organisateurs.

Les questions environnementales préoccupent pourtant les électeurs, a relevé l’ancien ministre péquiste Sylvain Gaudreault, qui participait à la rencontre en compagnie du caquiste Richard Campeau et de la solidaire Ruba Ghazal.

« Les gens me parlent des 100 morts cet été [au Québec] à cause des canicules successives. Les gens me parlent des feux de forêt […], des inondations », a-t-il énuméré.

Les trois candidats ont unanimement dépeint un bilan décevant du gouvernement libéral en matière d’environnement, manquant selon eux d’ambition, de cohésion, de moyens et de vision à long terme permettant de transcender les joutes électoralistes.

« Imaginez si on gérait nos finances publiques comme on gère nos gaz à effet de serre. On serait en déficit ! », a illustré Ruba Ghazal, qui tentera de succéder à Amir Khadir dans Mercier, au cœur de Montréal.

Mais en l’absence de représentant libéral, c’est surtout le caquiste qui a été pris pour cible au cours de ces deux heures d’échanges courtois que seuls quelques spectateurs cavaliers sont venus troubler.

Reprochant à la CAQ de ne pas avoir fixé d’objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES), Ruba Ghazal a fait allusion à la volonté du parti de François Legault de réduire le nombre d’immigrés admis au Québec.

« C’est important de fixer des cibles, un peu comme on le fait pour les questions d’immigration, lorsqu’on se fixe des objectifs de combien d’immigrants nous allons accueillir. »

— Ruba Ghazal, candidate de Québec solidaire

Sylvain Gaudreault, qui tentera de se faire réélire dans Jonquière, a martelé que la loi-cadre sur l’environnement promise par le Parti québécois visait à placer la question au cœur des décisions du gouvernement, faisant le parallèle avec la loi sur l’équilibre budgétaire dans les années 90 : « L’enjeu de la crise climatique est certainement aussi important que l’était l’enjeu du déficit zéro. »

Richard Campeau, qui brigue les suffrages dans Bourget, dans l’est de Montréal, a estimé que le gouvernement devait « accompagner les différents entrepreneurs » dans l’amélioration de leurs pratiques, plutôt qu’être « la police » qui dit « quoi ne pas faire », affirmant que « sévir, c’est attendre que le problème arrive ».

Ruba Ghazal l’a aussitôt rabroué, estimant pour sa part qu’il « faut avoir le courage » de faire appliquer les lois et règlements dont l’État se dote et que ça ne saurait se faire en abolissant des postes de fonctionnaires, comme le propose la CAQ.

Le candidat caquiste a cependant rallié ses adversaires quand il a parlé de l’importance de la transparence gouvernementale comme « seule façon d’avoir la confiance » du public dans l’élaboration de politiques environnementales.

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