Le débat sur la souveraineté déclenché par la candidature de Pierre Karl Péladeau n’a pas servi Pauline Marois. Pour la première fois depuis novembre 2013, le Parti libéral du Québec (PLQ) devance le Parti québécois (PQ) dans les intentions de vote, un revirement important à l’approche du premier débat télévisé des chefs.
Si des élections avaient eu lieu cette semaine, CROP estime que le PLQ aurait obtenu 39 % des votes, une hausse de trois points par rapport à son enquête réalisée pour Radio-Canada à la veille de l’entrée en scène de Pierre Karl Péladeau. Comparativement aux résultats de février, le PLQ grimpe de cinq points. Le PQ de Pauline Marois aurait obtenu 36 % des suffrages cette semaine – le même score que la semaine dernière, mais une glissade de quatre points par rapport à février, après répartition proportionnelle des 16 % d’indécis.
CROP a sondé 1400 internautes, du 12 au 16 mars. Le sondeur a doublé ses échantillons pour la région de Québec et la couronne de Montréal afin d’obtenir une photo plus précise de ces secteurs qui risquent d’être déterminants le 7 avril.
Avec de tels chiffres, « tous les scénarios sont possibles », lance Youri Rivest, vice-président de CROP. Le gouvernement pourrait être péquiste comme libéral. Quelques points de plus pour le PQ ou pour le PLQ et l’affaire est jouée. Le parti de Philippe Couillard atteint désormais 30 % chez les francophones – essentiellement aux dépens de la Coalition avenir Québec (CAQ). « Le PLQ est proche de la zone payante », affirme M. Rivest. Le PQ conserve 43 % des francophones et détient encore une avance de 13 points sur le PLQ, mais c’est 10 points de moins que le mois précédent. Devant de tels résultats, il est périlleux de prédire qui aura plus de sièges, observe le spécialiste. Surtout que l’appui à la Charte de la laïcité est absolument stable depuis des mois.
Une chose paraît claire, toutefois : avec la tendance à la baisse, constante, de la CAQ, la course à trois s’évanouit. Un troisième gouvernement minoritaire au Québec semble désormais peu probable.
En effet, le parti de François Legault recule encore d’un point par rapport à la semaine dernière, à 13 %. Il atteint son plancher depuis les élections de 2012.
En mars, la CAQ récoltait 16 % des suffrages. « Cette baisse profite aux libéraux, les supporters de la CAQ sont plus fédéralistes », résume le spécialiste.
Québec solidaire, à 10 %, a monté de deux points depuis l’annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau ; depuis mars, la remontée est de trois points.
Les mouvements par rapport à février paraissent importants, mais il faut se rappeler le contexte, relève le sondeur. En février, le gouvernement Marois multipliait les annonces populaires, et la commission parlementaire sur le projet de loi 60 maintenait la Charte de la laïcité dans les bulletins d’information. Depuis, le tsunami causé par l’arrivée de Pierre Karl Péladeau a remis la souveraineté au centre du débat, ajoute M. Rivest.
Pour son enquête de mars, CROP a doublé
la taille de ses échantillons dans la région de Québec et dans la couronne de Montréal. Dans le 450 (420 répondants), la partie est serrée entre le PLQ et le PQ. Les libéraux obtiennent 39 % d’appuis, contre 37 % pour le PQ. La CAQ, dans ce qui avait été pour elle un terreau fertile en 2012, récolte 13 % du vote. Dans la région de Québec (324 répondants), le PLQ obtient 36 % d’appuis, le PQ 27 %. La CAQ est troisième à 23 %
En mars, 27 % des Québécois estimaient que, parmi les chefs de parti, c’est Philippe Couillard qui ferait le meilleur premier ministre. Tout un renversement de tendance : un mois plus tôt, M. Couillard récoltait en effet cinq points de moins. Pour la première fois depuis novembre dernier, il prend les devants sur Pauline Marois, qui récolte 26 %, une glissade de quatre points par rapport à l’enquête de février. Elle atteignait alors 30 %, son meilleur score depuis l’élection de septembre 2012. Un peu de baume pour François Legault : 14 % des répondants voient en lui le meilleur premier ministre, un point de mieux qu’en février.
Même en campagne électorale, CROP a testé la satisfaction à l’endroit du gouvernement Marois. Avec 37 % de répondants satisfaits, on retrouve presque parfaitement les intentions de vote pour le PQ, ce qui lui laisse peu de potentiel de croissance, observe Youri Rivest. La satisfaction a baissé de cinq points par rapport à mars ; elle est toutefois stable depuis la semaine dernière si on intègre le sondage CROP réalisé pour Radio-Canada. CROP pose aussi sa question générale sur l’« humeur des Québécois ». Celle-ci a piqué du nez depuis un mois : 39 % des gens pensent qu’on va dans la bonne direction, alors que c’était plutôt 46 % le mois dernier.
