Résolutions financières

L’heure des choix

Les chiffres qui s’additionnent dans la colonne des dépenses de votre budget risquent d’avoir un effet révélateur, en vous faisant prendre conscience des fuites insoupçonnées. Aviez-vous réalisé que vous dépensiez autant pour vos services de télécommunications ? Ou en bouffe minute ? Ou en soins de beauté ? Ces dépenses sont-elles vraiment nécessaires ?

La vaste majorité des ménages ayant des revenus limités, alors que les occasions de dépenser sont infinies, il faut évidemment faire des choix.

Mais c’est une habitude qui semble se perdre, constate Jacques Nantel, professeur à HEC Montréal. « Dans le budget moyen des ménages, certains postes de dépenses sont devenus de plus en plus importants. Des dépenses qui ne sont pas essentielles semblent être devenues nécessaires pour bien des gens », note-t-il.

Quelques exemples ? Les massages, le restaurant, les voyages, la location ou l’achat d’une résidence secondaire, etc. « Les dépenses de transport prennent de plus en plus d’ampleur, elles ont même dépassé les dépenses d’alimentation, souligne M. Nantel. Les gens refusent de faire des compromis sur leur capacité à se déplacer quand et comment ils le veulent. Quand on voit l’augmentation du nombre de voitures par ménage, on est loin de l’utilisation rationnelle des transports. »

Même chose pour les télécommunications, ajoute-t-il. Il est maintenant normal pour un ménage d’avoir un téléphone fixe, deux téléphones mobiles, un branchement à l’internet et un service de câblodistribution ou de télé par satellite. Au début des années 2000, la facture mensuelle était d’environ 39 $, alors qu’elle dépasse souvent 150 $ aujourd’hui, une hausse de près de 300 % ! « Pas étonnant que le taux d’endettement continue d’augmenter », déplore M. Nantel.

ÉVITER DE PRENDRE SES DÉSIRS POUR DES BESOINS

Bien des ménages ne vivent pas selon leurs moyens, mais en fonction de leurs désirs, quitte à utiliser le crédit si nécessaire.

Pour redresser la situation et faire les choix qui s’imposent, comment doit-on s’y prendre ? La réflexion doit se faire en couple, et même en famille, en fonction de ses propres préférences, ses valeurs et ses besoins. « Est-ce que les tendances, la mode, les amis, la famille, les voisins ont un impact sur votre décision d’acheter ? Posez-vous la question », suggère Karine Robillard, conseillère budgétaire à Option consommateurs.

En analysant le budget, on pourrait réaliser qu’on paie pour des services inutiles, ou qu’on les utilise peu. « On n’a pas toujours besoin d’utiliser le réseau cellulaire pour avoir accès à l’internet, si on est souvent dans des zones où un réseau Wi-Fi est offert, suggère Daniel Latendresse, conseiller à l’ACEF de Lanaudière. Et pour la télé, on paie souvent pour des canaux qu’on ne regarde pas. Pourquoi ne pas utiliser les ondes hertziennes ? »

MAXIMUM DE PLAISIR, MINIMUM DE DÉPENSES

François Morency propose de pousser la réflexion un cran plus loin : en regardant vos dépenses, demandez-vous si elles vous apportent suffisamment de plaisir, étant donné ce qu’elles vous coûtent.

« En se donnant des contraintes, on peut même augmenter son plaisir, souligne-t-il. La rareté crée de la valeur. Plutôt que d’acheter plein de choses qui ne serviront pas, mieux vaut se limiter à ce qui nous apporte réellement du plaisir. Si on sort au resto seulement pour les grandes occasions, on en profitera plus que si on y va tous les jours. »

De la même façon, calculez les prix des produits de consommation en nombre d’heures de travail, suggère M. Morency. « Suis-je prêt à travailler trois heures pour avoir cette paire de chaussures ? »

Il existe bien des façons peu coûteuses – et même gratuites ! – de se faire plaisir. Il s’agit simplement d’y penser.

POUR EN SAVOIR PLUS 

Comparez le budget de votre ménage à la moyenne canadienne, selon votre quintile de revenu, grâce aux données de Statistique Canada.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.