ARTS VISUELS  Mouvement Art Public

Montréal complètement public

L’art visuel reprend de nouveau la rue, un peu partout à Montréal, grâce au Mouvement Art Public (MAP), qui assume ce mandat depuis six ans. Cinq expositions d’artistes de réputation internationale sont présentées en ville pour des durées variant de six mois à un an. 

Des images qui apaisent, des images qui amusent, des images qui étonnent et d’autres qui choqueront, sans doute. En marge de nos débats autour des valeurs et de l’identité, MAP présente une série de photographies percutantes de l’artiste cubain Erik Ravelo, Les intouchables

Les images montrent des enfants crucifiés dans le dos d’adultes qui les agressent. On pense, entre autres, à des prêtres, soldats et touristes sexuels. Les photos sont exposées à la maison de la culture Maisonneuve jusqu’au 15 décembre, ainsi que dans le viaduc de la rue Berri.

« MAP présente depuis ses débuts des artistes d’ici ou d’ailleurs qui nous intéressent, raconte Claude Marrié, vice-président et cofondateur du MAP. On s’est aperçu avec le temps qu’il s’agit surtout d’artistes ayant un discours social ou politique, des artistes engagés. On aime interpeler le public par l’image. Ça crée un échange. »

Mexique

Autre invitée cette année, la photographe mexicaine Dulce Pinzón s’intéresse à la nostalgie et aux stéréotypes. Elle présente des mises en scène de personnages des années 50 avec des animaux empaillés provenant d’un musée d’histoire naturelle de Puebla, au Mexique, qui a failli disparaître complètement.

Sa série Historia del paraiso est présentée au nouvel espace Yves-Poulin, du nom d’un prêtre engagé qui a longtemps travaillé dans le quartier, juste à côté du marché Maisonneuve.

Également cette année, une rareté pour le MAP, des toiles de la Canadienne Wanda Koop. L’artiste explore la place de la technologie dans ses œuvres, mais c’est aussi une dame très impliquée auprès des jeunes démunis à Winnipeg.

« En art public, nous exposons rarement des tableaux. La photographie parle davantage et plus rapidement au public que la peinture », explique M. Marrié.

Richard Desjardins

La place Émilie-Gamelin sera occupée cette année par les photos de tournage des films engagés de Richard Desjardins et Robert Monderie, Trou Story et Le peuple invisible. Les visiteurs peuvent y visionner des extraits de ces films à l’aide de leur téléphone intelligent. 

Enfin, des œuvres de l’artiste montréalais Jon Rafman sont exposées sur le boulevard Monk en collaboration avec le Mois de la photo. Tirées de Google Street View et d’images d’archives, ces images intriguent et déroutent. Rien de cliché dans ces clichés ! 

Soutien financier

Même si MAP persiste et signe de belle façon, la situation reste précaire pour l’organisme. Il ne reçoit pratiquement aucune aide des gouvernements québécois et canadien. Le Quartier des spectacles a également retiré son appui financier cette année. 

« Les gens pensent qu’on est une multinationale de l’art, dit Claude Marrié. Rien de plus faux. On souffre de la non-récurrence des aides gouvernementales. Tous les ans, on se demande si on va être encore là l’année d’après. »

Heureusement, demeurent au rendez-vous la Ville de Montréal, avec son Conseil des arts, les arrondissements, ainsi que le Cirque du Soleil et certains mécènes.

Après une expérience réussie au Mexique il y a quelques années, le MAP pourrait y retourner dans les prochains mois, si tout va bien. 

En attendant, Los Angeles accueille une exposition des photographes Andrew Bush et Michael Jang sur des bancs de parc, une collaboration entre le MAP et l’organisme local Do Art. 

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